Le retour temporaire de l’Etat dans la filière coton depuis deux campagnes a permis de réaliser une augmentation de la production de 133.000 tonnes, soit 76,44% par rapport à celle de 2011-2012. Ce qui n’est pas du goût de certains détracteurs qui, par le biais des médias, se sont lancés dans une campagne de désinformation et d’intoxication à l’effet de mettre en péril ladite filière qui actuellement, est la seule à être la pourvoyeuse de richesse et d’accroissement significatif du PIB national. C’est pour situer l’opinion publique sur les tenants et aboutissants de ces manœuvres, que le directeur général de la SONAPRA a donné hier mercredi 6 août à Cotonou, une conférence de presse.
Face aux professionnels des médias, le directeur général de la SONAPRA, Idrissou Bako, qui réagissait contre les nombreuses attaques dont la campagne cotonnière 2013-2014 a été victime ces derniers jours, avait à ses côtés ses directeurs techniques. Leurs clarifications ont principalement porté sur le contexte du déroulement des campagnes cotonnières 2012-2013 et 2013-2014, les réalisations de la campagne d’égrenage et de commercialisation de leurs produits finis.
Un bilan pourtant encourageant
Pour le directeur des Exploitations industrielles, Victor Godo, la campagne 2013-2014 a démarré timidement en janvier dernier. Il a effectivement pris corps à compter du 1er février 2014. Au nombre des facteurs ayant caractérisé cet état de choses, Victor Godo a, tout comme le directeur général de la SONAPRA, déploré le retard considérable au niveau de la révision des usines et de la commande de leurs pièces de rechange, ainsi que la signature tardive des sociétés qui doivent participer à la campagne d’égrenage. Par ailleurs, ont-ils aussi fait constater, aucune disposition n’avait été prise pour la commande des intrants industriels nécessaires pour le déroulement correct de la campagne. «Les usines ayant effectivement participé à la campagne, ont réceptionné au total 307.354,668 tonnes de coton graine. De cette réception, il y a 107.000 tonnes qui ont fait l’objet de stockage au niveau des magasins et des aires de stockage. La commercialisation de ce coton est lancée depuis le 30 novembre 2013. Au 31 juillet 2014, date de fin d’égrenage, les usines ont traité sur les 307.000 tonnes, près de 296.281,067 tonnes, soit un taux de réalisation de 96,40%. Ces données ont été validées par le cabinet d’expertise internationale, COTIMEX Afrique qui est de droit brésilien», a-t-il indiqué.
Déjà 116 milliards F CFA comme chiffre d’affaires
A sa suite, le directeur commercial, Bio Séko Tabé, s’est quant à lui appesanti sur le volet placement du coton issu de l’égrenage et sa situation sur le marché international. «Sur la base du coton égrené, la production de fibre est de 125.392 tonnes, celles de graine huilerie et de semences, respectivement de 141.749 tonnes et 14.073 tonnes. 122.500 tonnes ont déjà été placées à l’exportation pour une valeur estimée à près de 109 milliards F CFA. Au niveau local, nous avons placé 3.100 tonnes pour un montant de 2, 232 milliards F CFA. 57.926 tonnes de graine huilerie ont pour le moment été vendues à 4,9 milliards F CFA. A ce niveau, nous avons des contrats en cours d’exécution évalués à 50.000 tonnes. Globalement, à la date du 31 juillet 2014, nous sommes à un chiffre d’affaires de 116 milliards F CFA, auquel vont s’ajouter les recettes futures qui vont venir», a précisé le directeur commercial. «Malgré le retard, nous sommes parvenus à faire des placements qui ont atteint 850 F CFA le bas jusqu’à 980 F CFA. Le bas de gamme, nous l’avons placé à partir de 850 F CFA. Nous sommes déjà à 88% d’empotage et en ce qui concerne l’embarquement dans les bateaux, à 82%. Conformément aux engagements avec nos clients, d’ici à la mi-septembre, nous aurons terminé complètement avec l’évacuation des produits», a-t-il poursuivi.Rappelant les circonstances qui ont amené le gouvernement à intervenir dans les deux dernières campagnes cotonnières, en suspendant l’accord-cadre qui liait l’Etat et l’Association interprofessionnelle du coton (AIC), Idrissou Bako a fustigé les actes de sabotage visant à mettre à mal l’initiative. Après le blocage par tous les moyens des livraisons des commandes d’intrants aussi bien sur le territoire national qu’à l’étranger en 2012-2013, la campagne qui vient de s’achever a été perturbée lors de la phase d’égrenage avec la plupart des usines qui n’avaient pas démarré leurs travaux de révision, alors que la production se déroulait sur le terrain. Selon le directeur général de la SONAPRA, pour confirmer cette volonté de blocage, une campagne de communication faisait croire à l’opinion que le gouvernement devait 12 milliards F CFA aux égreneurs. «La conséquence de cette situation machiavélique est le démarrage tardif des activités d’égrenage. Au lieu de la mi-novembre 2013, cet égrenage a démarré en fin janvier 2014, soit deux mois et demi de retard», a expliqué Idrissou Bako. «Par ailleurs, les négociations avec les égreneurs ont été entreprises depuis le 27 août et se sont poursuivies jusqu’au 30 décembre 2013 sans aucun résultat», confiera-t-il, avant de conclure que ce sont les usines qui se sont auto-exclues elles-mêmes. Quant à la société SHB, s’agissant du coton graine, il a expliqué que son exclusion n’a jamais été le fait du gouvernement. Pour lui, c’est parce qu’elle n’a pas satisfait aux exigences.
Des 20.000 balles disparues et de la perte de 11.000 tonnes
Le directeur général de la SONAPRA est également revenu sur les 20.000 balles de coton qui ont disparu. Il a rassuré que le dossier est encore au niveau de la police et de Interpool, et que les investigations se poursuivent pour des informations complémentaires. Par rapport à la supposée perte de 11.000 tonnes de coton enregistrée au cours de la présente campagne, Idrissou Bako s’est voulu très rassurant. Elle ne devrait pas, selon lui, anéantir les efforts consentis par le gouvernement qui, à la faveur de son retour temporaire dans la filière depuis deux campagnes, a œuvré pour la production de 307.354,668 avec une augmentation de 133.000 tonnes, soit 76,44% par rapport à la campagne 2011-2012. En fait de perte, insiste le directeur général de la SONAPRA, il ne s’agit que d’un stock résiduel dégagé de la présente campagne. C’est du coton non égrenable. Il existe en nature mais ne peut plus passer dans les usines, pour que la fibre soit séparée de la graine. La raison fondamentale, explique Idrissou Bako, c’est que leurs graines ont été détériorées du fait des forts taux d’humidité. C’est leur stock qui aujourd’hui se retrouvant au niveau des usines, constitue ces 11.000 tonnes. Quant aux 50 milliards de F CFA pour lequel, on estime leur montant, le directeur général et ses directeurs techniques ont préféré le balayer du revers de leurs mains, faisant confiance au service de l’assurance auprès de laquelle, la SONAPRA a souscrit pour ces genres de risques.
Main tendue en direction des usines auto-exclues
De 19 usines qu’elles étaient à égrener le coton lors de la campagne 2012-2013, seules 13 ont pris une part active à celle qui s’est achevée le 31 juillet dernier. Les autres, à en croire Idrissou Bako, ont délibérément choisi de s’auto-exclure. Il est convaincu que c’est la SONAPRA qui, fort de ses expériences de 31 ans dans la gestion de la filière, en dehors de son éclipse de trois ans, a initié la plupart des professionnels d’aujourd’hui, à l’importation et à la distribution des intrants coton, à l’installation et à l’exploitation des usines d’égrenage dont elle a participé au départ au capital, ainsi qu’à la formation de leur personnel.Au regard de tout ce qui précède, il les a alors invités à revenir à de meilleurs sentiments afin de relancer davantage la seule filière qui permet aujourd’hui au Bénin d’être présent sur le marché international. «Si cette filière tombe, il serait difficile de la relancer», a-t-il insisté, en appelant le groupe ICA à se mobiliser pour la révision de ses usines, pour la réussite de la prochaine campagne cotonnière.