Hier jeudi 10 juillet, septième journée d’audience dans le cadre du procès de l’assassinat du juge Séverin Coovi, le délégué de l’Agent judiciaire du trésor (AJT) cité à comparaître au nom de l’Etat était à la barre. Il fait observer que l’Etat ne saurait comparaître puisqu’il n’est cité ni comme témoin ni comme accusé, encore moins comme partie civile dans ce dossier. Toutefois, les autorités en charge de la Justice et de la Sécurité publique pourront bientôt déposer, suite à la requête de la partie civile.
Dans son arrêt avant dire droit n°005/14 du mardi 8 juillet 2014, la Cour d’assises séant à Parakou a cité l’Etat béninois à comparaître le jeudi 10 juillet 2014 à 8 heures et les jours suivants dans le cadre du procès de l’assassinat du juge Séverin Coovi. L’audience a plutôt démarré hier vers 16 heures. L’Agent judiciaire du Trésor, à travers une correspondance adressée à la Cour et lue par son délégué B. Sabi Yo, fait observer que «L’Etat ne saurait occuper une quelconque place dans le procès en cours». Et pour cause! Au regard des principes régissant la procédure pénale, seules les parties : les accusés, la partie civile ou civilement responsable et les témoins à charge ou à décharge sont appelés à comparaître suivant des procédures bien déterminées, indique l’AJT. «Manifestement, poursuit-il, l’Etat n’a aucune de ces qualités dans ce dossier et a fortiori, ni l’arrêt notifié à l’Etat, ni la citation à comparaître, n’indique en quelle qualité celui-ci est appelé à comparaître».La réaction de la partie civile a été immédiate. Si l’ancien ministre de la Justice, Dorothée Sossa, a pu être cité comme témoin dans ce dossier et attendu, ceux qui avaient en charge la Sécurité devraient aussi être écoutés, laisse entendre l’avocat Me Alfred Pognon. Et à l’autre avocat de la partie civile, Me Hugues Pognon, de repréciser l’objectif visé par la requête, qui est de savoir les dispositions éventuelles prises après que le magistrat ait saisi sa hiérarchie pour faire part des menaces répétées dont il faisait objet, lesquelles menaces ont été malheureusement suivies de la mort effective du juge.Après une brève suspension, le président de céans annonce que la requête de la partie civile a été réexaminée et acceptée et que le ministère public prendra les dispositions nécessaires en ce sens. Les autorités des ministères en charge de la Justice et de l’Intérieur et de la Sécurité publique devraient donc comparaître dans les prochains jours.Par ailleurs, les débats pour la manifestation de la vérité sur l’assassinat du magistrat Coovi se sont poursuivis, notamment avec le retour à la barre des trois accusés dans le box : Clément Adétona, Raïmi Moussé et Ramane Amadou et le témoin Sahada Issifou. Le principal accusé Clément Adétona persiste que ses co-accusés qu’il a cités, sont mêlés au meurtre du juge ; ces derniers quant à eux, récusent et maintiennent qu’ils n’ont rien à voir avec ce crime et qu’ils ne se connaissaient même pas avant de se retrouver en prison. Quant à dame Sahada Issifou, la responsable du restaurant «La belle créole» qui aurait entendu certains propos de l’ancien maire Rachidi Gbadamassi au téléphone, elle n’a pas varié dans ses déclarations.L’audience reprend ce vendredi à 10 heures.