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Processus d’intégration locale des réfugiés: Le HCR-Bénin met en exécution les décisions du gouvernement béninois
Publié le mercredi 15 mai 2013   |  Le Matin




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L’Etat béninois poursuit sa politique de générosité et d’hospitalité envers des ressortissants des pays frères qui se sont refugiés ici. La preuve, il vient de donner une opportunité aux réfugiés résidant sur le sol béninois, en les intégrant parmi la population béninoise. Mais avant la prise de cette décision, la représentation Onusienne s’occupant des réfugiés, le Haut commissariat des refugiés (Hcr) au Bénin, a débuté ce processus d’intégration locale de ces derniers depuis des mois. Le processus a été débuté avec les refugiés togolais résidant sur le site d’Agamè. Une visite sur le terrain a permis de constater le déménagement de ceux-ci.

2005-2013, cela fait huit ans que des milliers de Togolais ont fui la crise sociopolitique pour se refugier au Bénin, précisément sur le site d’Agamè. Certes, la majorité des réfugiés est repartie au pays. Mais une minorité dans l’incapacité d’y retourner, ont dit oui à la nouvelle proposition que leur a faite l’Etat béninois. Il s’agit de l’intégration locale. Et c’est le Hcr qui assure la mise en œuvre du processus qu’il a commencé depuis le 26 mars dernier. Le 25 avril 2013, la presse a assisté au déménagement d’un groupe de vingt cinq refugiés spécialisés dans l’élevage de petits ruminants. Ils ont quitté le site d’Agamè pour s’installer dans la localité de Comè. Un choix que ces derniers ont délibérément fait pour exercer leurs activités.

Intégration locale : un processus que 95% des refugiés ont adhéré.

Le refuge a un temps. C’est dans une liesse sous l’ovation du reste des refugiés que l’administrateur du site d’Agamè, Pierre Komlan Hounguè, appelle les vingt cinq familles éleveurs qui, déménageaient pour Comè, à monter à bord du bus à eux apprêté. L’intégration locale, explique-t-il, est un processus qui est engagé pour que les refugiés eux-mêmes soient beaucoup plus épanouis. C’est un processus que les refugiés ont adhéré à 95% à en croire l’administrateur. « Ils sont des Béninois maintenant. Il est prévu qu’on leur délivre des cartes de résidence privilégiés», précise-t-il. Ça veut dire qu’ils ne sont plus dans le régime de réfugiés ou de personnes demandant l’asile au Bénin, rappelle Pierre Hounguè. À partir de fin décembre 2013, ils deviennent comme tout Béninois, a-t-il insisté. Ainsi le Hcr fait un suivi des réfugiés. « Chaque famille a élaboré un projet que le Hcr accompagne. Après huit ans de refuge, il est temps qu’ils deviennent des gens qui, connaissant le terrain, peuvent s’installer où ils veulent au Bénin», confie-t-il.

De la misère à la reconstruction

Mais avant leur départ du camp d’Agamè pour leur nouvelle destination plus précisément la commune de Comè, les refugiés ont livré leurs sentiments. C’est un moment de joie et de reconstruction de leur vie, a laissé entendre ce groupe d’éleveurs. Pour Ozou Ankou, un refugié, «C’est à la fois un sentiment de joie et d’espoir qui nous anime en ce jour ». Car, poursuit-il, après huit ans de vie de misère, nous sommes au moins aidé à quitter ici (Agamè, Ndlr) pour nous installer ailleurs pour reconstruire notre vie ». Je parle de misère parce qu’à un moment, les réceptions des vivres a été suspendues, confie-t-il. Ce qui a amené les refugiés à voler de leurs propres ailles, souligne-t-il. Ozou Ankou n’a pas voulu être ingrat envers les autorités béninoises, ni envers le Hcr qui les sortent de leur situation passée d’assistanat. Je remercie tout le peuple béninois pour l’hospitalité qu’il nous a offerte depuis 2005. Aussi, nos remerciements vont au Hcr qui nous appuie, nous suit chaque jour, ajoute-t-il. Cependant, il demande aux responsables du Hcr de continuer de les appuyer afin qu’ils reconstruisent leur vie. Comme lui, dame Sophie Dossouvi, faisant partie de l’effectif, n’a pas non plus caché sa joie de quitter aussi ‘’la misère’’ selon elle. Emue, elle n’envisage pas rentrer au Togo pour l’instant. « Mon mari, un militaire, a été tué lors de ces drames au Togo et les enfants sont à ma seule charge », confie-t-elle en sanglot. La situation actuelle au Togo, ne nous permet pas d’y retourner pour le moment. Voilà pourquoi, nous avons choisi l’intégration sociale, avance Ozou Ankou. Le Chef d’arrondissement d’Agamè, Alexandre Hounkpéto, venu assister au déménagement de ses hôtes, les a exhortés à ‘’s’armer de courage et de volonté pour affronter leur nouvelle vie’’. Car dit-il, ils n’ont plus le même statut. Il a aussi souhaité que le Hcr ne coupe pas brusquement son assistance à leur égard. « L’assistance doit se couper progressivement et non subitement », a souligné le Chef d’arrondissement d’Agamè. Aux dires des refugiés, les sites trouvés pour l’exercice de leurs activités est supporté par le Hcr. Leur logement et substances sont pour un moment à la charge du Haut commissariat pour les réfugiés. Ainsi le Hcr prend en charge le logement des familles pendant six mois. Le groupe des agriculteurs, maraîchers et éleveurs ont une assistance sociale de trois mois et un mois et demi pour le groupe des commerçants.

Visite des sites des éleveurs, des agriculteurs et des maraîchers

La tournée a permis de rendre visite à trois groupes de refugiés sur leur site d’activités.

À Ouédémé-Pedah, nous sommes accueillis par un groupe d’éleveurs conduit par leur premier responsable Victor Kokou Latey. Après un tour des différents enclos des animaux élevés (lapins, chèvres, poules et autres), ce dernier fait part de leur nouvelle vie. « Nous sommes ramenés sur le site de Ouédémé Pédah. C’est le Hcr, Caritas Bénin, les autorités béninoises qui nous ont trouvé ce site pour développer l’élevage des petits ruminants dans le secteur lapin que nous exerçons depuis Agamè », raconte-t-il. C’est une initiative propre des éleveurs que le Hcr appuie. Il a indiqué que tous les éleveurs ont suivi une formation de trois mois à Agamè dans le domaine. Une formation financée toujours par le Hcr. Cependant comme l’adage le dit : ‘’On ne fait pas des omelettes sans casser les œufs’’. Le président confie qu’ils ont perdu une soixantaine d’animaux lors du déménagement d’Agamè à Ouédémè-Pédah. Outre ceci, il a indiqué être confronté à certaines difficultés pour l’instant. Il s’agit des problèmes de provende et d’herbes pour alimenter les lapins et autres.

Chez les agriculteurs

La délégation du Hcr et la presse arrivent à Djaka, toujours dans la commune de Comè. Sur ce site, cinq agriculteurs sont à pied d’œuvre. Ils défrichent. Là, un membre de Caritas-Bénin qui, travaille aussi aux côtés du Hcr explique : « Il y a quinze agriculteurs qui se sont fait administrer. Ils sont repartis sur un total de quatre sites. Il y a un site à Hoin-Agamè et trois autres au niveau de Comè. Et ces 15 agriculteurs sont sur une superficie de neuf hectares. Une famille inférieure à huit personnes, a droit à un hectare. Plus de huit personnes par famille ont droit à deux hectares. Tous ont déjà bénéficié des appuis que ce soit en logement et en substances et en matériels. Au niveau de la substance et du logement, nous avons aussi tenu compte de la taille de la famille. À cet effet, il dit que l’institution a fait ce qui relève de sa mission. « Le reste du processus, c’est à faire par les réfugiés », rappelle-t-il avant de signaler compter sur la bonne foi des refugiés pour que le processus arrive à bon terme.

Gadomé, chez les maraîchers

La dernière étape de la visite des sites de travail des réfugiés, nous amène à Gadomé. Là, un autre groupe de refugiés travaille manuellement le sol sur une superficie de deux hectares. Ce sont des maraîchers. Leur président, Atchrimi kodjo, raconte comment les autorités du milieu et le Hcr leur a permis d’avoir le terrain et les travaux réalisés : «Nous sommes cinquante familles sur le site de deux hectares. Ce qui fait aussi 50 personnes plus des dépendants. Ces dépendants sont les élèves qui, vont rejoindre l’effectif pendant les vacances. Le site a été baillé grâce au Hcr qui a payé l’acquisition du domaine s’élevant à cinquante mille francs l’hectare. Le défrichage a été fait par les tracteurs payé par le Hcr. Nous avons suivi une formation financée toujours par le Hcr depuis Agamè ». Cependant, il ajoute « On a des difficultés d’outil de travail, de forage, de canalisation de confection des planches ». Il espère que ces requêtes trouveront des solutions dans un bref délai. Au nom de ces collègues, il a souhaité agrandir le domaine pour pourvoir nourrir la commune de Comè et le Bénin en produits maraîchers. Car, pour lui, ces difficultés ne trouvant pas d’issue, auront des répercussions sur leur régime actuel de résident privilégié quand le Hcr va couper toutes les assistances après les six mois pour les logements et trois mois pour l’assistance sociale.

Edem ANAKA

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