Face au blocage du processus de reversement dans la Fonction publique du personnel occasionnel des juridictions béninoises, le Syndicat national des travailleurs de la Justice (Syntra-Justice) a décidé d'observer un mouvement de grève de 48 heures à compter du mardi prochain. Prenant la mesure de l'enjeu, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Reckya Madougou aurait rencontré les responsables du syndicat mais sans parvenir à désamorcer la grève. C'est dire qu'avec ce débrayage, le nouveau garde de sceaux fera face à sa première " patate chaude ".
Trois(03) mois que Reckya Madougou est nommée Garde des Sceaux, ministre de la Justice, de la législation et des droits de l'homme en remplacement de Me Marie-Elise Gbèdo. Compte tenu de la tension et des relations conflictuelles qui prévalaient entre son prédécesseur et les différents syndicats de l'organisation judiciaire, Reckya Madougou a, à sa prise de fonction, adopté une attitude qui a redonné confiance aux Syndicats. On se rappelle qu'au lendemain du réaménagement technique qui l'a amené au ministère de la Justice, l'opinion publique n'était pas convaincue de la capacité de Reckya Madougou à tenir ce poste. Mais, avec la politique de pacification qu'elle a mise en route à travers ses différentes rencontres avec les magistrats, les notaires, les avocats, les greffiers et le personnel administratif, le Garde des Sceaux a fini par convaincre ces derniers de l'avènement d'une ère nouvelle. A travers ces rencontres, les magistrats et autres auxiliaires de la justice ont loué l'esprit d'ouverture et la disponibilité de leur ministre de tutelle à trouver des solutions à leurs doléances. Ce qui ne semble pas être le cas du Syntra-Justice qui a décidé de souhaiter la bienvenue au Garde des Sceaux, ministre de la Justice avec une menace de grève de 48 heures sans service minimum et par tacite reconduction dès le mardi 14 mai 2013.
La pomme de discorde
Selon le Secrétaire général du Syntra-Justice, Kuassi Cakpo-Bessé, le reversement dans la Fonction publique du personnel occasionnel des juridictions béninoises est la cause de ce débrayage. A l'en croire, les ministres de la Justice, de la Fonction publique et de l'Economie et des finances seraient à la base du blocage du processus de reversement en dépit des démarches effectuées et des sacrifices consentis par ces agents. De guerre lasse, Kuassi Cakpo-Bessé et ses camarades décident de déclencher une grève d'avertissement de 48 heures par tacite reconduction et sans service minimum dans toutes les juridictions (Cours et Tribunaux) sur toute l'étendue du territoire national et au ministère de la Justice, de la Législation et des Droits de l'Homme du mardi 14 mai à zéro heure au mercredi 15 mai 2013 pour exiger le reversement de tous les agents occasionnels des juridictions en Agents contractuels de l'Etat(Ace) constatés par les actes administratifs conséquents. Si une suite favorable n'est donnée à leur revendication, le gouvernement sera tenu responsable des déconvenues. Prenant alors ses responsabilités, le ministre de la Justice Reckya Madougou a rencontré lundi dernier le Syntra-Justice au sujet de cette situation qui risque d'être préjudiciable aux citoyens. Mais, de sources crédibles, les deux parties n'ont malheureusement pas pu s'entendre et la menace plane toujours sur l'organisation judiciaire. C'est dire que si rien n'est fait, à partir du mardi prochain, Reckya Madougou sera face à sa première grève ; elle qui est restée pendant plus de quatre(04) ans au ministère en charge de la Micro finance où les agents quels que soient leurs catégories n'ont guère l'habitude de lui troubler le sommeil avec leurs revendications corporatistes.
Les reversements en question
Après une lettre de dénonciation adressée au Chef de l'Etat et au ministre du Travail et de la fonction publique pour reversements irréguliers, le gouvernement a décidé de clarifier le processus de reversement des agents occasionnels en agents contractuels de l'Etat pour la période 2008-2012. C'est alors que l'Inspecteur général d'Etat(Ige) et l'Inspecteur général des services et emplois publics(Igsep) ont été instruits aux fins de contrôler cette opération. Au terme de leurs travaux, 1630 agents dont des agents du ministère de la Justice ont été déclarés reversés irrégulièrement. Le conseil des ministres a alors demandé de poursuivre les investigations afin de dénicher les " faux agents ". C'est dans ce contexte que le Syntra-Justice remet à l'ordre du jour ses doléances liées au reversement des agents occasionnels. Face à cette situation, ce n'est pas évident qu'il ait gain de cause immédiatement. C'est donc à son corps défendant que Reckya Madougou fera son baptême de feu.