Nombreuses sont les femmes qui font partie des acteurs du secteur de l’agriculture au Bénin. Dans le souci de voir leurs conditions de travail s’améliorer et leurs besoins spécifiques, pris en compte, elles se sont regroupées au sein de l’Association nationale des femmes agricultrices du Bénin (ANaF-Bénin).
Au-delà de la défense des questions du genre, cette association qui a pour présidente, Louise Aylara, se bat aussi pour leur meilleure représentativité au sein des instances de décisions de la Fédération des unions de producteurs du Bénin (FUPRO-Bénin).Les femmes agricultrices du Bénin sont quotidiennement confrontées à de nombreuses difficultés. C’est pour se mettre à leur chevet que l’Association nationale des femmes agricultrices du Bénin (ANaF-Bénin) a vu le jour le 22 janvier 2007.
Structurée du hameau jusqu’au niveau national, elle compte environ 2853 groupements féminins à la base et 59.853 membres individuels dont 436 hommes.Selon sa présidente, Louise Aylara assistée de son coordonnateur Germain M. Dossou, son avènement vise à favoriser la prise en compte des besoins des groupements des femmes agricultrices en termes de mise en œuvre de leurs activités génératrices de revenus, puis à défendre leurs intérêts stratégiques pour un environnement favorable au développement durable n’excluant pas les questions du genre. Seulement, avoue la présidente, intégrer ces femmes dans les Conseils d’administration de la FUPRO-Bénin et de ses démembrements, en leur permettant d’occuper le 1/3 des postes de prises de décisions, n’a pas été facile.
Bataille pour l’amélioration des conditions de travail
Par rapport à leurs besoins, explique-t-elle, il s’agit de leur faciliter l’accès aux équipements de transformation, aux crédits et aux marchés dans le cadre de la distribution de leurs produits, puis au renforcement de leurs capacités. Pour Louise Aylara, le plus important consistera à contribuer de façon durable à l’épanouissement des femmes agricultrices, à œuvrer en toutes circonstances à la sauvegarde de leurs intérêts, à assurer leur représentativité au niveau de toutes les instances de développement.
Il s'agit aussi «de faciliter la concertation entre les membres de l’association en vue de la promotion du genre dans le secteur agricole, d’œuvrer pour la promotion des droits de la femme en général et des agricultrices en particulier, de mener des recherche-actions participatives sur les questions relatives à l’autonomisation de la femme sur les plans économique, social, politique et culturel, améliorer les conditions sanitaires des femmes en luttant contre les maladies telles que le VIH/Sida et le paludisme», a-t-elle insisté.
Plaidoyer pour la cause du Genre
«Tout le monde crie le Genre. Mais est-ce qu’il est réellement pris en compte dans le secteur agricole ? », s’est-elle inquiétée en faisant le plaidoyer pour un environnement favorable et durable dans le cadre de l’épanouissement de la femme agricultrice.
A ce niveau, poursuit-elle, il y a des thématiques sur lesquelles, l’association est en train de travailler actuellement comme l’accès des femmes au foncier et le financement de leurs activités génératrices de revenus.S’agissant du niveau auquel se situe la lutte des femmes agricultrices par rapport à l’accès à la terre, parlant du Code foncier, Louise Aylara a rassuré que c’est une question qui tient beaucoup à cœur à son association.
«Aujourd’hui, vous allez dans les zones reculées, les multinationales et autres personnes se sont accaparées de toutes les terres et des champs.
Si les hommes de nos campagnes n’arrivent pas à s’en sortir, qu’en sera-t-il des femmes ? Elles ont intérêt à rester à leurs côtés pour mener ce combat.
Toutefois, c’est déjà bien qu’elles commencent également par hériter des terres au même titre que les hommes», se réjouit la présidente Louise Aylara.Comme activités, l’ANaF-Bénin a mené diverses actions. Appuyée par des partenaires comme la Coopération Suisse contact, Wildaf-Bénin, Agri Terra et la FUPRO-Bénin, elle a par exemple organisé au profit des filles et des femmes, des campagnes de sensibilisation sur les thèmes liés entre autres à la succession, à la violence faite aux femmes, à la séparation de corps et le divorce, les conditions de fond, de forme et des règles du mariage, les cas de mariage forcé, la dot, le veuvage, bref tout ce qui concerne le Code de la famille. Outre le genre et le développement, elle a aussi sensibilisé les femmes sur le Code foncier.
Des perspectives porteuses d’espoir
Comme difficultés, la présidente de l’ANaF-Bénin évoque surtout l’insuffisance de développement d’empowerment des femmes pour leur autonomisation. D’où nourrit-elle comme perspectives pour son association, l’amélioration de son membership à travers le renforcement de la structuration, le plaidoyer pour l’accès des femmes aux ressources productives et pour une implication des femmes agricultrices dans les instances de prises de décisions à différents niveaux du processus de développement.
La mobilisation des ressources financières pour l’autonomisation des femmes tient également à cœur à Louise Aylara. « On doit renforcer aussi l’action des femmes agricultrices dans le développement des chaînes de valeurs agricoles.
L’ANaF-Bénin est en train d’élaborer un plan de plaidoyer afin qu’une ou deux autres filières comme le palmier à huile, le soja ou le maïs viennent s’ajouter au coton, pour la relance de l’agriculture béninoise », a ensuite indiqué la présidente.
Par ailleurs, elle a foi que le chef de l’Etat, Boni Yayi, est conscient de la contribution combien de fois appréciable des femmes agricultrices dans le processus de développement national.
Le moment venu, rassure-t-elle, il saura leur témoigner sa reconnaissance et celle de toute la nation. Convaincue des conditions difficiles dans lesquelles les membres de son association travaillent, elle les a exhortées au courage et à la persévérance.