Les personnes handicapées sont victimes d’une double discrimination si l’on s’en tient aux explications données hier mercredi 20 août, par leur collectif, à travers les Groupements des aveugles catholiques du Bénin (ACAB) et celui des Intellectuels pour la réflexion et l’action pour le bien-être des personnes handicapées du Bénin (GIRABEPH). A la faveur d’une conférence de presse qu’il a animée à la Bourse du travail à Cotonou, il a exprimé son ras-le-bol sur la question de l’employabilité pour laquelle, il dit être exclu et réclame un meilleur sort.
Par Maryse ASSOGBADJO
Pendant combien de temps encore les personnes handicapées continueront-elles d’être marginalisées, en ce qui concerne notamment la question de l’employabilité au Bénin ? Selon le collectif des personnes handicapées du Bénin, cette question est loin de préoccuper les pouvoirs publics en dépit de toutes ses actions pour mettre les compétences de ses membres au service de leur pays. C’est le cri de cœur que ledit collectif a lancé hier à la faveur de la conférence de presse qu'il a animée. Cette énième sortie, selon les membres de ce collectif, constitue à la fois, un appel et un avertissement à l’endroit du gouvernement.«La génération actuelle des personnes handicapées est résolument engagée à réécrire en lettres d’or, l’histoire des personnes handicapées, victimes d’une kyrielle de discriminations», a déclaré le chargé de communication du Groupement des intellectuels pour la réflexion et l’action pour le bien-être des personnes handicapées du Bénin (GIRABEPH), Henry Tchikpoto.«Les personnes handicapées, loin d’être des individus à cacher et à oublier, doivent plutôt être des valeurs à encourager et à promouvoir», défend-il. «Dans nos rangs, sont issus des cadres émérites dans tous les domaines pour servir aussi de main d’œuvre, mais force est de constater que nous sommes laissés à notre sort et voués à une misère qui ne dit pas son nom», a-t-il regretté. C’est pour cette raison que le collectif à travers les Groupements des aveugles catholiques du Bénin (ACAB) et celui des Intellectuels pour la réflexion et l’action pour le bien-être des personnes handicapées du Bénin (GIRABEPH), a voulu marquer une pause afin d’appréhender l’avenir. D’où leur sortie médiatique d’hier pour attirer l’attention du gouvernement sur leur situation.
Exclusion et marginalisation
Pour les conférenciers, la République va mal, parce que certains citoyens sont voués à une discrimination négative. L’état des lieux de l’employabilité des personnes handicapées au Bénin révèle un constat amer, estiment-ils. «Exclusion et marginalisation font notre lot quotidien. C’est depuis des lustres que perdure cette situation sans qu’aucune solution digne ne soit trouvée », se désole Henry Tchikpoto. De quoi susciter une série d’interrogations à son niveau. Quand serons-nous impliqués dans le développement de notre pays en tant que citoyens à part entière ? Comment comprendre que nous sommes les produits du système éducatif béninois au même titre que nos concitoyens et que l’opportunité ne nous soit pas offerte de faire valoir nos compétences ? L’Etat béninois doit-il continuer d’assurer notre formation sans faire montre d’aucune volonté manifeste de nous employer dans ses différents services ? De quelle race sommes-nous issus et à quel peuple appartient le Bénin pour continuer de vouer ses citoyens à cette misère ?». autant de préoccupations sur lesquelles, il interpelle la conscience des pouvoirs publics et exhorte le gouvernement à agir immédiatement. Pour l’heure, le collectif lui lance un moratoire de trois mois pour prouver sa bonne foi. Autrement, il promet de l’assigner devant la juridiction nationale et internationale. En attendant que ces alertes ne reçoivent un écho favorable, il menace de bloquer le fonctionnement des Centres de promotion des personnes handicapées visuelles de Parakou et de Cotonou à partir de la rentrée prochaine, si rien n’est fait. Aussi, ont-ils souhaité que les différentes dispositions légales prises par le Bénin soient mises en application et que l’Etat accorde la chance à 500 personnes handicapées diplômées, comme agents permanent de l’Etat dans son prochain recrutement, de même que la création d’une direction à court terme de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle des personnes handicapées. Pour le député Eric Houndété, comme pour le secrétaire général de la Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (CSTB), Paul Essè Iko, et le représentant de la Confédération des Organisations syndicales indépendantes (COSI), Pierre Gninton, venus exprimer leur soutien et celui de leurs corporations respectives au collectif, la cause en jeu est grande et noble et mérite d’être prise au sérieux.