L’Union fait la Nation (Un), à travers l’ancien ministre des Affaires étrangères et député à l’Assemblée nationale, Antoine Kolawolé Idji, continue de s’inquiéter de la situation sociopolitique nationale. Dans une lettre envoyée au Président américain, Barack Obama, elle s’inquiète du blocage de la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) et des manœuvres du Chef de l’Etat à s’ouvrir l’autoroute de la présidence à vie. L’Union fait la Nation soutient alors que ces dérives du Pouvoir en place sont des menaces pour la paix et l’Etat de droit au Bénin. Lire la lettre.
A
Son Excellence Monsieur Barack Obama
Président des Etats-Unis d’Amérique
Nous nous adressons à votre Excellence à l’occasion de la rencontre que vous organisez les 5 et 6 Aout 2014, avec un grand nombre de dirigeants du continent africain.
L’Union fait la Nation (Un) est une alliance politique en République du Bénin, la principale Alliance politique de l’opposition, engagée au parlement et dans l’action politique en général, contre la politique du Président Boni Yayi.
Monsieur le Président,
L’Union fait la Nation s’adresse à vous pour vous exprimer son immense espoir que de la présente rencontre, sortiront des décisions qui conforteront les peuples africains dans leurs luttes pour la dignité, pour la justice, pour la sécurité et la paix. Vous connaissez l’irrépressible aspiration de nos peuples à vivre mieux, à jouir de la démocratie et des libertés, et à vaincre définitivement l’autocratie et la dictature.
Une petite minorité impose en effet à nos peuples la corruption et l’impunité, en instrumentalisant les différences de région, de tribus et de religion. Le terrorisme et d’autres actes destructeurs et désespérés de même nature sont incontestablement, la résultante de cette gouvernance inacceptable et que rejettent les peuples africains.
Monsieur le Président,
Comme vous le savez, les pays et les peuples africains ne bénéficient toujours pas de relations équilibrées et équitables avec le monde développé. Notre espoir est que vous avez l’intention aujourd’hui d’engager les Etats-Unis dans un partenariat radicalement nouveau et prometteur avec l’Afrique.
L’Afrique a soif de justice et d’équité.
L’Amérique a les moyens de contribuer puissamment à stopper le pillage des ressources de l’Afrique, source de guerre et de pauvreté, pour lui donner une chance, enfin, de connaitre une croissance en phase avec le développement véritable, seul capable d’arrêter la misère, les épidémies récurrentes, l’émigration sauvage des désespérés d’un continent à bout de souffle.
Pour atteindre ces grands objectifs, les peuples africains sont prêts et décidés à jouer pleinement leur rôle historique de citoyens libres et responsables de leur destin. Leur plus grand handicap dans la plupart des Etats dont vous recevez les dirigeants reste l’absence de démocratie et des libertés qu’elle exige.
Nous souhaitons que vous-même, et votre gouvernement ne laissiez aucun doute sur la détermination des Etats-Unis d’Amérique à se tenir effectivement aujourd’hui, encore plus qu’hier, aux cotés des peuples africains, en lutte pour la démocratie et les libertés, et pour la constitution des Institutions justes et fortes.
Monsieur le Président,
Au Bénin, l’opposition se bat avec courage pour l’avènement d’un Etat de droit. Malheureusement, le régime du Président, Boni Yayi caporalise toutes les Institutions démocratiques. Elles n’inspirent plus confiance à l’immense majorité des citoyens béninois. L’opposition est privée du minimum de moyens qui lui permettraient d’exister et de se faire entendre, en violation flagrante des lois de la République. Ainsi, contrairement aux dispositions claires de la loi, l’Union fait la Nation est bannie de tous les médias du service public, et nos recours devant la justice n’ont pu régler cette situation.
Monsieur le Président,
Une grande inquiétude saisit aujourd’hui le peuple béninois au sujet de deux questions d’importance capitale. Il s’agit de la Liste Electorale Permanente Informatisée et de la fin du mandat du Président Boni Yayi.
1. Les élections communales et locales n’ont pas pu se tenir depuis une année et demie, faute de Liste Electorale, transparente, retardée à dessein.
En ce moment, une Liste Electorale est en cours de confection, et nous avons tout lieu de craindre qu’elle soit tout, sauf consensuelle et transparente. Le Gouvernement y détient, seul, les leviers essentiels y compris matériels et financiers. Une Commission électorale nationale autonome vient d’être désignée, et le président a placé à sa tête, un de ses hommes les plus proches.
2. Le Président Boni Yayi avait promis urbi et orbi, y compris à vous-même, monsieur le Président, que son deuxième mandat serait aussi le dernier, conformément à la Constitution du Bénin.
Mais, en ce moment, des signes nombreux et variés font craindre le contraire. Comme pour préparer l’opinion publique à ce changement dramatique et déstabilisateur, un ministre du Gouvernement a déclaré à la télévision qu’il est bien possible que le président Boni Yayi effectue un troisième mandat à la tête du Bénin.
Pour tout démenti à cette affirmation anti constitutionnelle, un autre ministre du même gouvernement s’est contenté de déclarer que ce n’était pas le Président Boni Yayi qui était demandeur !!!! La manipulation est clairement à l’œuvre.
L’Union fait la Nation s’opposera à cette tentative d’assassinat de la démocratie Béninoise.
Dans cette lutte, et aussi dans la lutte pour nos libertés et le maintien d’institutions démocratiques fortes, nous comptons sur vous, comme sur l’appui du peuple américain.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de notre très haute considération.
Pour le Bureau Politique de l’Un,
A. Kolawolé Idji
Ancien ministre des affaires étrangères et de la coopération,
Ancien président de l’Assemblée nationale du Bénin,