Les députés ont entrepris une tournée parlementaire d’explication et de sensibilisation aux populations. Cette tournée entamée en début de cette semaine se poursuit. Bien que la démarche des parlementaires soit fort appréciable parce qu’elle permettra aux députés de rendre compte à leurs mandants, elle reste tout de même ternie par les mirobolants frais de missions, per diems et carburants que ces derniers se sont taillés. Mieux, les populations ne sont pas intéressées par l’objet de la visite des parlementaires, mais plutôt par les questions brulantes de l’actualité dont l’organisation des élections, la suppression du droit de grève aux magistrats... Ainsi, donc à toutes les étapes de la tournée, les députés ont été amenés à s’expliquer sur ces différents sujets qui engagent la responsabilité de l’Assemblée nationale.
En effet, les députés sont allés à la rencontre des populations pour leur parler des lois votées par la représentation nationale et le taux d’avancement des travaux au niveau du comité de supervision de la correction du fichier électoral. Mais sur le terrain, les réalités auront été toutes autres. Les députés ont certainement compris qu’ils ne sont pas en phase avec leurs électeurs. Partis pour parler de la loi cadre sur les pêches, le code de la douane, la désignation des membres de la commission électorale nationale autonome et le contrôle de l’action gouvernementale à travers les séries de questions posées à l’exécutif, les élus devront aller bien au-delà pour répondre aux réelles attentes des populations. Les députés en mission dans les départements de l’Ouéme et du Plateau par exemple, ont été confrontés à la détermination des citoyens visités de mieux comprendre ce qu’il en est de la fin du mandat illimité des maires. La question a été très préoccupante dans les localités en question du fait des situations de male gouvernance qu’on observe dans certaines communes. L’équipe conduite par le président de l’Assemblée nationale était appelée à se prononcer sur la crise qui oppose les députés aux magistrats. A cet effet, le Professeur Mathurin Nago, a expliqué : « …Au niveau de l'Assemblée Nationale, les députés ont le droit de faire des propositions de loi, il revient au peuple d'apprécier. Moi même j'ai mon avis mais il y a une procédure à suivre. (…) c'est dans un processus d'échanges, de dialogue… Le député a le droit de faire des propositions de loi. Cela fait partir de ses prérogatives. On s'attaque tous azimuts à tout le monde. Si j'ai un conseil à donner ce n'est pas la bonne méthode…. ». C’est dire donc que qu’en dehors des sujets programmés pour être soumis aux populations, les députés ont dû aborder plusieurs autres préoccupations à la base.
Charges financières
Les tournées parlementaires sont toujours couteuses pour le contribuable béninois. La tournée parlementaire organisée en octobre 2010 pour assister les sinistrés de l’inondation peut être cité en exemple. De sources proches du Parlement, pour cette tournée de quatre jours, chaque député aurait perçu une somme de 250.000 fcfa comme frais de carburant. L’évaluation financière en carburation des 82 députés qui devront effectuer cette tournée est estimée à 20.500.000 fcfa. Quant aux frais de mission, ils varient selon les qualifications. Chaque membre de la Conférence des présidents aurait pris 60.000 f. Pour ladite tournée, dix-neuf députés membres de la conférence des présidents ont perçu au total pour quatre nuitées, un total de 4.560.000 F tandis que chacun des autres députés a perçu une somme de 50.000 f, soit 63 députés pour 12.600.000 au bout de quatre nuitées. L’évaluation financière des frais de mission pour l’ensemble des 82 députés sans le président de l’Assemblée nationale s’élève à 17.160.000 fcfa. Par ailleurs, les Gardes du corps perçoivent chacun une somme de 25.000 f par nuitée. . Chaque chauffeur de député aurait perçu une somme de 20.000 f cfa pour un total de 6.640.000 fcfa en quatre nuitées. Même si les chiffres de la tournée actuelle ne sont pas encore disponibles, il n’est pas exagéré de penser qu’ils doivent connaitre une augmentation vu que de 2010 à 2014, la cherté de la vie s’est accentuée.
Au total, on retiendra que les populations boudent la tournée parlementaire organisée pourtant à coût de millions.
.jpg)