COTONOU- Un magistrat béninois, qui a ordonné un non-lieu pour l’homme d’affaires Patrice Talon et ses présumés complices accusés d’une tentative d’empoisonnement du président Thomas Boni Yayi dit
s’être vu retirer son passeport par les autorités et craindre pour sa vie.
Le juge d’instruction Angelo Houssou a demandé vendredi la mise en liberté des présumés coupables dans la tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat, faute de preuves sur le mystérieux complot d’octobre dernier, suite à quoi la défense de M. Boni Yayi a immédiatement fait appel.
Arrêté par les autorités béninoises alors qu’il tentait de franchir la
frontière nigériane le même jour dans la soirée, M. Houssou a été ramené à son domicile de Cotonou, où il dit être surveillé par l’armée en permanence.
"Mon passeport est entre les mains de la police, il m’a été interdit de sortir du territoire", a-t-il déclaré à l’AFP mardi. "Depuis que je suis rentré chez moi, ma vie est en danger" a-t-il confié à des journalistes.
"Les agents de l’armée qui sont avec le juge Houssou assurent sa sécurité", a assuré mardi à l’AFP le ministre béninois de l’Intérieur Benoît Degla.
M. Houssou dit s’être rendu à la frontière nigériane vendredi soir parce qu’il comptait passer le week-end de la Pentecôte à Lagos.
M. Degla met en doute la version du magistrat, puisque celui-ci "était muni de trois grosses valises et de deux sacs à main; dans l’une des valises se trouvaient 19 costumes, 28 chemises, huit pantalons, 21 paires de chaussures et 7.000 dollars".
"Il avait sur lui également un passeport avec visa de trois ans pour les Etats Unis", a précisé le ministre de l’Intérieur.
Les autorités judiciaires béninoises avaient accusé fin octobre 2012 Patrice Talon, un magnat du coton et ancien proche du président Boni Yayi tombé en disgrâce, d’être l’instigateur d’un complot de tentative d’empoisonnement du chef d’Etat.
Quatre autres personnes ont été inculpées dans cette affaire, dont la nièce et collaboratrice du président et son médecin personnel. Les présumés complices de M. Talon restent incarcérés, malgré l’ordonnance de non-lieu, jusqu’au procès en appel.
Un proche collaborateur de M.Talon, Olivier Bocco, fait aussi l’objet d’un mandat d’arrêt international, pour complicité dans la même affaire.
M. Talon a été arrêté puis remis en liberté à Paris, où il a été placé sous contrôle judiciaire. La justice française doit se prononcer mercredi sur la demande d’extradition de Cotonou vers le Bénin.