Plus de 5000 milliards Cfa ! Cela vaut bien un remaniement ministériel, intervenu finalement le 20 aout 2014 à en croire le Secrétaire général du gouvernement au moment de rendre public la liste de la nouvelle équipe, sur la télévision nationale. Tout est prêt pour faire décoller le Bénin de la refondation. Il parait que la valse des investisseurs a commencé plus tôt que prévu et que les milliers de milliards annoncés sont aux portes du pays. Pour cela, il fallait une équipe prête à faire rimer ce rush des investisseurs avec la grande misère ambiante. En d’autres termes, le navire de la refondation avait besoin d’être débarrassé du lest qui l’empêchait de conduire le peuple vers la terre promise lors de la table ronde de Paris des 17, 18 et 19 juin 2014. A preuve, rien dans le texte de ce remaniement ne témoigne de la moindre reconnaissance envers les partants comme ce fut le cas lors de la dissolution du gouvernement en aout 2013 où tous les recalés avaient été félicités de leur passage. Bon débarras !
Conférence de presse du président du parti Restaurer l’Espoir Candide Azannaï: Véritable réquisitoire.
Néanmoins, la posture de la table ronde ne convainc qu’à moitiéMon frère Yaya Aboubakar, encore moins mon ex-camarade de classe au Ceg Banikoara, Ruffin Nansounon n’étaient à Paris. Aucun des autres nouveaux appelés n’y était. A moins que le Conseil permanent des investisseurs de Nasser Yayi ne leur fasse quelques cours de rattrapage sur la pluie de milliards qui aurait déjà commencé à tomber sur le pays. Même la ministre du Commerce que l’on croyait impliquée au plus haut point dans le processus a dû changer de position pour se retrouver à la famille. Peut-être s’achemine-t-on vers l’ébauche d’une nouvelle politique nataliste en phase avec le boom des investissements annoncé face à une croissance démographique très élevée préjudiciable aux efforts de croissance économique. Exit surtout l’argentier national censé avoir été la pierre angulaire du rendez-vous de Paris. Dame supputation évoque, en ce qui concerne ce départ de Jonas Gbian, frère de l’autre, un délit de patronymie.
Autre sortie anecdotique, celle de Fatoumata Amoudou Djibril que de nombreux Béninois voyaient venir surtout après sa bourde communicationnelle sur le 3ème mandat. Mais si on s’en tenait strictement à la logique de réussite de la table ronde, elle aurait pu être épargnée, en considérant la filière coton dont elle avait la charge comme le socle de l’économie béninoise dans un contexte de record de production promis au titre de la campagne de cette année. A moins de démontrer que son action personnelle n’en est pour rien dans l’emblavure des 400 hectares revendiquée par le gouvernement. De là à soupçonner, à travers ce remaniement, d’autres raisons plus déterminantes que la référence aux milliers de milliards en route pour le Bénin, il n’y a qu’un pas.
L’occasion du remaniement du 20 aout a permis de revivre, encore une fois, la passion des Béninois pour ces genres d’exercice.
Or en régime présidentiel, un remaniement est plus un acte individuel du chef de l’Etat que le reflet d’une volonté populaire. Ce n’est pas dans la composition de l’exécutif qu’il faut aller chercher les véritables orientations de l’action publique.
Il appartient au chef de l’Etat, à lui seul, de déterminer la politique de la nation au terme de l’article 53 de la constitution. Les ministres ne sont donc rien d’autre que ses accompagnateurs désignés, redevables à leur bienfaiteur qu’ils ne manquent d’ailleurs pas de remercier à travers marches, meetings et prières.
On ne voit donc pas en quoi leur nomination devrait avoir un quelconque impact sur la vie de la nation en dehors de celui suscité par l’élection du président de la République. Pour le petit peuple, table ronde de Paris ou pas, nouveaux ministres ou pas, la seule et unique référence demeure la pitance quotidienne.
Au revoir aux uns, bonne arrivée aux autres, tout simplement !!!