La communauté mondiale célébrera, le vendredi 11 juillet prochain, l’édition 2014 de la Journée mondiale de la population (JMP). Elle résulte de l’intérêt suscité par la Journée des 5 milliards, célébrée le 11 juillet 1987, à la suite de laquelle les Nations Unies ont recommandé que cette date soit retenue pour discuter des dynamiques de populations. Depuis 1990, le Fonds des Nations pour la population (UNFPA) dans tous les pays du monde célébre la JMP en recourant à des moyens créatifs pour faire prendre conscience des problèmes de population et de développement. Pour l'édition 2014, la priorité est accordée à l’investissement au profit de la jeunesse au regard des inégalités qui la touchent.
Par Maryse ASSOGBADJO
Pour l’édition 2014 de la Journée mondiale de la population (JMP), la communauté internationale a choisi d’approfondir les réflexions en faveur de l’investissement au profit de la jeunesse. «Investir dans les jeunes», c’est le thème retenu cette année pour marquer l’évènement. Il s’inscrit en droite ligne de l’une des visions du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), vision qui consiste à œuvrer en faveur de l’épanouissement des adolescents et à faciliter l’inclusion d’un nouvel objectif concernant les jeunes dans le programme de développement pour l’après-2015.
Pourquoi ce thème?
Le choix de ce thème, répond à la dynamique selon laquelle, tout enfant a le droit de passer de l’adolescence à l’âge adulte en sécurité, avec succès et en bonne santé. Ce droit ne peut être concrétisé que si les familles et les sociétés font des investissements centrés et offrent des opportunités aux adolescents et aux jeunes de développer progressivement les connaissances, savoir-faire et la résistance individuelle nécessaires pour mener une vie saine, productive et pleinement satisfaisante. Etant donné que les jeunes occupent une place centrale dans le programme futur de développement. Il en est de même pour leur développement personnel, celui de leurs familles, communautés et pays. De ce fait, la préservation de leurs droits et l’investissement dans leur avenir, notamment à travers une éducation de qualité, un emploi décent, les aptitudes nécessaires pour s’assurer des moyens de subsistance effectifs, ainsi que l’accès à la santé sexuelle et procréative et à une éducation complète à la sexualité mettant l’accent sur l’égalité des sexes et l’autonomie de la personne, deviennent un enjeu capital pour les nations.Or, le constat révèle malheureusement que de plus en plus, les filles achèvent leurs études primaires, mais n’ont pas la chance d’accéder à l’enseignement secondaire et de bénéficier d’un suivi à terme, alors qu’elles constituent une source capitale de savoir-faire dans les économies en évolution.
Progrès trop lents
L’autre élément de justification du thème de l’édition 2014 de la JMP tient du fait que, les progrès ont été trop lents en ce qui concerne la prévention des grossesses des adolescentes, les avortements non médicalisés, les décès maternels, les IST et le VIH. De même, d’importantes lacunes subsistent touchant l’accessibilité, la qualité et l’accès à une éducation complète à la sexualité et aux services connexes pour les jeunes. Alors que les filles abordent l’adolescence et le début de l’âge adulte, leurs besoins de services de santé sexuelle et procréative augmentent énormément. Le difficile accès à ces services pourrait impacter négativement leur santé et leurs perspectives d’avenir, font observer les experts des questions de population et développement. Il se fait malheureusement aussi que les jeunes continuent toujours d'être exclus des processus de prise de décisions qui affectent directement leur vie. Alors qu’ils nourrissent de fortes ambitions d'être maîtres de leur vie. Au regard de ces données, la meilleure opportunité à donner aux jeunes est d'investir aujourd’hui pour leur garantir une éducation et des possibilités d’emploi; l’accès aux services de santé, notamment en matière de santé de la reproduction. D’où le thème de cette édition: «Investir dans les jeunes». Certains pays ont déjà fait des efforts dans ce sens. 76 % des pays africains annoncent qu’ils mettent en place des procédures et mécanismes concrets pour faire participer les adolescents et les jeunes à la prise des décisions qui les touchent directement. Il y a, en effet, dans le monde 1,8 milliard de personnes âgées de 10 à 24 ans, qui représentent un quart de la population mondiale. On y compte les adolescents de 10 à 19 ans et les jeunes de 15 à 24 ans.
Conscientiser davantage
L’édition 2014 de la Journée mondiale de la population (JMP), loin d’être une journée de plus, vise plutôt à amplifier la prise de conscience des besoins des jeunes, concernant notamment l’information et les services relatifs à la santé sexuelle et procréative. Il s’agira également de susciter l’attention sur les problèmes en invitant diverses personnalités du monde politique et des décideurs à ouvrir un dialogue interactif et intergénérationnel avec des organisations dirigées par des jeunes, tout en étant à l’écoute de ces derniers. Mais aussi de vulgariser les programmes couronnés de succès qui aident les filles à retarder l’âge du mariage, de la première grossesse et à éviter le VIH, de mettre en relief les bénéfices pour le développement en investissant dans l’éducation des filles et dans l’éducation à la sexualité.La JMP 2014 offre également l’occasion d’analyser les mesures positives prises en vue de répondre aux besoins des jeunes et de concrétiser leurs droits dans les pays, et dégager les enseignements tirés et l’action nécessaire.
Actionner cinq leviers
Pour le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), il sera question d’actionner cinq principaux leviers si l’on veut promouvoir la jeunesse. L’institution se propose donc d’agir, de favoriser prioritairement les activités de plaidoyers fondés sur les faits aux fins de mettre au point et d’appliquer des politiques et programmes, d’investir et de promouvoir une éducation complète à la sexualité. L’autre axe sur lequel l'UNFPA voudrait agir porte sur le renforcement des capacités de délivrance des services de santé sexuelle et procréative (y compris la prévention et le traitement du VIH et les soins aux séropositifs), la prise des initiatives hardies pour atteindre les adolescents et les jeunes marginalisés et défavorisés, en particulier les filles, de même que la promotion du leadership et de la participation des jeunes.
L’éducation secondaire, un souci
Les inégalités qui touchent les jeunes s’observent notamment sur les plans éducatif, sanitaire et social. Si les plus grands progrès dans l’achèvement des études primaires ont été réalisés chez les filles au cours des dix dernières années, l’éducation secondaire continue d’être un souci pour les adolescentes dans de nombreuses régions, surtout en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et en Asie occidentale. L’exclusion élevée des filles de l’éducation est non seulement pire au niveau secondaire qu’au niveau primaire, mais elle augmente du début à la fin du niveau secondaire. Pour beaucoup d’adolescents, et en particulier d’adolescentes, l’école peut être dangereuse en raison du harcèlement sexuel. Il arrive aussi que les filles soient retirées de l’école pour être mariées. Après le mariage, leur accès à l’enseignement scolaire et même non scolaire est limité en raison des soins du ménage, des grossesses et des normes sociales selon lesquelles le mariage et la scolarisation sont incompatibles. 10% de filles signalent avoir été victimes de rapport sexuel avant l'âge de 15 ans. Mais les inégalités qui touchent les filles sont plus profondes. Au niveau mondial, plus de 15 millions de filles âgées de 15 à 19 ans donnent naissance chaque année. Neuf grossesses d’adolescentes sur 10 résultent d'un mariage précoce. Si les taux de natalité sont plus élevés dans le rang des adolescentes des pays pauvres, il en est de même dans le rang des filles éduquées provenant de ces pays, ce qui affecte la santé de la mère et de l’enfant. Par ailleurs, la grossesse et l’accouchement constituent la cause majeure de décès chez les adolescentes de 15 à 19 ans dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans ces mêmes pays, 14 % de tous les avortements non médicalisés concernent les filles de la même tranche d’âge. Environ 2,5 millions d’adolescentes subissent chaque année des avortements non médicalisés. Chez environ 65 % des femmes affectées par la fistule obstétricale, celle-ci est apparue durant l’adolescence, avec des conséquences tragiques pour leur condition tant physique que sociale. Les données en ce qui concerne les infections sexuellement transmissibles ne sont pas très reluisantes. Plus de deux millions d’adolescentes âgées de 10 à 19 ans sont atteintes du VIH. Un septième environ de toutes les infections par le VIH surviennent durant l’adolescence. Dans la région de l’Afrique orientale et australe, 50 jeunes sont infectés par le VIH à chaque heure.