L’ancienne ministre des Finances, Mathys Adidjatou a décrié la persécution organisée par le président Yayi Boni contre les opérateurs économiques. Elle a confirmé le désastre causé par la gestion hasardeuse de Yayi Boni. Une grande voix qui sait de quoi elle parle, ont fait remarquer des observateurs.
La rencontre du Groupe des femmes pour une autre gouvernance au Bénin d’Azalaï Hôtel de la plage était une occasion pour Mathys Adidjatou de vitupérer le système Yayi. Devenue opposante au Chef de l’Etat après son éviction du gouvernement en avril 2012, l’ancienne ministre des Finances a relevé des torts causés à la Nation par la majorité au pouvoir. Elle a dit ses vérités sur la gouvernance économique du Bénin. Mathys Adidjatou a en effet soutenu que la chasse aux sorcières en cours dans le secteur privé national est une plaie. C’est un mal qui ronge le Bénin et qui compromet ses chances de sortir de la misère, selon elle. A en croire sa déclaration, la cabale haineuse orchestrée par le système contre les hommes d’affaires nationaux a détruit près de 10 000 emplois. « Je les connais. Leur politique a détruit l’économie nationale. Elle a fait fuir les opérateurs économiques nationaux. Et les jeunes souffrent. Nos mamans souffrent, la population souffre. On ne sait à quel saint se vouer », a-t-elle fait savoir en langue Fon face aux femmes. « Le pays est éploré… on a défendu le Changement. Et le changement nous a tous floués. Je me demande si c’est le Bénin. On est devenu tous des enfants placés. C’est difficile. Le gouvernement nous fait croire qu’il y a de la croissance économique. Mais sur le terrain, le panier de la ménagère est vide. Ça se complique de plus en plus pour les populations », a-t-elle ajouté. Evoquant la Table ronde économique de Paris, l’ancienne ministre a indiqué que c’est du trompe-l’œil dont les Béninois doivent se méfier. « L’initiative est prise vers la fin d’un mandat et ne pourra en toute vérité profiter aux populations. On veut montrer qu’on a travaillé pour atteindre des objectifs. Soyons vigilants », a-t-elle expliqué avant d’appeler les femmes à un engagement réel. « Il ne faut aucunement permettre aux manipulateurs de détruire cette République. Le pays existe avant eux (le gouvernement et ses affidés, Ndlr) et continuera d’exister après eux », a-t-elle poursuivi. L’air serein, elle lâchera pour finir : « Mais cela ne peut durer. Les femmes doivent se battre pour que les choses changent. On ne va pas se résigner. Les femmes ont le devoir de s’exprimer. Je les connais. Rien ne nous arrivera ». Les termes choisis sont durs. Ils trahissent la déception d’une citoyenne ; une citoyenne qui ne baisse pas la garde puisqu’elle a appelé à plusieurs reprises dans son speech les femmes à la mobilisation. Et au regard de l’expérience qu’elle a réalisée auprès de ce gouvernement, on peut oser affirmer qu’elle sait de quoi elle parle. Des observateurs partagent la même opinion. Mathys Adidjatou a craché ce qu’il fallait dire à ce gouvernement désormais déconnecté des vrais problèmes du peuple. Elle l’a dit avec une combattivité impressionnante qui galvanise le Groupe des femmes pour une autre gouvernance au Bénin.