Les magistrats sont descendus dans la rue hier à Porto-Novo. Ils ont marché sur l’Assemblée nationale pour protester contre la proposition de loi visant à leur ôter le droit de grève et introduite en procédure d’urgence. A l’occasion, ils ont bénéficié du soutien des acteurs des autres professions du secteur de la Justice, des Centrales et Confédérations syndicales ainsi que des acteurs de la Société civile. Déçus de l’accueil à eux réservé hier, les manifestants menacent de revenir à la charge le jeudi 17 juillet prochain.
Les magistrats ne décolèrent pas par rapport à la proposition de loi modifiant la loi portant statut de la magistrature au Bénin. Une proposition qui comporte entre autres comme innovations, l’interdiction du droit de grève aux magistrats. La réaction de ces derniers ne s’est pas faite attendre. Depuis quelques jours les magistrats à travers l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) n’ont de cesse de protester contre cette proposition de loi qui constitue, selon eux, un recul pour la démocratie béninoise. Ils sont passés hier à la vitesse supérieure dans leur protestation, en organisant une marche gigantesque à Porto-Novo et qui a échoué à l’Assemblée nationale. Ils ont reçu le soutien de plusieurs acteurs du secteur judiciaire notamment les avocats, les huissiers et les greffiers, des Confédérations et Centrales syndicales telles que la CSTB de Paul Essè Iko, la CGTB de Pascal Todjinou, la CSA Bénin de Dieudonné Lokossou, la COSI de Noël Chadaré, l’UNSTB de Emmanuel Zounon, la CSPIB de Christophe Dovonon et la FESYNTRA-Finances de Laurent Mètognon puis de plusieurs Organisations de la Société civile dont ALCRER de Martin Assogba, l’ODHP de Me Aboubacar Baparapé et le DHPD de Me Joseph Djogbénou. Les premiers responsables de ces entités ont répondu tous présents aux cotés de l’UNAMAB. La marche a suivi l’itinéraire Bibliothèque nationale à Ouando-Carrefour Y-Dangbéklounon-Place Catchi-Ecole urbaine centre-Tribunal de première instance de Porto-Novo- Assemblée nationale. Ils ont marché sur une dizaine de kilomètres. Les acteurs judiciaires se sont vêtus de leur robe, leur tenue de travail, à leur arrivée au niveau du Tribunal de première instance de Porto-Novo. C’est dans cette tenue qu’ils ont marché du Tribunal de première instance de Porto-Novo situé à quelques dix pas de l’Assemblée nationale.
Slogans hostiles
Au cours de la marche, les manifestants scandaient des slogans hostiles au gouvernement et aux 41 sur les 45 députés signataires de cette proposition de loi après le retrait de signature de quatre d’entre eux. Sur les pancartes que certains avaient en main, on pouvait lire comme message «Populations, 41députés ne méritent plus vos suffrages en 2015» et «ôter le droit de grève aux magistrats, c’est assassiner la démocratie». Au fur et à mesure que les manifestants évoluent dans la marche, la foule grossissait. C’était une véritable marée humaine qui a chuté hier à l’Assemblée nationale dont l’entrée était déjà quadrillée par un fort détachement de la police et de la gendarmerie. A leur arrivée au Parlement, les manifestants ont été reçus par le directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale, Comlan Dadégnon venu représenter Mathurin Nago en voyage hors du territoire national. Mais il sera récusé par les marcheurs qui ont exigé la présence d’un membre du bureau de l’Assemblée nationale pour lire leur motion de protestation. Mais au finish, ils ne seront reçus par aucun membre du bureau. Le 2e vice-président de l’Assemblée nationale, Boniface Yéhouétomè qui assurait l’intérim du président Mathurin Nago était présent au palais des Gouverneurs. Mais il n’est pas sorti pour aller recevoir la motion des manifestants. Après plusieurs heures d’attente ponctuées d’animations hostiles aux députés signataires de leur proposition de loi, les marcheurs ont décidé de rebrousser chemin. Le secrétaire général de l’UNAMAB, Michel Adjaka, les secrétaires généraux des Confédérations et Centrales syndicales, les représentants des avocats, des huissiers, des greffiers et les responsables des organisations de la Société civile présentes n’ont pas manqué de dénoncer à tour de rôle ce mépris à leur égard dont à fait preuve l’Assemblée nationale. Face à ce mauvais accueil, Michel Adjaka et les siens comptent ne pas baisser la garde pour protester contre le vote de cette loi. C’est pourquoi ils menacent de revenir à la charge le jeudi 17 juillet prochain toujours pour se faire entendre par le bureau de l’Assemblée nationale.