COTONOU -- L’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) a vivement protesté contre les tracasseries dont fait l’objet du juge d’instruction Angelo Houssou, qui a prononcé le vendredi 17 mai dernier une ordonnance de non-lieu dans l’affaire portant sur la tentative d’empoisonnement du président Yayi Boni, indique un communiqué dont l’Agence Xinhua a obtenu copie jeudi à Cotonou.
Dans ce document, l’UNAMB a rappelé au chef de l’Etat béninois, Boni Yayi, qu’il est garant de "l’indépendance de la justice, de la sécurité des magistrats, et en particulier de celle du juge Houssou, actuellement objet de menaces et de tracasseries".
Elle a également "protesté avec vigueur contre les actes de violences et voies de fait, séquestration, violation de domicile et d’entraves à la liberté d’aller et de venir dont le magistrat Houssou fait l’objet de la part du directeur général de la Police nationale".
Selon ce document publié par l’UNAMAB, il ressort que depuis le vendredi 17 mai dernier, après avoir rendu deux ordonnances concernant les deux affaires dans lesquelles le chef de l’Etat béninois est partie civile, le juge Houssou a été interpellé à la frontière de Kraké aux environs de 21h30 sur les instructions du directeur général de la Police nationale alors qu’il accomplissait les formalités de visa pour se rendre au Nigeria.
Conduit à la direction générale de la Police nationale le même soir avec ses effets personnels fouillés et le contenu rendu public, le juge Houssou a été reconduit à son domicile sous escorte policière le lendemain.
"Depuis lors, son domicile est assiégé par des agents dont il ignore l’identité. Ses mouvements sont contrôlés et parfois soumis à l’autorisation du directeur général de la Police nationale et du chef d’Etat-Major général des Armées", déplore le communiqué.
Selon ce même document, pendant la séquestration du juge Houssou, un communiqué prétendument signé du Procureur de la République près le tribunal de Cotonou critiquant les ordonnances rendues par lui a été diffusé sur les chaînes de télévision.
Interrogé par l’Assemblée générale de l’UNAMAB, le procureur de la République affirme n’avoir jamais signé un tel communiqué ni instruit le directeur général de la Police nationale aux fins de saisir le passeport du juge Houssou.
"Tous ces faits, aussi graves les uns que les autres, participent, selon l’UNAMAB, d’un plan savamment orchestré dans le but de priver le juge Houssou de la jouissance de ses droits constitutionnels, de jeter le discrédit sur les ordonnances rendues et de faire ainsi pression sur les juges de la chambre d’accusation chargées de connaître en Appel desdites ordonnances", souligne le communiqué.
Le lundi 22 octobre 2012, trois personnes, notamment la nièce du président béninois, Zoubératou Kora Seke, le médecin personnel du chef de l’Etat, Ibrahim Mama Cissé, et l’ancien ministre béninois du Commerce, Moudjaïdou Soumanou, ont été inculpés d’association de malfaiteurs et tentative d’assassinat et écroués à la prison civile de Cotonou, dans une affaire de tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat béninois Boni Yayi par des produits pharmaceutiques.
Ainsi, le Tribunal de première instance de première classe de Cotonou a lancé deux mandats d’arrêt internationaux contre les opérateurs économiques béninois, Patrice Talon et Olivier Bocco, présumés commanditaires du plan d’empoisonnement du président de la République du Bénin, Boni Yayi.
Par ailleurs, le laboratoire scientifique du Bureau fédéral d’investigation (FBI) américain a révélé, après analyses médico-légales, que les emballages, des médicaments et produits chimiques devant être administrés au président béninois par le biais de son médecin personnel avec l’assistance de la nièce du président de la République, sont "toxiques".