La ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Fatouma Amadou Djibril a servi hier sur l’émission Zone franche de Canal3, sa part de vérité sur les raisons qui justifient les dysfonctionnements enregistrés au cours de la campagne cotonnière passée. Et il est à retenir de ses explications, qu’en ce qui concerne le retard accusé au cours de la phase finale de ladite campagne, cela se justifie par le dilatoire des égreneurs privés, surtout autour du prix de l’égrenage. L’autre raison évoquée par la ministre Amadou Djibril pour justifier que la campagne 2013-2014 soit toujours en cours, ce sont les difficultés nées de la gestion de l’importante production cotonnière ayant atteint pour une fois, 307 000 tonnes de coton graine.
Mais, comme il n’est pas aisé de tromper tout un peuple tout le temps, ceux qui ne sont pas encore amnésiques, se sont rappelé que déjà sous le Général Mathieu Kérékou, la production cotonnière a atteint plus de 400 000 tonnes sans que ce retard ne soit enregistré. Pourtant, à l’époque, la campagne avait duré au plus quatre mois, contrairement à ce qui se constate aujourd’hui. D’ailleurs, ce n’est pas cette seule raison qui ne tient pas la route et doit être mise de côté dans l’argumentaire servi hier aux téléspectateurs par la ministre de l’agriculture.
La vérité des prix
En ce qui concerne le supposé dilatoire des égreneurs privés, notamment celui des cinq usines du groupement Ica, il est à rappeler qu’il y a des correspondances qui montrent que la ministre a simplement servi des contrevérités. En effet, depuis le mois de mai 2013, les égreneurs, aujourd’hui injustement accusés, ont demandé des négociations avec le gouvernement par rapport à la fixation des prix d’égrenage. Mais, ce que la ministre a pertinemment oublié de dire, c’est que c’est à la veille de la campagne, soit en novembre 2013 (pour une campagne qui commence en janvier) que le gouvernement a cru devoir, pour la première fois, inviter les égreneurs autour d’une table. Et là n’est pas le plus grave. Si la première fois, ils ont été reçus par le gouvernement pour des propositions, la deuxième fois, ce fut pour se voir notifier en cinq minutes par le ministre du développement Marcel de Souza, les propositions du gouvernement pour l’égrenage à façon qui était de 60 000 FCfa la tonne.
Voilà la vérité. Mais, hier sur Canal3, le cou a été tordu à cette vérité par la ministre Amadou Djibril qui a avancé que les égreneurs voulaient être payés à 95 000 la tonne. Ce qui est connu, c’est que les égreneurs avaient proposé être payés à 73 000 la tonne. Et comme pour mieux justifier la noyade du chien, la rage trouvée par l’invitée de Canal3 a été de révéler que les égreneurs ont voulu passer du prix de 41000 Fcfa la tonne par rapport à la campagne 2011-2012 pour celui de 95 000 Fcfa la tonne. Mais, ce que l’autorité gouvernementale a oublié de dire, c’est que pour les 41 000 la tonne, le gouvernement prenait en charge le carburant et les consommables industriels. C’est d’ailleurs sur cette base que les égreneurs ont fixé la barre de l’égrenage à façon à 73 000 Fcfa la tonne. En un mot, la ministre de l’agriculture qui, fort heureusement, n’était pas à un débat contradictoire a gavé l’opinion des vérités qui l’arrangeaient. Mais, quand des preuves sont brandies, il y a de quoi simplement ranger le show médiatique d’hier au placard.