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Notre commun destin en 2016
Publié le mercredi 13 aout 2014   |  24 heures au Bénin




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A l’occasion de son discours de célébration de nos 54 ans d’errance indépendante, le Bon Berger nous a annoncé que les élections qu’il n’a pas organisées finiront bien par avoir lieu. Et c’est vraiment gentil de sa part puisque c’est de son bon vouloir que dépend désormais l’organisation des élections et non point des règles fixées par la Constitution. Et nous avons pris acte de sa très bonne volonté.


​De même que nous avons pris acte depuis longtemps des difficultés que rencontre sa très bonne volonté de nous doter d’une Liste électorale permanente informatisée (LEPI) afin de nous éviter la répétition avec son successeur en 2016 de l’invraisemblable KO de 2011. Cette très bonne volonté force l’admiration de tous les démocrates. Puisse Dieu, qu’il aime et dont il saupoudre ses discours, puisse Dieu l’aider à bien toiletter la LEPI, si elle existe, ou à la créer en cachette, si celle qu’on veut toiletter relève plus du virtuel que du réel.
​Mais, et comme le laisse entrevoir l’obligation faite à dix millions de Béninois d’acheter et de porter des casques (la mesure enrichit le fisc dont vit l’Etat), la difficulté des difficultés est à venir : le Bon Berger pourrait nous annoncer qu’il a découvert, avec effarement, qu’il n’y a même pas de budget pour les présidentielles de 2016. Rien de nouveau sous le soleil. Ce refrain nous a déjà été chanté à la veille des présidentielles de 2006, et il n’est pas sûr que le disque soit rayé. Ne serait-ce pas lui que nous a récemment joué de façon subliminale notre plus célèbre agriculteur qui se trouve être une agricultrice ?


​Si par malchance, la très bonne volonté plurielle du Bon Berger continue d’être entravée par le très mauvais œil, s’il n’arrive pas à rattraper et organiser les élections passées pour les très bonnes raisons qu’il nous dira, s’il ne peut pas organiser les élections futures parce que les très mauvaises gens n’ont prévu depuis 2011 aucun budget pour cette certitude connue, si la LEPI continue de jouer brillamment à Jacques-où-es-tu, bref, si le Bon Berger continue de jouer de malchance dans ses efforts inlassables pour assoir et consolider la démocratie béninoise, il est très clair que, malgré lui, il nous abandonnera sans rien et sans avenir à son départ assuré le 6 avril 2016.


Nous pleurerons et nous lui ferons des adieux très sincères pour nous avoir trop bien servis en dix années de malchance ininterrompue. Rien, hélas, n’aura été de sa faute. Nous essuierons nos larmes et nous nous mettrons à la tâche. Il sera temps et grand temps. Frantz Fanon dit quelque part en substance que chaque génération doit empoigner son destin et l’assumer. Jeunes et vieux, nous assumerons notre commun destin en avril 2016. Le peuple qui a inventé la Conférence Nationale pour se sortir sans casse de l’impasse, le peuple qui a accepté stoïquement le KO électoral frauduleux de 2011 pour refuser courageusement le chaos politique et social, ce peuple a des pistes novatrices et salvatrices pour 2016.

Nous ne sommes pas des génies. Sur les ruines que nous aura léguées le Bon Berger de Malchance, nous ne pourrons élever aucune élection présidentielle crédible en quarante jours comme nous l’impose l’article 50 de notre Constitution, ‘‘en cas de vacance de la Présidence de la République’’. On peut le dire dès à présent, au bout de dix années d’errance imposée, il ne nous sera guère possible d’honorer dans le temps constitutionnel les quatre alinéas de cet article 50. Peut-être devrons-nous mettre provisoirement sous boisseau notre Constitution et confier pendant une année la gestion du pays à une instance non constitutionnelle, le temps de nous organiser pour organiser des élections présidentielles irréprochables. Nous lèverons alors le boisseau et la Constitution du 11 décembre 1990 revivra. De toute façon, nous devrons innover en 2016 pour assumer notre commun destin.

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