A moins d’un miracle, la proposition de loi retirant le droit de grève aux magistrats est désormais rangée dans les tiroirs de l’Assemblée nationale. C’est la lecture à faire de la décision de suspension de la plénière du mardi 5 août 2014. Du coup, les espoirs et la volonté déguisée du président Yayi Boni, à travers ses « vouvouzélas » au Parlement, de mettre en péril les libertés démocratiques sont dorénavant hypothéqués. Mathurin Nago a su stratégiquement sortir le peuple béninois de l’emprise programmée de son mentor Yayi Boni, pour mieux se positionner en 2016.
Les espoirs du président Yayi Boni à confisquer au peuple béninois ses libertés démocratiques sont à rudes épreuves à l’Assemblée nationale. Yayi Boni doit se poser des questions sur les forces et les faiblesses des députés de la majorité parlementaire à donner caution à ses ambitions. A quelques mois de la fin de leur mandat, la minorité parlementaire aidée par des députés ardents défenseurs des libertés démocratiques ont dicté leur loi, à travers le blocage de l’étude de la proposition de loi portant modification de l’article 18 de la loi n°2001-35 du statut de la magistrature du 21 février 2003. Ce, en liaison du sens de discernement accru du président de l’Assemblée nationale, le professeur Mathurin Coffi Nago. En réalité, Mathurin Coffi Nago a usé d’astuces politiques pour contourner la détermination des députés signataires de cette proposition de loi à confisquer coûte que coûte les libertés démocratiques aux magistrats. Ainsi, ces députés, entre autres, Djibril Débourou, Sacca Lafia et Chabi Sika sont décidés à montrer leur attachement aux idéaux du roi Yayi. Alors qu’ils sont déjà forclos. Yayi Boni veut à dessein les rendre davantage impopulaires, et ramener de nouveaux députés en 2015, pour assouvir sa soif inextinguible de briguer un troisième mandat. Ceci, par la révision de la Constitution en 2015, parce qu’il pourra compter sur de nouveaux lieutenants.
Nago et la ruse politique
Dans ce bras de fer qui opposait des signataires et contestataires de cette proposition de loi, le président Nago est arrivé à être au- dessus de la mêlée. En effet, il était impossible de trouver un arrangement pour poursuivre l’étude de cette proposition de loi. Les positions se durcissant davantage aussi bien entre les signataires et la Commission des lois, Mathurin Nago s’est vu obligé de taper du poing sur la table pour siffler la fin de la récréation. Ceci, en dépit de la contestation farouche de Sacca Lafia et consorts…Ainsi, après les marches de protestation des magistrats qui ont créé un bras de fer entre Union et le bureau du président Nago, la raison a fini par prendre le dessus. En réalité, le président Nago a usé d’une ruse qui ne dit pas son nom. Car, il n’était pas partant pour la suppression des droits de grèves aux magistrats qui ont un précédent avec le gouvernement de son pays. Mathurin Nago, bien qu’embarrassé par la réponse du gouvernement, qui a échoué dans les négociations avec les magistrats, et la détermination des députés signataires à voter cette loi sans arguments valables, a décidé que cette loi soit rangée jusqu’à nouvel ordre. Il proposa à un comité ad’ hoc de rechercher le consensus. Dans l’impossibilité de faire avancer les choses aussi bien au niveau de ce comité qu’au niveau de la commission des lois, Nago a décidé de trancher. Par conséquent, formule ce dernier, après tant de nuits blanches sans succès, plus rien n’est possible. Nago va déclarer alors l’Assemblée incompétente à cet stade de la poursuite des travaux avant de lever la plénière ce mardi 5 août 2014. Avec une telle décision, Nago devient depuis ce mardi le « chouchou » des magistrats. En témoigne la reconnaissance adressée sur la toile à lui, par le président de l’Unamab, Michel Adjaka, quelques minutes après le verdict prononcé par ce dernier.