Contrairement aux maires dont le mandat est prolongé depuis plus d’un an, faute d’organisation des élections communales, le Bénin vient de renouveler les membres de plusieurs de ses institutions. La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, la Commission électorale nationale autonome ont donc désormais de nouveaux bureaux dont les missions sont clairement définies. Aux termes des élections, organisées diversement dans ces différentes institutions, Adam Boni Tessi, Emmanuel Tiando et Tabé Gbian ont été respectivement désignés comme présidents. A bien y voir, ces nouveaux présidents d’institutions ont en communs, à quelques différences près leur origine et appartenance politique.
Pour le bon fonctionnement de la République, la Constitution du 11 décembre 1990 a prévu plusieurs institutions qui sont dotées de différents pouvoirs. D’autres ont été créées par la loi. Outre l’organisation des élections qui ne tiennent pas à bonne date, le Bénin peut se réjouir du fait que les membres de ces institutions de la République sont régulièrement renouvelés et ceci à bonne date. Le dernier en date est le renouvellement des membres du Conseil économique et social (Cés), les membres de la Haute autorité de l’audio-visuel et de la communication (Haac) et la désignation des membres de la Commission électorale nationale autonome (Céna). Les membres de ces différentes institutions viennent d’être installés pour un mandat de cinq ou de sept ans. Au regard des dispositions de la Constitution du Bénin, ces institutions sont indépendantes de tous les pouvoirs. Mais depuis lors, avec le régime du changement on note des manœuvre destinées au final contrôler toutes ces institutions de la République dont la séparation des pouvoirs est théoriquement pourtant consacrée par la loi fondamentale.
Contrôle des institutions
Si la désignation des membres des différentes institutions est régie par des textes bien clairs et précis, il n’en est pas forcément le cas pour la mise en place des organes dirigeants de ces institutions. Seulement que les régimes qui se sont succédés à la tête du Bénin ont eu le mérite de conférer à ces institutions toute l’indépendance nécessaire pour la désignation des membres de leurs organes dirigeants. Mais le régime de Boni Yayi réussit indubitablement à changer les donnes. Ce qui peut paraitre aux yeux des observateurs comme une recherche effrénée du contrôle de toutes les institutions de la république. Le renouvellement des membres de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) où le chef de l’Etat a désigné un de ses partisans en la personne du député Fcbe Adam Boni Tessi pour présider le bureau dirigeant de l’institution en est un bel exemple. Mieux, pour la Commission électorale nationale autonome (Céna), le nouveau président est l’un des serviteurs les plus fidèles du chef de l’Etat et un militant Fcbe convaincu. Emmanuel Tiando, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était jusque là Secrétaire général de la Présidence de la République. C’est dire donc que le président de l’institution qui aura à charge l’organisation des élections pour les sept prochaines années est un disciple du président Boni Yayi. Même si celui qui est élu à la tête du Conseil économique et social (Ces) n’est pas connu pour autant sur le terrain politique, il n’en demeure pas moins vrai qu’il peut avoir bénéficié du soutien du chef de l’Etat qui collabore avec l’un de ses frères comme ministre des Finances.
Politisation et régionalisme
Au-delà des considérations politiques, deux des trois présidents d’institutions nouvellement élus sont originaires de la région septentrionale du pays. Ce qui porte d’office à trois, le nombre de présidents d’institutions originaires du Nord-Bénin. Sans compter la Haac dont le président et de vice-président proviennent de régions voisines... Même si cette réalité ne viole aucun texte de loi en République du Bénin, il est aisé de constater qu’elle poste un véritable problème socioculturel et biaisé la règle non écrite de l’équilibre. Du coup, plusieurs Béninois dénoncent depuis la publication des résultats des élections dans les différentes institutions, un processus de régionalisation et de politisation extrême des institutions de république à des fins inavouées...