Le concours de recrutement des agents contractuels de l’Etat lancé par le gouvernement de la refondation pour réduire le taux de chômage dans le pays a eu lieu ce samedi 26 juillet 2014 sur toute l’étendue du territoire national.
Si les observateurs s’accordent à reconnaitre la pertinence de l’initiative, les innombrables dérapages de l'organisation ont fini de décrédibiliser complètement. Les candidats ont été soumis à un véritable cafouillage qui remet en cause la valeur de ce concours organisé en remplacement de ceux annulés pour fraudes massives.
Dans le souci de combler le le vide en perspective dans la Fonction publique du fait du départ de centaines de fonctionnaires à la retraite, le gouvernement béninois a lancé un concours de recrutement de 4234 agents contractuels toutes catégories confondues. Mieux, l’organisation de ce concours est de nature à résoudre en partie le problème de chômage des jeunes auquel le pays est confronté.
Malheureusement l’alternative trouvée par le gouvernement semble n’avoir pas été suffisamment préparée. Du coup, plusieurs langues s’accordent à dire que le système d’organisation des concours au Bénin est toujours en panne.
Impréparation
« Nous avons assisté ce week-end à une pagaille. Les concours se sont déroulés dans une discrimination et un cafouillage total », a laissé entendre à la fin des compositions, le premier responsable des instituteurs candidats à ce concours.
En effet, les candidats ont été conviés à plancher le samedi 26 juillet sur toute l’étendue du territoire national. Mais curieusement, il aura fallu attendre l’après-midi pour que le lancement officiel des épreuves ait lieu à Porto-Novo. Le hic, c’est que les candidats de l’Atlantique et du Littoral n’ont pu composer faute d’épreuves alors que ceux de Porto-Novo et de Natitingou composaient, après plus six heures d’attente. Selon A.T., un candidat du centre de composition de Djègan-Kpèvi « le retard est dû à une fuite de l’épreuve ».
B. A. un autre candidat du même centre n’a pas la même information. « On nous a dit que sur les six machines prévues pour la multiplication des épreuves quatre étaient tombées en panne », confie-t-il. A Natitingou par contre, il aura fallu attendre le lancement officiel des épreuves qui a connu plusieurs heures de retard, pour que les candidats aient les épreuves qui étaient pourtant disponibles.
Au lycée Coulibaly de Cotonou des candidats ont été carrément invités à revenir le lendemain c’est-à-dire le dimanche 27 juillet pour composer. Plus grave encore, ces mêmes candidats seront renvoyés le dimanche, vu que les épreuves prévues pour leurs catégories ont été déjà composées par les candidats des autres centres la veille. Doit-on produire une deuxième épreuve pour ces candidats pour le même concours ou doit-on les soumettre aux mêmes épreuves que la veille ? Là se trouvait la grande interrogation.
Mêmes causes, mêmes effets
Aux dires de certains observateurs le cafouillage a été organisé à dessein. C’est d’ailleurs ce que pense le secrétaire général de la Fésyntra-finances qui craint que les milliers de jeunes qui seront retenus à l’issue de ce concours de recrutement soient de futurs partisans de la majorité présidentielle. Laurent Metongnon voit dans ce cafouillage, l’une des étapes du plan dévoilé il y a quelques jours, par la ministre de l’Agriculture. Le secrétaire général de la Fésyntra-finances interpelle à cet effet la jeunesse Béninoise, vue comme première victime.
> En effet, le ministère de la Fonction publique a organisé un concours en juillet-août 2012 pour le recrutement de quelques 400 agents au profit des différents services de l’Administration des finances. Dès la proclamation des résultats en décembre 2012, des voix se sont élevées pour dénoncer des cas de fraudes soupçonnant les organisateurs d’avoir opéré des substitutions de noms.
D’où une séries de protestations faite de marches, de sit-in et de grèves dans tout le pays. Pour voir claire dans la situation, le gouvernement a mis sur pied une commission d’enquête présidée par le conseiller spécial du chef de l’Etat Amos Elègbè et dont le rapport est toujours attendu. Il a fallu la mise sur pied d’une deuxième commission dirigée par Moïse Mensah et dont le rapport a dévoilé les irrégularités qui entachaient l’organisation des concours incriminés. Plusieurs recommandations ont donc été faites au gouvernement pour éviter à l’avenir de pareilles situations.
Mais s’il se fait que le gouvernement s’est contenté d’annuler les concours mis en cause sans mettre en application les recommandations à lui soumises. Les partenaires ont encore soulevé la question au lendemain de l’annonce des nouveaux concours mais le gouvernement a préféré foncer tête baissée. Que feront Boni Yayi et ses ministres, maintenant quils ont manqué une fois de plus de combler les attentes et confirmé que la transparence vaincue par la corruption a déserté le forum ?