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Adjinakou N° 2494 du 30/7/2014

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Opération port de casque Limites et avantages d’une réforme controversée
Publié le vendredi 8 aout 2014   |  Adjinakou


Obligation
© Autre presse par DR
Obligation de port de casque à moto : La répression démarre le 2 août prochain


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Depuis le 2 août dernier, le port de casque est devenu une contrainte dans les villes de Cotonou et d’Abomey-Calavi avant son intensification dans les autres villes. Pour l’heure, la répression ne prend pas en compte la qualité des casques. Ce dossier fait le tour de la question.




Quels buts pour quelles reformes ?
Le gouvernement de Boni Yayi a engagé depuis peu, des reformes dans plusieurs domaines. Ainsi, dans le domaine routier, trois reformes essentielles sont a remarquer. Il s’agit d’obliger les cyclistes à emprunter les pistes cyclables dans les grandes villes du pays. Aussi, le port de casque dont la répression a démarré il y a quelques jours à Cotonou et Calavi, est-il exigé. Ces deux mesures selon le ministre de l’Intérieur visent à réduire le taux d’accidents mortels dans les villes principales de notre pays. A toutes ces reformes s’ajoute la décision du ministre des travaux publics de faire immatriculer les engins à deux roules ou trois roux. Cette décision selon les autorités vise à diminuer la recrudescence des cas de vol des engins et les braquages qu’on enregistre tous les jours. Si ces mesures sont nécessaires pour la sécurité des personnes et de leurs biens, il n’en demeure pas moins que ces initiatives constituent pour la Police nationale, un fonds de rançonnement et d’escroquerie des paisibles populations. Au regard de la manière dont les policiers passent à la répression, on est bien tenté de s’interroger sur le bien fondé de ces initiatives.


Cosme KEKE


Flambée opportuniste du prix du casque

Peu avant la phase répressive du port du casque pour ce qui concerne les conducteurs des engins à deux ou trois roues, le prix du casque a considérablement grimpé sur le marché. Et pourtant, le gouvernement béninois avait prix une des mesures pour exonérer cet instrument. Une situation qui ne manque pas d’embarrasser les citoyens.


Depuis le 2 août 2014, plus aucun casque de qualité acceptable ne coûte moins de 8 000 francs Cfa sur le marché béninois. Face à cette situation qui ne tient nullement compte de la situation du pauvre motocycliste béninois, ce dernier est désormais contraint de débourser entre 8 000 et 32 000 francs Cfa pour s’offrir un casque conforme aux normes de la sécurité routière. A titre illustratif, il n’est pas superflu de citer le cas des casques de marques « Haojue » et « Sanya » qui étaient vendus dans un passé récent à 5 000f ou 6000f. Depuis quelques jours, ces casques dont la qualité n’a pourtant pas varié sont livrés à 10 000f Cfa. Pour justifier cette augmentation du prix de ces deux marques de casques sus citées, certains vendeurs rencontrés dans la ville de Cotonou, pointent du doigt accusateur leurs fournisseurs. Ainsi, ces sociétés distributrices de casques livreraient désormais les casques à 9 000f Cfa. Dès lors, pour se mettre à l’abri des verbalisations et autres formes de sanctions encourues en cas de non-conformité avec la nouvelle norme, les usagers recourent à des formes et qualités douteuses de casques. Face à cette hausse du prix du casque sur le marché, les populations se demandent ce à quoi aura donc servi l’exonération prônée par le gouvernement. Une interrogation qui risque de demeurer sans réponse vue le mutisme entretenu par le gouvernement au sujet du port obligatoire du casque. En attendant, certains usagers dont on est tenté de croire en la bonne foi sont livrés aux mépris des éléments de la Police nationale chargés de mettre en œuvre la répression de la mesure.

Rodrigue Tokpodounsi



Policiers-usagers : un petit jeu à se dribler
Certains usagers des grandes artères de la ville de Cotonou ne manquent pas d’astuces pour contourner le port obligatoire du casque. Face à cette situation, les forces de l’ordre affichent leur détermination à réprimer les conducteurs indélicats.


« Je passais tout à l’heure sans casque quand les policiers m’ont interpelé. J’ai dû aller m’acheter un casque pour pouvoir reprendre ma moto », expliqué Hubert Avognon, employé dans une entreprise de la place après avoir été interpelé par les éléments du Commissariat central de Cotonou. Il sonnait midi environs ce mardi 5 août 2014 au niveau des feux tricolores de Tokpa. A cette heure de pointe, sur un rond point qui drainait une grande foule, la présence des policiers qui rivalisaient d’ardeur pour décourager les quelques rares conducteurs qui n’ont pas porté leur casque était très remarquable. Ces hommes en uniforme profitent des moments où les feux tricolores virent aux rouges pour s’imposer. Dans un style courtois, les policiers invitaient les conducteurs sans casque à descendre de leur moto, qu’ils trainent vers leur « base ». Sur place, une équipe se charge de recevoir les conducteurs lorsque ces derniers reviennent avec un casque, preuve de leur droit de propriété à l’appui pour reprendre leur moto contre délivrance d’un reçu.

Dans un autre registre, un autre groupe de policiers se charges des personnes remorquées et qui ne portent pas de casque. Ces dernières sont astreintes à descendre de la moto pour laisser le conducteur en règle, continuer tout seul son chemin. « J’ai remorqué un client qui n’a pas porté de casque. Mais les policiers lui ont demandé de descendre » se désole Isidore H, conducteur de taxi moto. Pour échapper au contrôle de ces hommes, certains conducteurs ne manquent pas d’astuces. Certains taxis moto descendent leur clients quelques mètres avant le poste de contrôle. Ces clients remontent sur la moto après avoir traversé la zone de contrôle des éléments de la police qui opèrent. Un tour au niveau des carrefours Sobébra dans la journée du mercredi et on se rend compte de la présence des forces de l’ordre. De toute la matinée, trois motos ont été arrêtées, attendaient le retour de leurs propriétaires. Dans l’Après midi, les forces de l’ordre ont prix d’assaut d’autres carrefours de la ville avec la même ardeur qu’au départ de l’opération. C’est ainsi que va cette phase répressive du port du casque dans la grande métropole qui ne manque non plus d’enregistrer quelques foyers d’affrontement entre les populations et les forces de sécurité publique.

Rodrigue Tokpodounsi




Que dit la loi ?

La phase répressive du port de casque a démarré depuis le 2 août dernier dans la capitale économique du Bénin. Face à cette opération dont la population condamne la méthode utilisée par la police nationale, beaucoup sont les usagers de la route qui se demandent si cette opération est réglementée et que dit précisément la loi dans cette affaire.


En effet, cette opération a été déclenchée suite à un arrêté pris par le préfet des départements de l’Atlantique et du Littoral, Placide Azandé. C’est en se basant sur le décret n°72-113 du 27 avril 1972, prescrivant le port obligatoire du casque pour les conducteurs et les passagers des engins à deux roues et assimilés munis d’un moteur thermique ; que Placide Azandé a pris cet arrêté préfectoral en 2011. Mais, cet arrêté au sujet du port de casque n’a visé aucune loi en la matière. Il va sans dire que le préfet a simplement fait recours au Centre national de sécurité routière (Cnsr) et ses attributions. Il en est de même pour les préfets des autres départements du Bénin. Mais si on se réfère à l’article 5 de l’arrêté pris par le préfet Placide Azandé qui stipule que : « Tout véhicule visé à l’article 2 du présent arrêté, ne peut être vendu que muni d’au moins un casque normalisé qui en constitue un accessoire obligatoire. », l’on se demande si cette opération a été bien préparée et que si cet article est bien respecté. En effet, l’article 5 précise que les motos ne doivent plus être vendues sans casques. Depuis 2011 que cette disposition a été prise, qu’est-ce que la Police a fait pour que les vendeurs des motos livrent leurs marchandises avec les casques ? Ce n’est que l’application de cette disposition qui pourrait aider à faire respecter ce principe de port de casque obligatoire. Pour certains observateurs, cette répression basée sur un décret datant de 1972 n’est plus d’actualité vue que la société a évolué. Certes, la question du port obligatoire du casque par les conducteurs d'engins à deux ou trois roues au Bénin reste sans doute l'une des grandes problématiques de la sécurité routière dans notre pays mais les autorités en charge de cette opération doivent étudier la question sur le plan sociologique. Toujours selon les mêmes observateurs, il n’y a aucune loi qui réglemente cette répression et pour eux la police est dans un mauvais rôle.

Marc Kossou




« Le casque est une priorité, la qualité, on verra »
(Dixit le Commissaire Richard Akodandé)

Après six jours de répression des motocyclistes pour défaut de casque, quel bilan faites-vous ?


Le Commissariat central de la ville de Cotonou, se réjouit de l’adhésion de la population par rapport à l’opération port de casque. En fait, il s’agit des dispositions du décret 072-113 du 27 avril 1972 prescrivant le port de casque obligatoire aux conducteurs et aux passagers des deux roux des moteurs thermiques. Cette réglementation, la Police nationale a fait respecter à la population pendant des mois. Et depuis le 2 août, nous sommes à la phase répressive. Et donc, après six jours, le bilan qu’on peut faire est que la population du Bénin en général et celle d’Abomey-Calavi et de Cotonou en particulier, a opté pour sa sécurité. Et c’est ce qui explique que plus de 92% des usagers des engins à deux roux de ces deux villes sont munies de leur casque lorsqu’ils sont sur leur moto. C’est vrai l’opération a fait l’objet de quelques critiques notamment, la qualité des casque, leur coût. Mais la police n’est pas la structure qui est chargée d’importer les casques. Et c’est pourquoi j’en appelle aux sens patriotiques des vendeurs de motos pour qu’ils cessent de faire de tracasseries inutiles aux populations et que ces vendeurs là se disent qu’on veut de l’argent et engranger des bénéfices, mais il faut en même temps vendre les motos avec les casques pour que la population cesse de refaire les tracasseries pour aller chercher les casques.

L’opération a été également émaillée de quelques sauts d’humeurs qui ont été l’œuvre des badauds incontrôlés qui veulent profiter de cette opération pour créer de désordre ; et Dieu seul sait à qui ils veulent profiter. Et donc notre pays ne veut pas le désordre c’est pourquoi la population a pris la mesure de l’enjeu et elle est en train de s’accommoder à cette disposition. C’est le lieu et l’occasion d’inviter les préfets de nos départements à commencer ces opérations là dans les départements en collaboration avec les directions départementales de la Police et les compagnies des gendarmeries pour que dans tous les coins du pays, chacun comprenne l’importance de l’utilisation des casques pour éviter des morts drastiques, des morts par hécatombe, et en pagaille à nos citoyens, parce que le pays paie le lourd tribut de ces citoyens. C’est le bilan qu’on peut faire de cette opération aujourd’hui.


Quelles dispositions prenez-vous pour corriger les ratés ?

La police reste ouverte aux contributions pour améliorer l’opération ; mais pour le moment, les contributions que les uns et les autres sont en train de faire, sont reversées à un comité qui les analyse. Il serait superflu de les lister car les contributions viennent à flot. Et c’est pourquoi nous allons les travailler, car c’est une œuvre humaine, elle est perfectible et nous allons la perfectionner.


Qu’en est-il de la qualité des casques ?
Aujourd’hui, le débat c’est de faire comprendre à chacun, l’opération du port de casque. Et il ne revient pas à la police le rôle d’importer les casques. Il faut que chacun intériorise l’opération, le casque est une priorité, la qualité, on verra. Dès lors que les importateurs des motos vont mettre du sérieux, le débat sur l’homologation ou la qualité des casques, le débat sera dépassé. Donc il ne m’appartient pas de dire que dès demain, nous allons voir la qualité des casques, ce n’est pas çà le problème.


Propos recueillis par Gathum G.





Ils ont dit
Alphonse Koundande, conducteur de taxi moto
« Cette affaire de casque est en partie bonne. On sait que c’est notre bien qu’ils veulent mais pourquoi nous forcent-ils à mettre forcément un casque alors que son prix n’est pas moins de 10000. Ce n’est pas facile de gagner de l’argent pour se nourrir et nous allons payer des casques à ce prix là ? Ce n’est pas bon. Eux-aussi doivent se mettre à notre place pour voir si c’est aussi facile. On n’est pas contre mais ce n’est pas pour autant qu’ils vont nous brutaliser. Le temps est dur et ils ne s’inquiètent pas de comment nourrir la population. Nous sommes quand même dans notre pays et on nous embête de la sorte. Ce n’est pas bon ».


Comlan Houndjo, Conducteur de taxi moto
« C’est bien ce qu’ils ont fait sauf que le fait de descendre les clients de la moto est ce que nous déplorons. C’est difficile de trouver de l’argent et le peu que nous arrivons à obtenir on ne nous enlève encore. Maintenant ils nous exigent de prendre de casque alors que ce que nous gagnons ne suffit pas. Même s’il le faut, c’est doucement qu’ils doivent procéder, pas en nous brutalisant. C’est vrai que c’est pour notre bien mais la manière n’est pas bonne ».



Propos recueillis par Xavier Fagbohoun (Stag)

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