Le verdict est tombé hier après-midi. Le troisième gouvernement du second mandat de Boni Yayi est composé de 27 membres dont quatre femmes. Pas donc de réduction du nombre de portefeuilles encore moins de promotion du genre. Au contraire, le nombre de femmes est passé de six à quatre. Au total, la nouvelle liste enregistre 7 entrées, 7 départs et 4 permutations. A première vue, rien d’extraordinaire dans la composition de la nouvelle équipe. Mais, un décryptage approfondi permet de comprendre que l’actuel locataire de la Marina n’a rien fait au hasard. Il ne pouvait en être autrement. En fin stratège, Boni Yayi a formé un gouvernement qui va lui permettre d’être le maître du jeu des élections législatives de 2015 et des présidentielles de 2016. En effet, avec ce gouvernement, les calculs sont simples. Yayi met tous les atouts de son côté pour avoir la majorité absolue lors des prochaines législatives, passe à la révision de la Constitution et se donne le droit de rêver à un troisième mandat ou au cas contraire, il se lance dans la bataille de 2016 pour imposer son successeur. Bref, il est fort probable que les élections législatives de 2015, conditionnent d’autres réajustements du gouvernement en vue de 2016.
7 départs pour autant de raisons
Jonas Gbian parmi les sortants
D’ailleurs, la première victime de 2016 parmi les ministres sortis du gouvernement n’est personne d’autre que le désormais ancien argentier national, Jonas Gbian. C’est un secret de polichinelle. Jonas Gbian paie pour l’ambition présidentielle de son frère, Robert Gbian. Des indiscrétions font même état de ce que l’aura du frère présidentiable a tellement pourri les relations entre Yayi et son ministre des finances que depuis un certain temps, les échanges entre les deux hommes sont devenus rares comme les larmes d’un chien. Pour preuve, lors de la dernière visite du chef de l’Etat et de certains de ses ministres à Washington, il n’y avait pas trace de Jonas Gbian. C’est tout simplement un cadre de son cabinet qui a été désigné par le chef de l’Etat pour effectuer le voyage de Washington. De plus, il se dit que si le chef de l’Etat veut des informations, il traitait avec le Directeur de cabinet de son ministre des finances.
En ce qui concerne le départ des ministres Martial Sounton et Fatouma Amadou Djibril, il va sans dire que l’actualité de ces derniers mois ne leur a pas été favorable. Pour le premier, l’organisation des derniers concours caractérisée par un désordre indescriptible lui aura été fatale. Et malgré le temps qu’il a déjà passé au gouvernement et son appartenance au lobby religieux des ‘‘Born again’’, la tempête ne l’a pas épargné. Pareil pour Fatouma Amadou Djibril emportée non seulement par la gestion approximative de la campagne cotonnière mais aussi par sa légèreté communicationnelle en évoquant la possibilité d’un troisième mandat pour Boni Yayi.
Les deux anciens préfets out !
François Houessou et son collègue Denis Ali Yérima sont sortis du gouvernement
Le destin commun de Denis Ali Yerima et de François Houessou se poursuit. Entrés au gouvernement tous deux en étant respectivement préfets des départements du Borgou-Alibori et de l’Ouémé-Plateau, ils sont aussi passés à la trappe au même moment. Mais pour des raisons diverses. Si pour Denis Ali Yerima, il peut être évoqué le manque d’un activisme politique à la hauteur des attentes de son chef, pour François Houessou, c’est surtout la grogne au sein de la police avec le fameux dossier sur les frais de patrouille qui serait à la base du retrait de la confiance à lui accordée par le chef de l’Etat.
L’ambassadeur Bio Toro Orou Guiwa visiblement déconnecté par les réalités de la gouvernance politique à l’ère du changement et de la refondation n’a jamais véritablement trouvé ses marques depuis sa nomination. Peut-être trop tendre, pas du tout politique pour Boni Yayi qui a préféré le sacrifier en vue de l’atteinte de ses objectifs personnels. Pour Martine Dossa et Zè qui n’ont plus place au sein du gouvernement, les raisons sont presque similaires. Toutefois, le Ministre de la santé garde son poste en attendant son élection en septembre prochain à l’Oms. Là, il y aura encore un poste ministériel à prendre pour ceux qui sont toujours dans le starting-block.
Mais contrairement à tous ces ministres qui n’ont pas trouvé grâce aux yeux de Yayi, certains ministres du septentrion à l’instar de Kassa, Djemba tout comme certains qui y font leur entrée peuvent se frotter les mains. Car, ils continuent pour les uns de siéger au gouvernement et pour les autres de faire leur entrée pour contrer les percées des présidentiables que sont Bio Tchané et Robert Gbian, notamment dans les départements de l’Atacora, de la Donga, du Borgou et de l’Alibori.