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Le Matinal N° 4399 du 25/7/2014

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54 ans d’exercice du pouvoir politique : Espoirs estompés, la situation s’aggrave
Publié le mercredi 30 juillet 2014   |  Le Matinal


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© APA par Saliou Amah
Visite d`amitié et de travail du président Yayi Boni à Abidjan
Mardi 11 Mars 2014. Abidjan. Dans le cadre de la visite d`amitié et de travail, qu`il effectue en Côte d`Ivoire, le président béninois Yayi Boni a été reçu en audience par son homologue ivoirien Alassane Ouattara. Ph : Yayi Boni


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Dans quelques jours, les Béninois célébreront le 54ème anniversaire de l’accession de leur pays à la souveraineté internationale. Un évènement qui tombe dans une période de suspicion générale quant au départ de Yayi Boni en 2016, d’autant que les raisons qui poussent à lui prêter des intentions de vouloir briguer un troisième mandat dominent les assurances qu’il a données. Un mauvais scénario se dessine.


Il y en a parmi les Béninois qui se souviennent toujours comme si c’était hier, de l’effervescence et des espoirs qui ont accueilli l’indépendance de leur pays le 1er août 1960. Mais les années qui ont suivi, tous les espoirs se sont estompés. C’est aussi le cas après les évènements de 1989. Déjà en 1990 et beaucoup s’en souviendront avec nostalgie, chacun a cru peu ou prou que la démocratie et l’Etat de droit adoptés tout fraichement par le Bénin allaient triompher les années à suivre. 24 ans après, on est encore loin du compte. Les indices probants d’un bilan peu glorifiant existent et se sont révélés beaucoup plus aux yeux de l’opinion au lendemain de l’arrivée au pouvoir de Yayi Boni en 2006. Et pis, l’horizon ne laisse augurer des changements positifs et des progrès pour notre démocratie. A l’occasion de la célébration du 54ème anniversaire de l’indépendance du Bénin, une question sera de mise lors de l’apparition du chef de l’Etat pour présider la commémoration de cet anniversaire : partira ou ne partira pas en 2016 ? Malgré les nombreuses professions de foi de Yayi Boni pour rassurer qu’il ne briguera pas un troisième mandat, cette question est plus que jamais d’actualité et alimente les débats dans l’Administration, les représentations diplomatiques au Bénin, la rue, le marché, les centres commerciaux, les bars, cafés et restaurants. Ce n’est pas une préoccupation sans fondement. Le seul fait que le régime en place multiplie des actions de mobilisation au nom du chef de l’Etat semble accorder une place aux suspicions et soupçons. Récemment, ce sont les propos de la ministre de l’Agriculture Fatouma Amadou Djibril sur la chaîne de télévision Canal3 qui ont davantage éveillé les soupçons et renforcé les suspicions. Alors que la Constitution du 11 décembre 1990 limite à deux mandats l’exercice du pouvoir à la tête du pays, au cours de l’entretien qu’elle a accordé, elle a trouvé légitime que Yayi Boni brigue un troisième mandat si le peuple en décide. Une réaction à considérer comme réponse aux nombreuses interrogations soulevées sur le départ du chef de l’Etat en 2016. Un autre exemple : on sait également que le ministre de l’Energie a initié un tournoi de football nommé « Yayi Boni 2016 » ? De plus, les échos qui nous parviennent des régions du pays annoncent des mobilisations de femmes acquises à la cause de l’actuel président de la République. Plusieurs réseaux et clans pilotés par des maires ferraillent dans le cercle immédiat de Yayi Boni. C’est un autre élément qui s’ajoute à tout une série. Tous ces faits coïncident avec les mises en place des Institutions qui jouent des rôles d’une importance majeure dans l’organisation des élections. La Commission électorale nationale autonome (Cena), la Haute autorité de l’audiovisuel et de la Communication (Haac) ont vu leurs membres être renouvelés. A leur tête, on retrouve des hommes de main de Yayi Boni (Emmanuel Tiando à la Cena, Adam Boni Tessi à la Haac). La Cour Constitutionnelle jugée aux ordres du président de la République figurait déjà sur la liste des Institutions dont les connivences avec le régime ne trompent pas souvent. Son président Théodore Holo dont la réputation d’homme idéal à son poste actuel n’a pas encore survécu aux accusations portées contre sa personne pour ses soutiens dissimulés à Yayi Boni, n’a pas rechigné sur la nomination par le président de le République de son épouse Gracia Noutais en qualité de conseillère à la Haac.

Un mauvais présage

Lorsque tout cela se passe sous nos yeux, on est convaincu d’être en face d’un scénario qui n’est pas un bon présage pour la démocratie béninoise. Ces derniers temps, les envies de maintenir Yayi Boni au pouvoir naissent dans le cercle de ce dernier. Même s’il s’évertue à donner une réponse claire pour mettre fin aux supputations et commentaires, les gestes de séduction qu’il montre et les initiatives qu’entreprennent ses lieutenants dominent tout. Prêter donc des intentions au roi Yayi Boni n’est pas une erreur. On a vu des dirigeants africains qui ne reculent devant rien transformer leur constitution pour se maintenir au pouvoir durant le temps qu’ils désirent. N’étant pas loin de ces potentats du continent, le dirigeant béninois peine à rassurer l’opinion nationale et les observateurs. La plupart le suivront à l’occasion du 54ème anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale. Selon la tradition, il doit adresser son message à la Nation. Un avant-dernier exercice du genre avant son départ en 2016. C’est aussi une formidable aubaine qui s’offre à lui pour dire une nouvelle fois sa profession de foi. Cela se traduira par des engagements fermes et non des ambigüités. Car donner la priorité aux initiatives tendant à mobiliser des foules en son nom installe d’office le peuple dans le doute, ce qui est favorable à toute sorte de suspicion. Et dire que l’opinion publique accorde du crédit aux assurances déjà données par Yayi Boni, c’est faire preuve d’une stupidité au vrai sens du mot. 54 ans après avoir accédé à l’indépendance, ce peuple n’acceptera pas qu’on sacrifie sa souveraineté et la crédibilité des Institutions de la République sur l’autel des intérêts d’un seul homme. Tout nouveau projet politique qui ne protège pas les acquis démocratiques ne lui sera jamais imposé sans une farouche résistance. Ce pays qui a connu des périodes d’instabilité marquées par des putschs, puis passé aux mains d’un parti unique avant de choisir le système pluraliste n’entend pas se résigner à conclure qu’il est pacifique et tolérant face à une tentative de confiscation de pouvoir. Sans doute qu’une élite est là et répondra aux manœuvres qui sont en train d’être orchestrées.

Fidèle Nanga

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