Dans une lettre ouverte aux députés, Raoufou Badarou, Expert sénior en énergie qui fut Directeur de cabinet au ministère de l’Energie n’a pas fait dans la dentelle. C’est une tribune qu’il a choisi pour peindre l’actualité politico-sociale délétère ambiante.
Aussi, a-t-il saisi l’occasion pour mordre dans la chair par la dénonciation de ce qu’il appelle la mauvaise gestion des ressources humaines et financières au ministère de l’Energie, un département ministériel pourtant stratégique pour l’économie nationale mais où, selon lui, des choses inimaginables se passent au détriment des intérêts nationaux. Dégustons…
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, je crois qu’après la Conférence des Forces Vives de la Nation, nous avions tous convenu de mettre en place des institutions, pour réguler la vie politique, économique et sociale, afin que notre société puisse fonctionner dans la paix et l’harmonie.
A cet effet, à l’instar de la Cour constitutionnelle qui joue le rôle de régulateur par rapport au respect de la constitution, l’An devrait jouer le rôle de régulateur par rapport à la gestion du Gouvernement, dans la mesure où vous avez, entre autres, pour rôle de contrôler l’action de celui-ci. Ainsi, à travers vos actions, vous devriez, rassurer le peuple quand il est préoccupé, et/où s’interroge sur les agissements du Gouvernement.
Mais, force est de constater que, au lieu de travailler à apaiser la situation sociale (au moment où il y a tension entre le Gouvernement et les magistrats) dans le pays, vous l’envenimez par votre proposition de loi.
En plus, certains parmi vous, ont fait montre de peu de sagesse, par la violence de leurs propos lors de leur sortie médiatique.
Cette réaction ne me semble par convenable au regard de la fonction qui est la vôtre, représentants du peuple, bénéficiant de l’immunité parlementaire, et d’autres prérogatives.
Puisse que vous avez pris exemple sur la France pour, en partie, justifier la pertinence de votre proposition de loi, permettez moi de vous poser la question suivante :
Est-ce que les députés français, auraient eu les mêmes propos, vis-à-vis des populations, en réaction à leurs actes ?
C’est justement cette sortie médiatique de certains députés, sur la polémique en cours, qui m’oblige à écrire la présente lettre ouverte, pour vous faire part de mes inquiétudes à propos du contenu de votre proposition de loi, et par la même occasion, porter à votre connaissance, des dysfonctionnements que je me permets de qualifier de grave, dans la gestion du ministère de l’Energie, des recherches pétrolières et minières, de l’eau et du développement des énergies renouvelables (Merpmeder) et de certains problèmes qui sont en partie à la base de la faible performance de notre administration.
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, la proposition de loi portant suppression du droit de grève aux magistrats, interpelle la conscience de tout citoyen préoccupé par la paix, l’enracinement de la démocratie, l’état de droit et surtout par le développement économique et social de notre cher pays le Bénin.
En effet, la constitution du 11 décembre 1990, est conçue pour assurer l’équilibre entre les trois pouvoirs que sont : l’exécutif, le législatif et le judiciaire, avec un léger avantage à l’exécutif. Mais force est de constater que, le législatif est devenu au fil des années, une institution à la solde du pouvoir exécutif, au point de rentrer dans une complicité coupable avec ce dernier, pour assassiner progressivement notre démocratie. La preuve la plus troublante est la confection de la Lépi.
A ce jour, la Lépi n’est pas viable, après plusieurs milliards de nos francs engloutis dans cette opération, qu’on peut qualifier de duperie. Le report sine die des élections locales en est une autre illustration. C’est dans ce contexte délétère pour la quiétude de la population, qui s’interroge sur votre crédibilité, que 45 d’entre vous, introduisent une proposition de loi, qui va aliéner complètement le pouvoir judiciaire.
Quelles sont les revendications des magistrats ? De meilleures conditions de travail, le respect des textes dans la nomination et le positionnement des magistrats, entre autres.
Même s’il faut reconnaitre que la grève des magistrats a des impacts négatifs sur le fonctionnement du pays, les députés que vous êtes, avez mieux à faire, que d’introduire de façon brutale, une proposition de loi qu’on peut qualifier, au regard de son contenu, de liberticide.
La question qu’on pourrait se poser est de savoir, si nos représentants à l’Assemblée Nationale que vous êtes, ont cherché à écouter les magistrats pour comprendre leurs principales préoccupations.
Une autre question qu’on pourrait se poser est de savoir, si vous défendez les intérêts du Gouvernement ou des populations.
Vous savez très bien que le pouvoir exécutif cherche à tout régenter dans le pays ; les réactions de certains d’entre vous, même de ceux qui sont de la majorité présidentielle, avant, pendant et après le processus de vote du budget de l’Etat exercice 2014, en dit long.
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, vous savez très bien que les syndicats ont toujours joué un rôle capital dans l’évolution politique de notre pays.
Aujourd’hui, de mon point de vue, c’est la seule force organisée capable de se mobiliser pour préserver les acquis démocratiques au Bénin. Les partis politiques étant minés par leurs propres intérêts et le pouvoir de l’argent. Un de vos collègues n’a-t-il pas dit, je cite, « la politique, c’est du business » ?
Dans ces conditions, les initiateurs de cette proposition de loi, pensent-ils que les Béninois vont accepter, sans réagir, l’affaiblissement du pouvoir judiciaire, qui essaie de résister aux immixtions de l’Exécutif dans son fonctionnement ?
Les pays cités en exemple pour, entre autres, justifier la proposition de loi incriminée, ne sauraient convaincre les Béninois de la pertinence de cette loi au Bénin.
En France, nous savons tous qu’une simple réaction de l’opinion publique à travers les sondages, peut faire bouger l’Exécutif, alors qu’au Bénin, plusieurs jours de grèves des travailleurs pour des revendications reconnues de tous comme légitimes, laissent parfois le Gouvernement indifférent. Comment alors comparer une juridiction française, vieille de plusieurs décennies, dans un environnement démocratique où chaque institution joue correctement son rôle, à celle du Bénin.
La démocratie et l’Etat de droit sont encore en construction chez nous au Bénin, on ne peut donc pas comparer le Bénin à la France.
Au regard de ce que je sais du fonctionnement de notre administration, et de comment les nominations sont faites, ma conviction profonde est que, si on arrivait à priver les magistrats de leur droit de grève, il n’y aura plus de justice au Bénin.
La stratégie mise en place consiste à infantiliser les cadres, c’est pourquoi on positionne des cadres, pas toujours compétents à des postes pour lesquels ils sont nommés, afin qu’ils soient redevables au pouvoir.
Dans ce contexte, n’est-il pas à craindre qu’on assiste à la nomination des licenciés en droit aux postes des magistrats, sans que ceux-ci ne puissent réagir ?
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, cette proposition de loi constitue un grand risque pour notre jeune démocratie, qui connaît déjà quelques dysfonctionnements, qui préoccupent une importante frange de la population.
Si mes souvenirs sont bons, n’est-ce pas, à la suite de la grève des douaniers contre le Pvi, qu’une loi a été votée pour retirer le droit de grève aux douaniers ?
Qu’est-ce que le Pvi est devenu aujourd’hui ?
Entre le Gouvernement et les douaniers qui ont fait grève, qui a finit par avoir raison ?
Que sont devenus les douaniers « patriotes » ? Ceux-là qui ont soutenu le Gouvernement en soutenant le Pvi ?
On peut donc affirmer que, c’est la grève des douaniers qui a permis au Gouvernement de prendre conscience du « faux contrat » du Pvi, comme l’a qualifié le ministre en charge de la Justice.
Aujourd’hui, les douaniers n’ont plus le droit de faire grève.
Au cas où, il y aura un autre « faux contrat » dans leur secteur, comment pourront-ils attirer l’attention du Gouvernement ?
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, le Fonac n’a-t-il pas dénoncé plusieurs fois le gouvernement, pour non-respect des textes en vigueur (textes pris par lui même) dans la nomination des cadres dans l’Administration ?
Est-ce que les députés, qui sont chargés du contrôle de l’action du gouvernement, ont interpellé le gouvernement pour le ramener à l’ordre ?
Les diplomates ont fait grève, parce que le Gouvernement a violé les textes relatifs aux quotas de nomination des ambassadeurs non diplomates.
A-t-on enregistré une réaction des députés ?
La Cour Constitutionnelle, dans une décision rendue, a mis en cause la compétence et la probité de deux cadres du Ministère de la Fonction publique, par rapport aux irrégularités enregistrées dans l’organisation du concours, organisé au profit du Mef.
A ce jour, le gouvernement n’a pris aucune sanction contre les intéressés.
Les populations restent ébahies, face à l’absence de réaction du Gouvernement.
Les députés n’en disent rien, surtout quand on sait que ce concours à polémique a finit par être annulé, après plusieurs semaines de grève des travailleurs de l’administration, et à la suite du rapport de la commission d’enquête mise sur pied à cet effet par le gouvernement, et qui a prouvé, qu’il y a effectivement, des irrégularités dans l’organisation des concours au Bénin.
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, votre silence, vous, qui êtes chargés de contrôler l’action du gouvernement, aux cris de détresse du peuple, conforte certains ministres du Gouvernement, dans les actes de mauvaise gestion du patrimoine national.
Au Ministère en charge de l’énergie par exemple, le ministre Kassa vient de nommer un financier au poste du Directeur général de l’agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (Anader), agence nouvellement créée. Cette agence est une importante structure dans le dispositif institutionnel à mettre en place pour améliorer la gestion et l’efficacité du secteur de l’énergie. (L’intéressé est actuellement inscrit à l’Ena, au cours de gestion des services publics).
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, bien que dans tous les discours, on ne cesse de nous faire croire qu’on a conscience des enjeux, que constitue l’énergie pour le développement économique et social de notre pays, la gestion qu’on fait de ce secteur est catastrophique, la mauvaise gouvernance est la règle. Si non, comment comprendre que, après le discours du chef de l’Etat sur la gouvernance, à la Table ronde de Paris, on puisse poser un tel acte de mal gouvernance ?
Au moment où au plan international, le développement des énergies renouvelables, fait l’objet d’une attention particulière, au Bénin, on nomme à la tête de cette importante agence, un Dg dont le profil ne convient pas au poste.
L’Anader est conçu pour être le répondant de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), afin que notre pays puisse bénéficier des avantages qu’offre cette institution internationale. L’une des activités de l’Irena est de créer un centre d’excellence des technologies pour les énergies renouvelables, dont la mission est de jouer le rôle de facilitateur et de catalyseur, afin : d’apporter une expérience en matière d’applications pratiques et de politiques ; d’apporter un appui sur toutes les questions liées aux énergies renouvelables ; d’apporter une aide aux pays pour qu’ils bénéficient du développement efficace et du transfert des connaissances et des technologies.
Je voudrais alors, demander aux députés à l’Assemblée nationale et particulièrement à mon cher ami, l’honorable Chabi Sika, qui comprend de quoi il s’agit, de faire arrêter les dérives du ministre Kassa, qui ne recule devant rien pour pauser des actes d’une autre époque, qui, chaque jour, démotivent les cadres et aggravent la situation du secteur de l’énergie.
(Monsieur Chabi Sika, je sais que, quand vous étiez le Chef de la Cellule, de Pré-électrification et du programme solaire, vous n’hésitiez pas à dire clairement que l’approche d’électrification par système solaire photo voltaïque, était une perte d’argent. Cette honnêteté intellectuelle dont vous aviez fait montre, vous a coûté votre poste, et vous étiez parti sans état d’âme.)
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, Il faut absolument interpeller le Gouvernement sur cette nomination qui, dénote de la mauvaise gouvernance du secteur de l’énergie Si non, on peut déjà considérer que cette agence est créée pour ne pas atteindre les objectifs pour lesquels elle est créée, mais plutôt, pour engouffrer les maigres ressources de l’Etat.
C’est cette mauvaise gouvernance qui fait que, l’Agence pour l’électrification rurale et la maîtrise d’Eéergie (Aberme), n’arrive pas à jouer correctement le rôle pour lequel elle est créee (les 3Fcfa prélevés sur le KWh de chaque consommateur et qui devrait, dans une solidarité nationale, contribuer à l’électrification des localités rurales sont mal gérés).
Sur une quarantaine d’agents de l’Aberme, à peine 05 agents ont le profil nécessaire pour y travailler. En raison de son inefficacité due à des problèmes d’organisation, la Banque Mondiale a dû suspendre momentanément, la ligne de crédit destinée à l’électrification rurale. Aussi, est- Il nécessaire de faire savoir que, selon les dispositions des statuts de l’Aberme, les personnes aux postes de direction, devraient être nommées après appel à candidature. Mais, on préfère nommer à ces postes des gens qui ne sont pas aptes pour faire fonctionner cette agence de façon efficace.
Le ministre Kassa, par des nominations fantaisistes, a désorganisé le Merpmeder. Ainsi, des cadres compétents spécialistes du secteur, sont frustrés et humiliés, ces cadres sont aux ordres des courtisans qui sont prêts à tout accepter pour faire plaisir au patron.
A la Sbee, l’actuel Président du Conseil d’Administration est un ancien Directeur financier de la Ceb qui était mêlé à une affaire de malversation financière ; déchargé de son poste de Df à la Ceb, il a demandé une retraite anticipée. Aujourd’hui, c’est lui qui signe les marchés à la Sbee. Peut-on dire que le ministre ignore le passé professionnel de ce monsieur, qui serait son parent ?
Pour une gestion efficace du secteur de l’énergie, des réformes ont été entreprises depuis plus d’une quinzaine d’années. Dans ce cadre l’Autorité de Régulation du sous secteur électrique, qui devrait être mis en place depuis près de deux ans, ne l’est pas à ce jour (le Bénin est le seul pays de l’espace Cedeao à ne pas disposer de cet organe).
La Banque mondiale a dû supprimer la ligne de crédit qui devrait permettre d’installer et de renforcer les capacités de cet important organe, dès que ses membres seront nommés. Aussi, les véhicules achetés pour le fonctionnement de cet organe sont-ils détournés à des fins que les cadres du ministère chargés de ce dossier ignorent. Aux dernières nouvelles, on apprend que l’un des deux véhicules est accidenté.
Il est à craindre qu’on apprenne un de ces jours, qu’on a nommé des cadres peu qualifiés pour composer cette Autorité de régulation. L’Autorité de régulation est un autre organe très important du dispositif institutionnel à mettre en place dans le cadre de la réforme du sous-secteur électrique.
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, il est important de faire comprendre aux Béninois que le problème de l’énergie est plus, un problème de mauvaise gestion du secteur par certains ministres qui sont passés à la tête de ce département, que de la mauvaise gestion des entreprises du sous-secteur.
Les locations à grand frais, de groupes électrogènes pour faire face aux déficits énergétiques (ce qui est incontournable dans la situation actuelle), est une illustration patente de cette mauvaise gestion du sous-secteur électrique ; ni la Ceb, ni la Sbee n’en sont les vraies responsables, elles ne sont que des boucs émissaires.
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, dans le domaine des hydrocarbures, les ressources mis à dispositions de notre pays dans le cadre des contrats pétroliers, sont utilisées de façon peu orthodoxe.
On ne sait pas ce que sont devenus les fonds mis à disposition pour construire la maison du pétrole. Les fonds réservés aux renforcements des capacités des ressources humaines font l’objet d’une gestion peu efficace. Le ministre Kassa estime que l’Igm n’a rien à voir dans la gestion de ces fonds, parce que ne provenant pas directement du budget national.
Il faut noter que, c’est dans le cadre de ces contrats pétroliers, signés entre le Gouvernement du Bénin et les compagnies pétrolières, que des fonds sont mis à la disposition de notre pays. C’est certainement les mêmes fonds mis à disposition, par les compagnies pétrolières, qui ont servi à acheter l’hélicoptère présenté à la télévision.
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, au Merpmeder, le mensonge, le favoritisme, la discrimination et les trafics d’influence constituent les règles de fonctionnement. Certains cadres sont écartés, sans raisons, des dossiers.
Au même moment, de façon sélective, d’autres, qui sont retraités, sont maintenus à leur poste.
A titre d’exemple de discrimination, un ingénieur en forage des puits pétroliers, qui a toujours participé depuis sa prise de fonction, aux travaux de forage en mer, est marginalisé et n’est autorisé à participer à aucune des opérations de forage qui se sont déroulées ces derniers mois, il paraît qu’il serait déjà trop vieux.
Au même moment, les compagnies pétrolières ont recruté la quasi totalité des cadres pétroliers qui ont déjà fait valoir leur droit à la retraite. Ce monsieur est l’un des rares cadres Ape ayant de l’expérience et qui est légalement en fonction.
Actuellement, un certain nombre de compagnies effectuent des travaux de recherches sur notre bassin sédimentaire côtier, mais, à ce jour, aucune découverte de pétrole commercialement exploitable n’est faite. Toutes les déclarations faites à ce sujet sont mensongères.
Les travaux actuellement en cours à Sèmè, visent à mettre en exploitation les réserves résiduelles de l’ancien champ de Sèmè, qui a été abandonné en 1998, au moment où son exploitation n’était plus rentable, en raison de la baisse du prix du pétrole sur le marché international. Ces réserves résiduelles, estimées à 87 millions de barils, dont, au plus 20% pourraient être récupérées (soit environ 17,4 millions de barils), sont brandies au peuple comme une nouvelle découverte.
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, dans les discours, on dénonce la mauvaise gestion généralisée, la faible consommation des crédits, due aux procédures des passations des marchés très longues, mais on ne fait rien pour corriger cette situation qui retarde le développement de notre pays. De même, des ressources importantes ont été engagées pour réaliser des audits qui sont restés sans suite.
Si les problèmes de mauvaise gestion et de faible consommation de crédit persistent, c’est tout simplement un problème de système. On positionne des cadres peu ou pas compétents à des postes de responsabilités pour lesquels ils n’ont pas conscience des enjeux et défis à relever en dehors des avantages qui y sont liés (voiture, bon d’essence, missions, primes et autres prébendes).
Ainsi, ils dirigent ces structures sans résultats concrets. Les cadres compétents sous leur autorité, sont démotivés en raison des frustrations accumulées.
Des cadres ou simples citoyens, ayant eu la chance d’avoir un diplôme, qui n’ont pas de compétence avérée, peuvent se retrouver, du jour au lendemain, ministre ou premier responsable d’une structure technique. Ceci se remarque aisément dans l’immaturité d’expression de certains ministres et autres responsables de structures.
Cette pratique qui commence à rentrer dans les habitudes de gouvernance au Bénin, est la cause de la régression morale qu’on observe dans notre Administration. On nomme un cadre à un poste technique, il organise une fête, des prières de remerciement au chef et à Dieu. Les nominations aux postes techniques sont devenues des faveurs accordées aux nominés, non plus pour leur mérite professionnel.
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, dans notre administration, on accumule des contre-performances sans qu’on ne cherche à identifier ceux qui en sont responsables. En réalité, les responsables sont connus, mais comme ce sont des gens placés pour d’autres objectifs autres que, ceux dévolus aux structures concernées, celui qui devrait sévir, se contente de dire qu’il faut prendre les dispositions nécessaires pour mieux faire.
La revue du Plan de travail annuel (Pta) organisée chaque année, qui devrait permettre d’identifier les insuffisances de l’année N-1, afin de les corriger à l’année N, permet à peine de faire des progrès sensibles, si on n’enregistre pas un résultat pire que celui de l’année antérieure.
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, vous, dont la mission constitutionnelle est de contrôler l’action du Gouvernement, restez indifférents à ce recul grave de notre pays.
En effet, la mauvaise gestion de la connaissance et des ressources humaines dans notre pays, a fragilisé les différents secteurs de l’économie nationale, notamment celui de l’énergie. L’ex ministre d’Etat, Iréné Koupaki n’a t-il pas dit (dans une émission à la télé, au cours du premier quinquennat du Président Yayi Boni), je cite, « il y a des cadres compétents dans l’administration, mais ils ne sont pas à leur place » ?
Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, si nous voulons trouver des solutions aux problèmes économiques du pays, il est indispensable de s’assurer que les hommes qu’on nomme à la tête de nos ministères et à des postes stratégiques de l’administration, sont parmi les plus méritants. Aussi, est-il indispensable de prendre toutes les mesures nécessaires pour auditer la gestion des ministères sectoriels au plan de la gestion des ressources humaines et financières notamment.
Si cette pratique de mal gouvernance en matière de gestion des ressources humaines, n’avait pas cours chez nous, le Bénin aurait déjà enregistré une croissance de son Pib de 7 à 8 %, au regard des ressources mobilisées depuis 2006 et des initiatives heureuses de développement prises par l’actuel gouvernement. Quel gâchis ?
C’est avec le régime actuel que les travailleurs de l’administration ont vu leur salaire croître de façon substantielle. En principe il ne devrait pas avoir de contestation des travailleurs, mais comme, en dehors du pain, le peuple a besoin de justice et de liberté, il y a problème. Si la stratégie est que, quand ils vont manger, ils resteront tranquilles, j’estime que c’est raté.
Telle est, Mesdames et Messieurs les députés à l’Assemblée nationale, la substance de cette lettre ouverte, que j’ai l’honneur de porter à votre appréciation.