A l'analyse du dernier remaniement du gouvernement de Yayi II, si certains postes n'inspirent pas de grandes réflexions, d'autres par contre méritent qu'on s'y attarde compte tenu de la situation socioéconomique nationale au Bénin et des enjeux électoraux futurs pour le pays. C'est le cas du ministère de l'Economie et des Finances dirigé aujourd'hui par Komi Koutché. Ce dernier qui a fait ses valises de la communication pour les finances, souleve une question : qu'a-t-il fait pour mériter ce dernier poste ?
Quel but poursuit le chef de l'Etat béninois en remaniant son gouvernement à moins de deux ans de son second et dernier mandat? C'est là l'interrogation qui taraude les esprits depuis le 20 août 2014 où la liste des nouveaux membres du gouvernement a été rendue publique. En effet, c'est la troisième fois depuis son élection en 2011 que Boni Yayi, chef du gouvernement, retouche son équipe. Il s'agit d'un remaniement technique, comme ce fut le cas pour les deux premiers de ce second mandat. Au total, le nombre de portefeuilles ne change guère, mais sept ministres ont été remerciés pour raisons diverses, contre autant d'entrées. Des maintiens et permutations ont été notés dans cette nouvelle équipe. Si certains ont fait les frais de leurs politiques, d'autres ont plutôt usé de leur position pour s'ouvrir au peuple, pour faire leur propre éloge… bref, pour servir de relais des intentions du chef de l'Etat. En ce qui concerne les permutations, l'ex ministre de la Communication a fait ses valises pour les poser au ministère de l'Economie et des Finances après le départ consommé de Jonas Gbian pour des perspectives nouvelles.
Koutché s'installe …
Du ministère de la Communication au ministère de l'Economie et des Finances, il n'y a donc que quelques pas. Etant donné que l'autoproclamé ''porte-parole du gouvernement'' Komi Koutché qui sait prendre des risques, se mettait déjà au travail, en allant chercher les informations liées à tel dossier d'actualité dans les ministères sectoriels dont le ministère des Finances, le chemin était presque tracé. Plus loin, lors des meetings de remerciement, de mobilisation et d'adhésion des populations à telle initiative aux empreintes du gouvernement, la défense systématique du gouvernement était de mise. Certes, dans cette campagne d'explication au peuple, les déclarations propagandistes ont pris le pas sur la raison, étant donné que le ministre sorti, Jonas Gbian, un des frères du présidentiable de 2016, Robert Gbian, ferait le jeu de ce dernier qui serait le vrai faux dauphin de Boni Yayi. La campagne contre cette idée de faux dauphin a fait délirer certains ministres et autres députés de certaines localités des parties centrale et septentrionale du Bénin. Au cours de l'une de ses sorties dans le septentrion, combien de fois l'actuel argentier national n'a-t-il pas déclaré que le chef de l'Etat n'a pas encore choisi son dauphin et que le moment venu, ces populations qui boivent les tasses de promesses jusqu'à la lie, le sauront ? A chacun sa prêche. Les campagnes d'informations finies, voici l'ancien ministre de la communication dans le fauteuil de ministre des Finances, certainement pour ne point servir un proche, candidat à la
présidentielle de 2016.
Les programmes de dénationalisation … aussi !
L'ancien Directeur du Fonds national de la micro-finance dont le bilan est tout sauf flatteur, a fait son entrée au gouvernement le 13 août 2013; il se retrouve à un poste stratégique comme celui de l'Economie et des Finances. Plus encore, il hérite du portefeuille des programmes de dénationalisation. Pourquoi ce transfert ? Sans risques de se tromper, Komi Koutché qui suivait tous les projets de redressement de certaines structures sous tutelle, comme la Poste du Bénin S.A, Libercom S.A. Bénin-Télécoms S.A… doit achever sa mission étant donné que ces projets sont d'ordre crucial pour le gouvernement et son chef. Des risques ayant été pris, des missions ayant été bien accomplies, Komi Koutché pourrait certainement servir à d'autres projets aussi importants pour la République, mais pas nécessaires pour le peuple. Assurément que cette fois-ci, aucun service sous-tutelle du ministère des finances n'accepterait qu'un incendie survienne encore, tout au long de la gestion du nouveau argentier.