Après le remaniement ministériel intervenu, la semaine écoulée, on assistera bientôt comme à l’accoutumée, aux prières et marches de remerciement au Chef de l’Etat, dans plusieurs Communes du pays. Selon les informations, déjà à partir du week end prochain, nouveaux et anciens ministres reconduits ont des manifestations du genre en vue.
Après le remaniement, place au populisme à outrance. C’est ce à quoi, les Béninois vont assister dans les jours à venir dans plusieurs Communes du Bénin. Cette fois-ci, les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) mettront sûrement le pied sur l’accélérateur surtout qu’on achemine vers les prochaines élections. Des marches suivies de meetings politiques tous azimuts seront au rendez-vous pour chanter les louanges du Président Yayi Boni qui aurait bien fait d’avoir nommé le fils de telle ou telle localité dans son Gouvernement. Pour y arriver, on sonnera la mobilisation des jeunes et surtout des femmes des villes et campagnes dont les avantages se résument aux sandwiches et à quelques billes de 500FCfa. Parfois, il faut un parcours de combattant pour avoir la ‘’manne’’. Des médias ne seront pas du reste puisqu’ils servent de relais à la propagande politique dont le seul objectif est d’embobiner les populations.
Eglises et mosquées seront également prises d’assaut par ces politiciens en quête de popularité. Ici, on prie pour le Chef. C’est l’occasion rêvée de certains d’eux de démontrer leurs capacités financières aux prêtes, imams et pasteurs des lieux de culte. ‘’La marche devient une profession’’.Ces marches et prières à l’intention du Chef de l’Etat peuvent durer des semaines. Ce qui fait que tout le temps, le régime en place est en campagne. A y voir de près, les enjeux des prochaines élections sont énormes pour les éléments du Pouvoir en place et pour leur mentor qui n’est autre que le Président Yayi Boni. Visiblement, le Chef fait des pieds et des mains pour s’éterniser au Palais de la Marina. A cet effet, les Fcbe, manœuvrent pour conquérir les mairies et disposer d’un nombre impressionnant de sièges à la 7ème législature, afin d’opérer une révision opportuniste de la Constitution du 11 décembre
1990, gage d’une série de mandats présidentiels pour le Chef de l’Etat. Une fois, cet objectif atteint, ils auraient mis à sac la démocratie béninoise et faire reculer le pays de plusieurs décennies.
Urgences abandonnées
« L’émotion est nègre, et la raison est helène », a écrit Léopold Sédar Senghor pour montrer que les Africains sont émotifs, passionnés à l’extrême. Selon lui, les Africains s’intéressent aux choses inutiles et sont absents du plus grand terrain du monde où se joue le match des siècles : le progrès. Il est vrai que cette pensée avait suscité des remous à l’époque. Mais, quand on prend un peu de recul, on constate que le feu écrivain sénégalais a en partie raison. Les faits et gestes des autorités qui dirigent le Bénin depuis 2006 le prouvent abondamment. Le Président Yayi Boni, arrivé au Pouvoir en avril 2006, n’a fait que du populisme à des fins électoralistes pendant que les problèmes réels du pays manquent de solutions et s’aggravent dans la durée. La corruption, les coups bas politiques, le harcèlement des opérateurs économiques nationaux, le régionalisme, le clientélisme et la mauvaise gouvernance ont
royalement pris le pas sur les valeurs républicaines. Et pourtant, le slogan qui l’a apporté au Pouvoir est le Changement : « ça doit changer, ça va changer ». Au finish, c’est l’amertume pour tout un pays en quête du mieux-être. On privilégie les futilités aux priorités d’Etat. L’écrivain nigérian, Chinuar Achébé n’a-t-il pas écrit dans son roman intitulé ‘’La flèche de Dieu’’ : « On ne court pas derrière les petits rongeurs de buisson quand ses compagnons poursuivent le gros gibier… » ? Comme quoi, le développement de ce pays préoccupe très peu le régime Yayi.