« …..Quand à vous Monsieur le Ministre entrant, nul doute que vos longues expériences de parcours politique et d’exercice de pouvoirs à la base sont des atouts majeurs. Mais je dois vous dire, que la Police est à la fois une institution célèbre et moins connue dans notre pays.
Le silence, de ses acteurs de terrain a laissé le champ libre à un imaginaire déformé, véhiculé par des commentateurs attirés par le spectaculaire et l’anormalité. Son activité suscite commentaire, interrogation et parfois même soupçon, alors qu’elle sert d’abord la protection de chacun des citoyens dans des conditions toujours difficiles.
Je n’en veux pour preuve les deux braquages intervenus la semaine écoulée à Cotonou et à Ekpè comme si c’était pour vous souhaiter la bienvenue.
Monsieur le Ministre, il faut en avoir conscience, le dévouement, le professionnalisme et l’esprit de sacrifice sont les premières caractéristiques de notre métier souvent choisi par vocation et vécu par sacerdoce.
Ce qui fait que notre activité syndicale n’est pas celle d’un combattant en guerre, mais plutôt celle d’un manageur qui dialogue, négocie et persuade les dirigeants à prendre en compte les intérêts du policier dans la prise des décisions.
En un mot, le syndicalisme pour nous, permet de créer un espace de dialogue et d’échange démocratiques dans le sens de la protection des intérêts de notre institution et de ces travailleurs que nous sommes.
Je peux d’ores et déjà vous assurer que vous venez dans une maison où les attentes sont nombreuses et toutes urgentes. En effet, à l’ère de la mondialisation, face aux exigences de mutations multisectorielles qu’appelle l’œuvre d’édification à moyen terme d’une nation béninoise émergente, la problématique d’une politique nationale de sécurité bien partagée par tous et, la place, le rôle et le devenir d’une Police Nationale devrait être une préoccupation majeure pour le Gouvernement.
Dès lors, la sécurité publique doit s’imposer comme l’un des axes d’effort au sommet de l’Etat et doit mobiliser tous les acteurs de production de la sécurité. Car, le grand banditisme, les diverses formes de délinquances, les modes opératoires du crime organisé, le terrorisme etc… sont des défis majeurs que seule une Police Nationale moderne, loyale, disponible et républicaine permet de relever.
Pour ce faire, la promotion d’une telle force de paix, bien équipée, entièrement vouée à la cause du peuple et de ses institutions constitutionnelles devrait être l’impératif majeur que vous devez vous atteler à réaliser pour renforcer et consolider le dispositif sécuritaire national de notre pays.
Les policiers souhaitent donc,
1°) que vous puissiez dans les meilleurs délais prendre connaissance des problèmes majeurs de la maison police et des policiers que nous préférons taire ici parce que le lieu n’est pas indiqué ;
2°) que vous indiquiez une méthode claire, des objectifs précis et les résultats à atteindre.
Toutefois, je m’en voudrais ne pas évoquer ici et maintenant
trois points essentiels :
- le besoin impératif d’accroître la capacité (financier, matériel et professionnel) des unités de police à faire face à la grande criminalité et à élucider les infractions les plus préoccupantes pour nos concitoyens : les cambriolages, les vols à mains armées qui malheureusement sont entrain d’emporter nos camarades.
En effet, l’évolution du contexte stratégique de la sous région connaît une série de mutations profondes et inquiétantes. Cette évolution se caractérise par une dégradation continue de la situation socio-politique, économique, culturelle et sécuritaire et marquée par l’imprévisibilité et l’apparition de menaces nouvelles de toutes sortes.
Les menaces et risques actuels, présentent des contours diffus, dangereux et fécondent de multiples germes d’incertitudes et d’insécurité. Or l’absence de la sécurité au Bénin comme partout ailleurs hypothèque le développement.
La paix et la sécurité sont indispensables au développement ; elles n’en sont pas une composante mais un préalable.
Puis, je ne saurais m’abstenir d’évoquer, je ne sais plus combien de fois, l’éternel problème du traitement salarial des travailleurs policiers.
En effet, comme le dit Charles PEGUI dans son ouvrage l’instituteur du village, « la vertu est fille de la beauté et de la force. La misère par contre rend laid mauvais et méchant.
Elle est un handicap sans faille à l’amélioration morale ». Heureusement, misère et sens de responsabilité continuent de vivre ensemble dans la maison police, mais pour combien de temps encore ?
Quel résultat sommes nous en droit d’ attendre chez des policiers payés à un salaire de misère, mal nourris et mal soigné, mais surtout sans moyens de travail qui sont obligés d’offrir leur corps comme la chaire à canon pour assurer la mission régalienne de l’Etat à savoir la sécurité nationale ? Sachez monsieur le Ministre que plus de trois mille (3000) policiers gagnent moins de 40.000 FCFA le mois.
Il est donc une nécessité absolue de faire voter aussi rapide que possible le projet de loi portant Stat spécial de la police nationale. Cela semble secondaire, pour certains d’entre nous qui avons la grâce de ne pas être de cette catégorie d’agent.
Enfin, et je m’en tiendrai à ce troisième point, il faudra procéder rapidement à l’examiner des travaux de la commission interministérielle portant reconstitution des carrières des personnels de la police national pour régler ce contentieux des grands qui divise la hiérarchie policière et nuit irrémédiablement aux intérêts de la police et des milliers de policiers qui n’y comprennent rien absolument.
Monsieur le Ministre entrant, vous héritez d’une maison divisée et en ruine. Les hommes sont ensemble mais ne se portent pas dans les cœurs. Ils sont très peu ceux qui s’en préoccupent. Le mal est grand, il est même plus que grand, il est aussi grand que le géant Goliath et défie aussi bien les policiers que les cadres civils du ministère.
Nous sommes à la recherche d’un jeune David, qu’on n’a jamais vu faire une guerre mais que l’Eternel a préparé dans le secret dans le pâturage de son père. C’est peut être vous, qui sait ? Seulement dans l’histoire récente de notre ministère, nous avons vu passer plus d’un homme de Dieu qui n’ont pas véritablement convaincu. Aussi, comme la création toute entière, nous attendons avec un ardent désir la révélation d’un vrai enfant de Dieu, un David mais le vrai, un Néhémie qui va reconstruire en cinquante deux (52) jours sur les ruines du passé et va redonner honneur et gloire à l’Eternel des Armées.
C’est pourquoi, il est judicieux pour vous-même, d’inscrire la tenue de la première session du Comité Permanent du Dialogue Social en première ligne de vos priorités.
Si tout ceci est fait, Monsieur le Ministre, je pus vous assurer que vous allez écrire en lettre d’or votre nom dans les annales de ce ministère, comme un certain ALABI GBEGAN que cette génération n’est pas prête à oublier.
En effet, dans la grande famille des dirigeants, il y en a qui sont des vases d’or ou d’argent, il y en a également qui sont des vases de bois ou de terre. A vous de choisir, sans oublier que les Saintes écritures nous enseignent que la bonne renommée vaut mieux que l’or et l’argent.
Quant à vous chers collègues, cadres à divers niveaux, nous avons besoin de transcender nos divergences et nos petites querelles de personnes.
Elles existent dans toute grande famille comme la notre, mais on les surmonte. Sinon, personne ne pourra venir faire notre bonheur sans nous-mêmes et contre nous.
C’est pourquoi pardonnons les fautes, dialoguons et allons de l’avant en privilégiant l’intérêt supérieur de notre institution et l’obligation républicaine que nous avons d’assurer la sécurité nationale.
Par-dessus tout, je tiens à vous renouveler l’engagement total des personnels de la police à exécuter loyalement et avec abnégation les missions républicaines que vous allez nous prescrire.
Que l’Eternel des Armées vous garde et vous accorde son secours.
Vive la République du Bénin ;
Vive la Police Nationale ;
Je vous remercie.