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Fraternité N° 3675 du 27/8/2014

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Interview avec l’artiste Lawson William : « Il faut que les musiciens béninois commencent par exporter leurs œuvres… »
Publié le jeudi 28 aout 2014   |  Fraternité




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La cinquantaine environ, Lawson William, chanteur compositeur, guitariste et chef d’orchestre, a démarré sa carrière musicale depuis les années 1980. Dans l’entretien ci –dessous, il parle de son parcours et prodigue des conseils aux jeunes musiciens.

Comment êtes-vous venu dans la musique ?
Depuis le bas âge, j’ai aimé la musique, mon grand-père est musicien et mon papa aussi a fait de la musique. Il jouait plusieurs instruments dont la flûte, le piano et pendant toute sa vie, il a dirigé la chorale Cécilienne. En définitive, c’est depuis ma plus tendre enfance que j’aspirais à être musicien. J’étais dans un groupe musical au collège dans les années 1980, puisqu’à l’époque, il existait des activités culturelles comme la musique, le théâtre dans les lycées et collèges. Mais après le collège, je suis rentré dans l’orchestre El-Régo. Je suis de la promotion de feu Miguelito. Nous étions restés ensemble dans l’orchestre El-Régo. Et faire partie de l’orchestre El-Régo était un privilège. Il fallait avoir une maîtrise de l’instrument dont vous avez la charge. J’ai joué aussi dans l’orchestre de la gendarmerie nationale. J’ai sorti mon premier album en 2008. Tous les Cd que j’ai produits ont été vendus, donc j’ai accumulé assez d’expériences pour continuer à faire ce que je sais faire le mieux et partager mon expérience avec la jeunesse.

Quelle opinion avez-vous de la musique béninoise de nos jours ?
Les Béninois n’encouragent pas assez les musiciens. Il y a aussi le problème de play-back qui prend de plus en plus d’ampleur. La majorité des musiciens n’ont pas la capacité de jouer avec les groupes de musique. Lors des spectacles, ils remettent le Cd au Disc-jockey qui se charge juste de jouer les morceaux. L’artiste en retour, tel un bon cinéaste, lors de la présentation des morceaux, fait semblant de chanter. Cet état de choses qui est une pratique courante chez nos jeunes artistes est de la musiquette et non de la musique. Le vrai musicien doit être capable de chanter lui-même. Le constat qui est fait est qu’il y a beaucoup de personnes qui ne sont pas de véritables musiciens, mais à cause du milliard culturel, ils s’y mettent. Cependant, le niveau de la musique dans certains orchestres est louable, il y a des efforts considérables qui sont faits. Tel est le cas de l’orchestre Black Santiago, et les Concardes. Mais en dehors des orchestres, le niveau n’y est pas du tout. La plupart de ces musiciens font de la musiquette qui n’est rien d’autre qu’une musique qui n’a pas de valeur et les gens qui s’y adonnent n’ont aucune expérience de la musique. Ils se dirigent vers les studios et composent quelques morceaux en privilégiant la quantité et non la qualité. Je profite de cette occasion pour vous dire que pour être musicien, il y a certaines étapes.

Quelles sont alors les étapes à franchir pour être un bon musicien ?
Le vrai musicien doit passer d’abord par l’interprétation, c’est-à-dire interpréter des morceaux de ces aînés, ensuite l’improvisation et c’est après l’improvisation qu’il commencera par composer. Ces trois étapes représentent un passage obligé dans la vie d’un musicien qui veut produire une œuvre de qualité. Par exemple, pour aller dans un appartement qui se situe au deuxième niveau d’un immeuble, vous devez nécessairement prendre par les marches de l’escalier, vous ne pouvez pas quitter le premier escalier et aller directement au cinquième escalier. Il n’y a pas de miracle dans la musique, tout s’apprend.

La musique béninoise est-elle capable de nourrir celui qui la pratique ?
Si l’artiste a un orchestre qui est opérationnel, et qui est en activité, il serait capable de vivre de la musique et subvenir aux besoins de toute sa famille. Cependant, nombreux sont ces artistes qui font de la musique toute leur vie et qui finalement, au soir de leur vie, se trouvent sur la paille, sans un toit et qui éprouvent des difficultés à pouvoir se nourrir. Tout dépend de la gestion que vous faites de l’argent que vous gagnez lors des tournées. La plupart de ces artistes ont des vices comme l’alcool, la drogue, la femme et beaucoup d’autres choses qui ne leur permettent guère de penser à leur avenir. Ces artistes, pour la plupart, s’adonnent aux stupéfiants de tout genre pour surmonter le tract lors des prestations ou pour s’évader des difficultés auxquelle ils sont confrontés. Ils n’ont plus cette lucidité d’esprit pour bien penser à leur futur.

Quel regret avez-vous depuis que vous faites la musique ?
Quand on fait un choix, il faut assumer ce choix et mettre tout en œuvre pour ne rien regretter. Personnellement, je n’ai rien à regretter, et je profite pour vous dire qu’avec Dieu tout est possible. Je ne suis pas musicien seulement, je suis aussi évangéliste. Donc, j’ai associé Dieu à mon activité musicale, c’est pour vous dire que Dieu est dans ma barque, et lorsque Dieu est dans votre barque, la barque ne peut s’enfoncer, elle submerge toujours.

Quelle est votre plus grande fierté dans la musique ?
Au-delà du fait que ma fille fait de la musique car je l’ai moi-même initiée à la batterie depuis son jeune âge, je suis aussi fier pour tout ce que j’ai appris dans la musique, je continue à apprendre, puisque j’apprends au jour le jour. Le niveau que j’ai acquis dans la musique est ma plus grande satisfaction et tout ce que j’ai pu accomplir, c’est grâce au seigneur Jesus-Christ.

Qu’est ce qui est à la base de la non compétitivité de la musique béninoise à l’étranger ?
Il faut que les musiciens béninois commencent par exporter leurs œuvres. Par exemple, Gnonnas Pedro a fait la Salsa et il est connu sur le plan international. Il est plus considéré à l’extérieur qu’au Bénin. Les musiciens béninois doivent choisir des rythmes qui pourront les rendre plus compétitifs à l’extérieur. Ils doivent être en mesure de fournir une musique consommable à l’international.

Quels conseils avez-vous à donner aux jeunes musiciens ?
Ce que je peux leur dire, c’est qu’ils apprennent un instrument de musique, qu’ils le maîtrisent correctement et ne point paresser. Car la musique demande beaucoup d’efforts et d’abnégation. Ce n’est pas un métier facile. S’ils veulent à en faire une carrière, ils n’ont qu’à mettre toutes les chances de leur côté pour réussir. Ils doivent aussi s’approcher de leurs aînés pour apprendre d’eux et acquérir plus d’expériences et de savoir - faire. Le plus important pour eux serait d’entrer dans un orchestre en vue d’apprendre pour être plus compétitifs dans le monde musical. Ils sont la relève de demain, ils représentent le reflet de notre pays au plan international, un pays sans culture est un pays qui se meurt.

Propos recueillis Dios CHACHA

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