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Habitude vestimentaire au Bénin : Le ‘‘Gobi’’ symbole de la classe sociale, en pleine altération
Publié le samedi 12 juillet 2014   |  24 heures au Bénin




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Les chapeaux font partie des habitudes vestimentaires au Bénin. Mais le Gobi, selon qu’il est porté, orienté vers l’avant, le derrière, à gauche ou à droite, a un certain nombre de fonctions. Malgré l’ignorance de cette appréhension, cette pratique ne cesse de prendre d’ampleur.


Les tenues traditionnelles communément appelées ‘’Boba’’ ou ‘’Djarabou’’, très prisées lors des cérémonies de mariage, d’anniversaire, de dot ou de remise de diplôme, vont avec le port du chapeau local ‘’Gobi’’. Un chapeau cylindrique, souple, qui permet à son porteur de le manier à volonté. Le ‘’Gobi’’ est une affaire d’homme. Vêtu de son ‘’Boba’’ ou ‘’Djarabou’’, monsieur peut mettre son ‘’Gobi’’ de façon dressée, ou couchée, orientée vers la gauche, la droite, le front ou la nuque. Le ‘’Gobi’’ procure à son porteur un certain prestige, tel qu’il revêt, dans certaines aires culturelles, diverses significations selon la position qu’il occupe sur la tête. Selon les explications de l’historien Léon Bio Bigou, il y a plusieurs types de ‘’Gobi’’. Il y en a qui renseignent sur le statut de l’individu et d’autres son le niveau social. Chez le Batonou, le ‘’Gobi’’ tournée vers la droite, veut signifier que la personne est orpheline de père. Du côté gauche, ça veut dire orphelin de mère. Et, lorsque l’intéressé atteint un niveau donné, c’est-à-dire une certaine maturité sociale, et que ses parents sont vivants, en principe, son ‘‘Gobi’’ devrait être orienté vers le haut. En évoluant, il l’oriente vers le front, pour exprimer qu’il est prêt à affronter les gens. « Vous gravez des échelons et en montant, vous allez rencontrer des gens qui montent comme vous. Donc vous vous dites, je suis prêt pour les affronter », a expliqué le professeur Bio Bigou. Mais lorsque vous devenez chef, vous orientez votre ‘’Gobi’’ vers l’arrière pour signifier que vous avez fini et il y a des gens encore derrière. « Lors des grandes fêtes, cérémonies traditionnelles, ça se reconnait. Et lorsque vous donnez une position que vous ne méritez pas, on vous ramène à l’ordre en vous disant de changer la position », précise le professeur.



Le ‘’Gobi’’ à la Capitale


Les fonctions du ‘’Gobi’’ varient d’une localité à une autre. A Porto-Novo, les significations diffèrent et sont plus basées sur le statut. Dans cette région, le ‘’Gobi’’ balancé du côté droit, dénote de la richesse alors que le côté gauche fait allusion à la classe moyenne. Le devant et la position dressée expriment respectivement la neutralité (être bourgeois ou de la classe moyenne sans vouloir le montrer) et l’extravagance. Pour le sociologue Dodji Amouzouvi, le port du ‘‘Gobi’’ a deux fonctions. Premièrement, il vous identifie et dit qui vous êtes. Deuxièmement, il renseigne sur votre position sociale, c’est-à-dire si vous êtes un magnat de la société ou non, ou si vous êtes un farouche.



Quand la mode dénature !


« Seulement, tous ceux qui portent le ‘’Gobi’’ aujourd’hui n’ont pas la maitrise des significations », déplore le sociologue Amouzouvi. Mais, même si les amateurs du Gobi ne cherchent plus à en savoir plus avant de le porter, ces significations n’ont jamais changé. Le port du ‘‘Gobi’’ est un critère de différenciation. Parfois, c’est la couleur ou même le tissu qui permettent de faire la distinction. De nos jours, le Gobi est porté par n’importe qui, n’importe comment, sans aucune connaissance sur les significations. Mondialisation oblige. La jeune génération ne comprend qu’un seul langage : ‘’je suis à la mode’’. Donc, la ‘’mondialisation’’ dénature le ‘’Gobi’’. « Moi je n’ai aucune idée du sens. Je vois les gens porter, ça m’a plu et moi-même je l’ai fait », a déclaré Armand Faton. Dafia Kawa fait partie des rares personnes qui ont conscience du sens des positions que l’on donne à son ‘’Gobi’’. Il a préféré rester neutre dans le positionnement de son ‘’Gobi’’, c’est-à-dire tourné vers le devant qui veut dire ‘’je préfère ne pas répandre mon rang social’’. « Je suis Batonnou. Du point de vue traditionnel, on est beaucoup attaché à nos habitudes vestimentaires », a-t-il indiqué.


Félicienne HOUESSOU (Coll)

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