Les langues se délient et la vérité commence à sortir de l’entourage du Chef de l’Etat qui souhaite que Boni Yayi fasse un autre mandat au-delà de 2016. La ministre chargée de l’agriculture, Mme Fatouma Amadou Djibril a confirmé la chose hier, dimanche 20 juillet 2014, sur le plateau de l’émission «Zone Franche» de la télévision Canal 3 Bénin.
Fatouma Amadou Djibril a finalement vendu la mèche. L’entourage du Chef de l’Etat veut d’un troisième mandat pour Boni Yayi. La ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche a confirmé toutes les suspicions que certains avaient déjà de la majorité présidentielle au sujet de 2016. Yayi ne veut pas partir. Hier, dimanche 20 juillet 2014, sur le plateau de «Zone Franche» de Canal3, les journalistes avaient voulu savoir l’appréciation qu’a la ministre de l’agriculture au sujet d’une de ses collègues qui œuvre actuellement au niveau des 2KP afin d’enclencher une marche pour susciter un 3è mandat de Boni Yayi. La ministre n’a pas démenti l’information que nous avions donnée en exclusivité à cet effet. Mieux, Fatouma Amadou Djibril a, sans ambages, confirmé tout ce qui se tramait au sujet de 2016. «Si le peuple béninois décide que le Chef de l’Etat fasse un 3è mandat, pourquoi pas ? C’est le peuple qui décide. Ce n’est pas les politiciens», a répondu la ministre à la question des journalistes. A la ministre d’ajouter que si le peuple est conscient que le Chef de l’Etat doit continuer avec un 3è mandat, celui-ci doit respecter cette volonté. Au sujet de la Constitution du Bénin qui limite les mandats à deux et pas plus, l’invité de l’émission ajoute qu’on verra en son temps. En clair, l’entourage de Yayi veut bien allonger le séjour à la Marina pour son leader et des actions se menent dans ce sens.
Contradiction coupable
En évoquant les marches qui se prépareraient dans les 2KP, la ministre de l’agriculture, sans confirmer ni infirmer l’information, a tout simplement souligné que les cotonculteurs, contents de percevoir à temps leurs gains depuis un moment, ont toujours envie de manifester leur joie au Chef de l’Etat. Alors, c’est peut-être par les cotonculteurs et, au-delà, le monde rural représentant 70% de la population active du Bénin, comme l’a souligné la ministre, que les marches viendront pour demander un 3è mandat de Yayi. 70% de la population béninoise, c’est largement suffisant pour donner carte blanche à Yayi pour aller au-delà de 2016, estime sans doute Fatouma Amadou Djibril. Seulement, entre la première réponse au sujet d’un éventuel 3è mandat pour Yayi et ce que la ministre a développé après, il y a une grosse contradiction qui devrait amener à douter des promesses du chef de l’Etat devant «les grands de ce monde» de partir en 2016. Car, à en croire les premiers propos de la ministre de l’agriculture hier, Yayi a promis et doit respecter sa parole maintes fois dite devant «de grandes personnalités» de ce monde. Ceux qui tentaient d’infirmer l’information sur la ministre qui démarchent des gens à Pehunco peuvent à présent se convaincre de la vérité de l’imposture.
Roosevelt : Ce que Fatouma Amadou Djibril ne savait pas
La ministre de l’agriculture a voulu s’appuyer sur l’exemple du président Franklin Roosevelt pour « justifier » le droit d’accorder un mandat de plus à Boni Yayi. Mais elle a tout faux ! Effectivement, Franklin Roosevelt, grâce au peuple américain et de façon tout à fait exceptionnelle, a fait quatre (04) mandats présidentiels. Il a présidé les Etats-Unis de 1933 à 1937; de 1937 à 1941 et de 1941 à 1945. Il est décédé à l’entame du quatrième mandat (janvier à avril 1945). Seulement, Franklin Roosevelt ne doit pas ce « privilège exceptionnel » à une révision opportuniste de la Constitution américaine. En effet, le XXIIème amendement de la Constitution des États-Unis qui limite à deux le nombre de mandats du président des États-Unis n’a été adopté par le congrès qu’en 1947. Il s’agit donc de deux ans après la mort de Roosevelt. Cet amendement a été ratifié en 1951. Soit quatre ans plus tard. Ceci, la ministre Fatouma Amadou Djibril devait le savoir. On n’évoque pas ce qu’on ne connait pas. Surtout au sujet d’un sujet aussi sensible en ce moment. Yayi, ses ministres et leurs entourages, parlent souvent de la préservation de la paix. Mais cette paix ne doit pas être un vain mot ; elle doit être un comportement, comme l’avait si bien dit Feu Félix Houphouët-Boigny, ex président de la Côte d’Ivoire. Les affirmations de la ministre sur Canal 3 hier, dimanche 20 juillet 2014, ne participent nullement à la préservation de la paix dans notre pays quand on sait que les légalistes sont farouchement contre ce passage en force qui se programme pour 2016. Quel intérêt de vouloir imposer un homme à tout un peuple ? En faisant cette annonce, la ministre veut-elle créer sciemment de l’insurrection au sein des populations ? Alors, les arguments seront bons pour parvenir à leur fin ! Qu’est-ce que Yayi n’aura pas fait en dix ans et qu’il doit bénéficier d’un autre mandat avant de faire ? Est-il le seul intelligent du pays ? C’est ni plus ni moins une insulte que constituent de pareilles déclarations de la part d’une ministre de la République. Aucun respect pour la Constitution du pays. Comme l’a dit l’autre, c’est une honte nationale. Des Béninois ont certainement déjà pris date. 2016, c’est déjà demain.