Hermine Rollande, ainsi se prénomme-t-elle. La jeune artiste peintre issue de la famille Houéhanou, a fait ses débuts professionnels en art plastique en 2005 et depuis, elle ne cesse d’impressionner les nombreux professionnels du domaine des arts visuels qu’elle fréquente. L’agilité avec laquelle elle sait dompter son pinceau et sa technique particulière forcent l’admiration. Malgré les difficultés reconnues à l’art plastique, Romi, au fil du temps, a su affiner sa technique de peinture et s’affirme indubitablement aujourd’hui, comme l’un des meilleurs talents de la génération montante d’artistes plasticiens.
C’est une femme corpulente et rayonnante, modeste et peu bavarde que vous découvrez en approchant Romi. Ce nom par lequel elle signe ses œuvres est basé sur ses deux prénoms. La passion pour l’art de Romi remonte à sa petite enfance et est, en fait, un penchant pour les belles images, entretenu et développé au fil des années. « Je ne suis pas allée à l’art. C’est l’art qui est venue à moi. Déjà toute petite, j’étais une férue des dessins et des couleurs. Et c’est comme cela que petit à petit, je me suis retrouvée dans l’art plastique ». Le pas vers le domaine professionnel, Romi le pose dès la fin de ses études secondaires en 2005, passant ainsi des dessins et des coloriages aux esquisses et à la peinture. Et depuis, ses activités se résument essentiellement, aux réalisations d’œuvres d’art. « Dès que l’inspiration me vient, je la projette sur un support ; cela peut être une esquisse ou une peinture ». L’inspiration peut provenir des scènes ordinaires dont l’artiste a été témoin, d’une expérience ou d’une analyse personnelle. Elle accouche alors des œuvres magnifiques qui sont une contribution à l’émergence de meilleurs comportements sociaux. « Les toiles sont pour moi, un moyen pour faire passer un message, mais aussi, un moyen de défense. A travers elles, je pense changer les hommes en général. Dans mes œuvres, je parle par exemple de la maltraitance des enfants, des violences faites aux femmes, des marginalisés de la société ». Les œuvres de Romi ne parlent pas que de maux, elles transmettent également la joie. Elles savent ressortir un moment de bonheur d’un individu, une complicité entre un homme et une femme etc.
Destinée à l’art…
En fin du 2nd cycle, la jeune fille, connaisseuse des rudiments de la peinture, s’était permis de participer à une exposition collective sur la plage. Aussi, elle avait pris goût, à chaque fois qu’elle se rendait à la plage, de mouler avec du sable, un portrait de femme. Coup de chance ou coup du destin, cette habitude va pousser un ami à elle, à la présenter à un professionnel de l’art plastique. « J’avais l’habitude de faire ‘‘Femme de sable’’ chaque fois que j’allais à la plage. C’est comme cela qu’un jour, un ami qui connaissait Simon Soha, alias Siso, m’a présentée à lui. Et à la fin des conversations, Siso m’a proposé de travailler avec lui ». C’était en 2005. Après les crayons et gommes, Romi manipule de la gouache, de la peinture à eau, de la peinture à huile, de l’acrylique, de l’ocre et tout l’arsenal de l’artiste plasticien. « Je connaissais les b.a-ba de la peinture avant d’aller à l’atelier de Siso. Mais travailler avec Siso a été ma plus ‘‘grande école’’. Il faut noter que la seule école formelle d’art, ‘‘ Les beaux arts’’ de Paris, n’est pas accessible à tous. C’est donc la rue qui forme, la plupart du temps, les artistes plasticiens ». Pendant 3 ans à l’atelier de Siso, Romi développe sa pratique de la peinture sur toile et travaille cette technique qu’elle finit par adopter : la peinture aborigène. La peinture aborigène est une technique d’origine australienne pratiquée jadis, par les peuples autochtones seulement. En 2008, Romi, pleine de potentiel, participe au concours Conasco et remporte le trophée Conasco de la peinture. En 2009, elle participe à la 4ème Rencontre annuelle des jeunes créateurs plastiques ‘‘Prom’Art Jeunes’’ et remporte le 2ème trophée de la peinture. La même année, elle participe au séminaire : ‘‘ Ici porte ouverte Waba sur les artistes’’. En 2011, elle suit une formation en art graphique puis en 2012, elle participe à la 7ème rencontre annuelle des jeunes créateurs plastiques ‘‘ Prom’Art Jeunes’’. « Ces formations et expositions m’ont été d’un grand bénéfice. Elles m’ont permis de rencontrer d’autres artistes et de collaborer avec les aînés du domaine ».
Femme et artiste plasticienne…
Entrée dans un monde peu fréquenté par les femmes et dans lequel, les conditions de travail sont périlleuses, Romi va se heurter à de nombreuses difficultés matérielles et financières qui vont temporairement annihiler son ardeur et semer en elle, le découragement. « Quand vous vous présentez en tant qu’artiste, on vous demande : combien d’albums avez-vous sortis ? ». Heureusement, sa génitrice était en permanence à ses côtés pour la soutenir. Excepté ce supplice moral dû à la méconnaissance de l’artiste plasticien, Romi affirme ne pas connaître de grandes difficultés dans sa profession en tant que femme. Et c’est encore mieux dans sa vie de couple. « Je n’ai pas souvent eu l’impression qu’on me faisait barrière parce que je suis une femme. Au contraire, dans un effectif de 10 plasticiens parmi lesquels je suis la seule femme, j’ai toujours eu ma chance ». Dans un milieu où le succès est peu évident, il faudra, pour acquérir une notoriété comparable à celle de Edwige Akplogan, saisir sa chance au jour le jour. Mais le talent et l’optimisme de la jeune artiste sont ses meilleurs alliés et atouts. Reste à lui souhaiter Courage et persévérance. Bon vent à toi, Romi.