La justice française a demandé mercredi 22 mai un « complément d’information » au gouvernement béninois pour se prononcer sur la demande d’extradition de Patrice Talon. L’homme d’affaires béninois, réfugié en France, est accusé d’être le cerveau d’une tentative d’empoisonnement du président Thomas Boni Yayi. Les juges français ont estimé qu’ils n’avaient pas tous les éléments en main pour statuer.
Les juges de la cour d’appel de Paris ont donné deux mois au Bénin pour éclaircir sept points. Ils demandent notamment au gouvernement de communiquer les rapports d’expertises scientifiques sur lesquels s’appuie l’accusation pour impliquer Patrice Talon : le rapport du FBI identifiant des produits toxiques dans les faux médicaments saisis et transmis à l’agence américaine, et celui du laboratoire français Toxlab confirmant la toxicité des substances analysées. Les juges demandent également aux autorités béninoises de préciser les travaux en cours concernant l’abolition de la peine de mort. Car si le Bénin s’y est officiellement engagé, la peine capitale comme celle des travaux forcés doivent encore être supprimés du Code pénal par les parlementaires. Et la cour demande quelles seront les peines qui les remplaceront. Pour les avocats de l’Etat béninois, tout cela était attendu, souhaité même, et ces exigences peuvent être rapidement satisfaites. « C’est un arrêt qui me paraît très sage. Tous les éléments de droit que la Chambre très légitimement veut connaître lui seront fournis ainsi que la preuve de l’adhésion à la Convention de New York sur les traitements inhumains et dégradants. » De son côté, Patrice Talon reste serein. Pour lui, ce délai va être l’occasion de démontrer, définitivement, ce qu’il qualifie de « machination ».