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Le Matinal N° 4418 du 26/8/2014

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Lecture croisée du remaniement et de la décision Dcc 14-156: Yayi Boni fonce vers un 3ème mandat
Publié le mercredi 27 aout 2014   |  Le Matinal


Thomas
© AFP
Thomas Boni Yayi, président de la République du Bénin


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Suivant une analyse de la décision Dcc 14-156 du 19 août 2014, la Cour constitutionnelle, non seulement, fait le « yoyo », mais aussi, elle veut endormir les Béninois. En croisant cette analyse avec la lecture du remaniement ministériel, on s’aperçoit que le chef de l’Etat, n’a pas renoncé aux velléités de s’offrir un troisième mandat présidentiel.


En expédiant sept de ses anciens collaborateurs et en les faisant remplacer par autant de nouveaux, Yayi Boni n’a rien fait d’extraordinaire. A l’analyse, on se rend compte que les nouveaux ministres ne sont pas de leaders politiques. Au demeurant, ce sont des inconnus au bataillon. Ce qui pourrait laisser croire qu’il s’agit d’un gouvernement de technocrates. Erreur. Ce troisième gouvernement du dernier mandat constitutionnel de Yayi, n’en est pas un. Il est plutôt un colmatage de personnages ayant pour mission, d’attiser le feu pour un troisième mandat qui devrait ouvrir le boulevard d’une vie présidentielle éternelle. Même la sortie du gouvernement de celle qui a lancé la boutade, de la manière la plus vilaine, s’inscrit dans un plan stratégique. C’est un secret de Polichinelle qu’elle sera récompensée autrement, comme sait bien le faire le prince de Tchaourou. Fatouma Amadou Djibril, en répondant à
l’instruction de la Cour constitutionnelle, suite à la saisine de deux citoyens pour déclarer ses propos, contraire à la loi fondamentale, est restée évasive.

Banalisation

Fatouma A. Djibril répondait à la Cour en ces termes : « j’ai expliqué de long en large comment le gouvernement a réussi à redonner la confiance aux producteurs du coton, aux égreneurs et aux transporteurs. (…) nous nous sommes focalisés sur les objectifs atteints, de part et d’autre, et sur ce que nous pensons faire de notre filière coton. » Dans une instruction, ces extraits d’un long paragraphe n’ont rien à avoir avec les réponses à apporter à la Cour. Après cette digression, qui assurément a distrait les membres de la Haute juridiction, elle en vient au réel sujet. Et voici ce que Fatouma Amadou écrit : « C’est à la fin de l’émission, que les journalistes, entre autres, ont demandé si le président allait faire un troisième mandat. C’est en donnant l’exemple du président Franklin Délano Roosevelt que j’ai dit, pourquoi pas un troisième mandat si le peuple le demande, bien sûr sans grande conviction. (…)
Mes propos sont mal compris. Je n’ai jamais voulu dire que le président devrait faire un troisième mandat en violation de notre Loi fondamentale ». C’est une insinuation qui dénote d’un manque d’égard vis-à-vis de la Cour. En réalité, celle qui a été condamnée par la Cour de Holo, ne regrette point ses propos, quand elle se réfère à une prétendue jurisprudence de la Haute juridiction, pour lui demander de déclarer irrecevable la requête de Jean-Claude Dossa, l’un de ceux qui ont formulé la plainte. Cela témoigne qu’elle a la couverture du patron de la Marina. Et puisque le ballon d’essai n’a pas donné le résultat escompté, Yayi et Holo ont cru devoir endormir le peuple en infligeant à Fatouma, chacun à son niveau, la sanction qui était de son ressort.

Un gouvernement de campagne

Suivez bien ce qui va se passer. D’office, les sept nouveaux ministres ont l’obligation, chacun en ce qui le concerne, d’aller dans sa région pour organiser des séances de prières, de marche de soutien au chef de l’Etat. Les quatre ministres qui ont changé de portefeuille iront dans leurs villages pour rendre grâce à Dieu et à Yayi pour leur avoir renouvelé la confiance. Parmi ceux qui sont restés au poste, plusieurs savent déjà bien jouer aux marionnettes. Constatez que le remaniement n’a pas concerné les départements de l’Atacora et de la Donga. Si le ministre des sports, Affo Safiou est moins virulent que Naomie Azaria, Eric Kouagou N’Da, Kassa Barthélémy et Alassane Soumanou dit Djimba Gatéri, sont des professionnels dans le marketing politique. Ils saisissent toutes les occasions pour se rendre chez eux. Raconter des anecdotes pour haranguer la foule, ils sont allés à cet enseignement. Souvenez-vous des propos du
griot, fils de Bouboule : « Quand le chef de l’Etat dit à gauche, tout le monde à gauche. Quand il dit à droite, tout le monde à droite... » Et son frère de Boukombé d’ajouter, « le moment venu, on vous dira là où il faut aller ». Les acteurs de la propagande au profit du chef de l’Etat sont en place.

Cadrillage du Nord-Est

Dans les départements du Borgou et de l’Alibori, la toute première option est de freiner les élans du général Robert Gbian, dont la candidature pour la présidentielle de 2016, est pratiquement formulée. Les lieutenants de l’intendant militaire à la retraite sont partout. On les rencontre à la fête Nonvitcha des Xwla et des Xwéda du département du Mono. Robert Gbian à l’estime de Rois béninois. Originaire de la commune de Bembèrèkè, Yayi n’a trouvé mieux que de vouloir l’affaiblir, non seulement en sortant son frère de l’Exécutif, mais aussi en nommant un fils de Roi de Bembèrèkè pour le contrecarrer. A Théophile Yarou, il ajoute un autre prince originaire de Banikoara, Rufin Nansounon. Une stratégie pour bénéficier du soutien des têtes couronnées, espère Yayi.

Le moyen-Bénin

Dans les Collines, il a fait de Komi Koutché, un ministre puissant, capable à lui seul de mener la propagande dans ce département territorial. Alors un point partiel, fait remarquer que le territoire national à plus de 80% de Dassa à Malanville et à Porga, sera sous la pression des sbires de Yayi pour des messes, kermesses, remerciements, marches de soutien….Et, pendant que nous y sommes, cela a commencé à Cobly avec Kassa Barthélémy et Eric N’Da pour un meeting de gratitude au chef de l’Etat. Dans la région méridionale, le scénario est le même. Les nouveaux ministres, s’ils veulent mériter leurs postes, doivent s’inscrire dans la logique. Et ainsi, c’est tout le pays qui sera pendant au moins six mois, sous la pression de la campagne en faveur de Yayi Boni. C’est là, le fondement du dernier remaniement ministériel. Mais, le peuple, seul détenteur de la souveraineté nationale, veille au grain pour ne pas compromettre le
label de la démocratie béninoise.

Jean-Claude Kouagou

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