Il a fallu la grande mobilisation du Syndicat des travailleurs de la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Syntra-Sonacop) pour que le gouvernement se réveille de son sommeil et prenne les mesures hardies dans ce qu’il convient d’appeler le scandale Sonacop. Et bien d’indices montrent que l’Exécutif a peut-être contribué au pourrissement de la situation de cette entreprise publique.
Le gouvernement est-il aussi comptable de l’état moribond dans lequel la gestion opaque de M. Expédit Houéssou a pu plonger la Sonacop ? S’il est difficile de répondre par l’affirmative, il existe quand même des éléments qui prouvent qu’au sommet de l’Etat, on a laissé faire. Autrement dit des responsables ont fait preuve de négligence. En effet, alors que la crise couvait déjà à la Sonacop, le gouvernement a au cours d’une séance extraordinaire du Conseil des ministres tenu le 02 novembre 2012 décidé d’injecter dans ladite société 3 milliards F Cfa. Un prêt remboursable qui devait permettre à la Sonacop de s’approvisionner en produits pétroliers, car elle avait des difficultés de trésorerie. L’autre effet recherché par le gouvernement en cette période était de permettre à l’entreprise publique de faire face à la concurrence déloyale de l’essence « Kpayo ». Mais erreur. Cet effort n’a pu offrir les résultats escomptés. Le carburant n’est disponible à plein-temps dans les stations services et le commerce de l’essence frelatée n’a pas été affecté outre mesure. Il faut faire remarquer qu’à l’époque, le Conseil des ministres a décidé de prêter cette coquette somme à la Sonacop sans avoir pu déceler la gestion inquiétante qui caractérisait déjà la méthode du « Tout puissant Directeur général », Expédit Houéssou. L’homme est resté inébranlable jusqu’au bout parce qu’il pensait bénéficier peut-être du soutien du Chef de l’Etat. C’est en mars 2013 que face aux dénonciations incessantes de la mal gouvernance de M. Expédit Houéssou par le Syntra-Sonacop, le Conseil des ministres a pu délibérer sur une communication relative au compte rendu des travaux de la commission d’enquête chargée de la vérification de la gestion administrative , financière et comptable de la Sonacop pour la période de 2009-2011 mise en place quelques jours plus tôt. La gestion du désormais ex-Dg Sonacop devrait aussi faire l’objet de cet audit puisque M. Houéssou a pris fonction le 18 avril 2010 à la tête de la Sonacop. Le ministre des Finances a aussi été autorisé à nommer dans de meilleurs délais, un commissaire aux comptes, un auditeur interne et un contrôleur de gestion pour assurer la bonne gouvernance à la Sonacop. Mieux, le gouvernement avait demandé au Général Bio Kpo qui a présidé une Commission d’enquête de « situer les responsabilités individuelles des différentes personnalités impliquées dans des faits de malversation relevés dans le rapport de la Commission d’enquête sur la gestion administrative, financière et comptable de la Sonacop ». Mais sauf erreur, aucun résultat des audits n’a été publié. Et jusque-là, la Commission du Général Bio Kpo n’a situé aucune responsabilité par rapport à telle ou telle personnalité qui serait mêlée dans de fait de malversation. N’eurent été l’engagement et la détermination des travailleurs de la Sonacop réunis au sein du Syntra-Sonacop, on n’aurait jamais découvert la mauvaise gestion des ressources de cette entreprise. Heureusement qu’avec la Commission Koussé, les choses sont allées vite et on pourra stopper enfin la saignée financière puisqu’à en croire les déclarations du Secrétaire général du Syntra-Sonacop, les actes de mauvaise gestion se poursuivaient jusqu’en avril dernier (Lire un extrait desdites déclarations dans notre parution d’hier). Négligence ou laxisme ? Nul ne saurait répondre. A tout le moins, on peut reprocher au gouvernement de ne pas réagir très tôt afin d’éviter cette gabegie. Sinon où étaient le gouvernement et son chef au moment où Expédit Houéssou engageait la société dans des contrats de bail ou de fourniture en produits pétroliers ? Le Dg d’alors avait-il réellement un cahier de charges ? Qu’a-t-il fait du principe de reddition compte ? Autant d’interrogations qui ne dédouanent pas Yayi et ses collaborateurs.
Une affaire de milliards…. d’autres responsabilités…
Ce nouveau scandale financier est de l’ordre du milliard à en croire le rapport de l’Inspecteur général d’Etat, Jacques Alidou Koussé. Selon le même rapport, les faits reprochés à l’ancien Directeur général sont préoccupants au point de mettre en mal l’intérêt supérieur du pays. Et bien d’observateurs ont confié qu’il n’a pu commettre ces « crimes économiques » tout seul. Il pourrait avoir bien de complicité dans cette affaire. Et au-delà de la Commission Koussé, celle dirigée par le Général Bio Kpo se doit de vite situer les responsabilités comme le recommande le Conseil des ministres du 20 mars dernier. Dans ce dossier, il y a une lenteur avérée au niveau du gouvernement. Et tout porte à croire que si ce n’est l’engagement de l’organisation syndicale dirigée par Liamidy Soumanou, peut-être que le citoyen lambda ne connaîtra pas de sitôt la situation de cette société qui aurait pu faire la fierté nationale.