’émission « Zone Franche » de Canal3 a reçu comme invité, hier 12 mai 2013, Ajavon Sébastien, Président du patronat. Pour l’homme d’affaires, le gouvernement a tort de compter sur ses potentialités pour atteindre une croissance économique à deux chiffres. Il s’en expliqué.
Les préalables pour que le Bénin connaisse une croissance fulgurante et à deux chiffres, le président du Patronat du Bénin les a évoqués lors de l’émission « Zone Franche » sur Canal 3 hier. Pour Sébastien Ajavon, ces préalables passent par la sanction, le dialogue permanent gouvernement-secteur privé et une volonté politique affichée. Selon lui, le secteur privé dispose des atouts et des ressources pour accompagner le gouvernement à atteindre ses objectifs. M. Ajavon a notamment indiqué toutes les propositions qui ont été faites par le Comité paritaire mis sur pied au terme de la table ronde ; et il revient au gouvernement de décider des choix stratégiques pour booster en un temps record l’économie. « A la douane, il y a des choses à corriger, surtout concernant les tracasseries. Pour y faire face, nous avons fait une proposition simple. On a dit qu’on paie 20% supplémentaires des recettes, soit 12 milliards en paiement libératoire et on s’entend avec la douane pour enterrer définitivement les questions de tracasseries douanières. Si cette formule était acceptée, avant la fin de l’année 2012, on devrait en principe voir avancer les choses du point de vue des recettes, parce que les risques de corruption qu’on constate et qui freinent l’économie seront réduits. On leur a même proposé de créer une centrale d’achat afin que chacun soit sûr de ce qu’il achète. Le gouvernement a dit oui mais n’a pas bougé », a fait savoir l’invité de l’émission. Ce dernier a toutefois regretté le déséquilibre créé contre les opérateurs économiques à jour vis-à vis des impôts et qui fait la part belle aux opérateurs économiques ne respectant aucune règle en la matière. « Dans tout secteur, il y a des leaders. Il faut composer avec ces leaders. Mais vous avez de petites entreprises qui ne paient pas les fournisseurs, ne paient pas le dépôt douanes. Il y en a même qui ne sont pas connues et qui sont protégées par des inspecteurs des impôts. Vous avez des politiciens qui font du commerce et qui ne sont pas inquiétés. On est même allé arrêter, il y a de cela deux ans, des conteneurs sans dédouanement. Il faut arrêter ces pratiques si on veut une croissance soutenue.» a-t-il déclaré. Au sujet du grand marché que constitue le Nigéria et faiblement exploité par le Bénin, le président du Patronat a été on ne peut plus clair. « Le Nigeria a le droit de protéger ses intérêts, mais cela ne veut pas dire que le marché nigérian est fermé. Il faut savoir pénétrer le marché et voir comment faire en sorte que chacune des parties puisse gagner. Ce sont des arrangements qu’on fait. Ça ce n’est pas l’affaire des politiques, c’est l’affaire du privé. Ce n’est que par les investisseurs qu’on peut contrôler la sphère décisionnelle d’un Etat. Et cela, nous savons le faire. Qu’on nous laisse faire le boulot. L’Etat sera là pour créer l’environnement favorable. On leur a dit « mettez-nous à l’œuvre et on verra d’ici 1 an. Ce ne sont pas des mots, c’est du palpable. Vous aurez les résultats », regrette-t-il. Il a également donné son avis sur la crise énergétique et trouve que c’est parce que le secteur privé a été écarté alors qu’il a aussi des solutions. M. Ajavon a qualifié de bêtise les fortes sommes englouties dans la construction des turbines à gaz de Maria-gléta. « C’est depuis 2007 que le Chef de l’Etat nous a fait appel pour la question de l’énergie. On lui a dit qu’on va construire des turbines, mais qu’on doit contrôler la distribution. On leur a dit qu’ils auront à débourser 20% et nous réalisons les turbines sur fonds propres et en Bot. La banque se chargera de produire la lettre de confort. On en était là quand le gouvernement a décidé de construire lui-même.», a-t-il dit. Il ne s’est pas privé d’évoquer le commerce du kpayo. « Je suis contre la vente de l’essence frelatée. Mais je trouve qu’on peut arriver à en faire un facteur de croissance. Il y a un travail préalable à faire. Et ceci, c’est une fois encore l’affaire du privé. J’ai été approché il n’y a pas longtemps par le Chef de l’Etat et on travaille sur la question. C’est une formule très simple ». Pour le président du Patronat, il est temps que l’Exécutif fasse confiance au secteur privé béninois qui est aussi capable de faire des investissements à grande échelle, mais faudrait-il qu’il soit impliqué dans la manière dont ces investissements son gérés. « On n’a pas forcément besoin des autres pour investir. On s’est constitué et on a dit qu’on est capable de débourser 100 milliards F CFA pour soutenir l’investissement interne, mais à condition qu’on en contrôle la gestion. On n’a pas été écouté. Ce n’est pas l’argent qui manque. Les banques sont en liquidité, certaines en surliquidité. Mais les gens souffrent. Il faut laisser le privé impulser la croissance. Les politiciens ne peuvent pas le faire. Ce n’est pas leur boulot », a martelé Sébastien Ajavon. Un message adressé au gouvernement du Dr Boni Yayi.