Dans le souci d’éclairer l’opinion publique sur la disparition des fonds destinés à réaliser la bretelle de Bopa (Mono), selon les propos du président de l’Assemblée nationale le dimanche 31 août 2014 dans son village, le quotidien ‘’Le Matinal’’ a effectué une investigation expresse. Contrairement aux déclarations faites hier sur la télévision nationale, les milliards de fcfa ont été effectivement décaissés ; mais le projet a été abandonné à dessein.
Un complot est vraiment orchestré contre le département du Mono, plus précisément Bopa. Le non- achèvement, à ce jour, de la bretelle de Bopa relève d’un manque de volonté politique du gouvernement et de son Chef, Yayi Boni. Selon des personnes proches du ministère des Travaux publics et d’ un ancien membre du cabinet du même ministère, le chantier, au départ, a été prévu pour être réalisé à 1,5 milliard de fcfa, montant à amputer sur les ressources intérieures du Bénin. Mais les travaux ont longtemps piétiné, faute de moyens. A la demande des populations, et au vu des besoins nécessaires pour un ouvrage de qualité, il a été ajouté au projet, des travaux confortatifs devant induire des coûts complémentaires. L’Etat est toujours dans l’incapacité de financer l’achèvement desdits travaux. La pression de Mathurin Nago sur l’exécutif, à l’époque, à amener les cadres du ministère des Travaux publiques et ceux des Finances à trouver une formule pour financer la suite du projet. C’est ainsi qu’il a été sollicité et obtenu auprès de la Banque africaine de développement (Bad), un appui budgétaire devant servir à combler ce qui manquait pour achever la bretelle et ces travaux confortatifs. Pour précision, la demande de l’appui budgétaire formulée auprès de la Bad n’a pas mentionné que les fonds seront destinés à financer la bretelle de Bopa. Mais l’esprit de cette demande se référait à cela, selon nos sources. Effectivement, la Bad a favorablement répondu à la requête de l’Etat béninois. Et, dans les livres du trésor public, courant 2ème semestre de l’année 2010 et début 2011, il devrait y être inscrit l’encaissement de 4.5 milliards de Fcfa d’appui budgétaire provenant de la Bad. Une partie de ce montant devrait servir à achever les travaux.
Dans la genèse du projet, c’est le budget national qui va financer la bretelle. Les travaux confortatifs ajoutés devront être financés par le fonds routier (puisque cette structure ne finance pas le bitumage de routes). Si le fonds routier a pu mettre ses moyens à la disposition de l’Etat béninois, ce ne fut pas le cas pour le budget national. En conclusion, on retient que la bretelle, sans les travaux confortatifs, coûte 1,5 milliard de Fcfa à couvrir par le budget national. De même, pour défaut de moyen, le gouvernement a recouru à l’appui budgétaire de la Bad (4,5 milliard de fcfa ) depuis 2010-2011, mais n’a jamais achevé les travaux. La politique de l’unicité des caisses oblige, les fonds ont été confondus aux dépenses ordinaires. Il fallait que le gouvernement décide vraiment de réaliser les travaux, afin que le trésor se plie à quatre pour décaisser les fonds. Entre temps, le ministère des Travaux publics a changé de main. On était au lendemain des élections présidentielles et législatives. Où se trouve alors le supposé mensonge de Mathurin Nago ?
Gros mensonge de Hossou et Amouzou
Sur les écrans de la télévision nationale, hier, Célestin Hossou, Directeur général du Budget et Donné Amouzou, Directeur général des travaux publics sont passés à côté de la réalité. Les deux cadres n’ont pas compris qu’ils devaient se garder d’intervenir dans un débat, purement politique. Ils se sont donc laissés manipuler pour venir dire des choses ridicules au peuple et à l’opinion publique. A deux, ils ont dit n’avoir pas connaissance des traces de la Bad dans la réalisation de cette bretelle alors qu’il est clair que, même si c’est de manière indirecte, l’appui budgétaire complémentaire envoyé par la banque, à l’époque, était retenu par l’Etat béninois pour achever lesdits travaux. Si l’un (Hossou) a reconnu qu’il y a eu un décaissement de 57,35 %, l’autre a également accepté que les travaux ont été réalisés à 66%. Où se trouve l’erreur de l’entrepreneur ?
Comment l’entreprise Ofmas peut-elle oser achever ces travaux sur financement propre alors que l’Etat reste lui devoir près de six cent millions de fcfa sur un autre chantier financé par des bailleurs de fonds ? Et, quand les deux cadres estiment que la lenteur dans la réalisation des travaux est due à l’entreprise, à qui va-t-on attribuer la lenteur dans les décaissements ? Voilà des gens qui n’ont pas eu honte de venir dire à la télévision qu’ils ont lancé des travaux (la bretelle) de trois milliards (3.173.729.528) de FCfa financés par le Budget national et le Fonds routier depuis 2010 et que jusqu’en 2014, ils n’ont décaissé que les 57% du financement. Ils croyaient confondre les propos du Président de l’Assemblée nationale, mais, en réalité, sont venus se faire ridiculiser devant des millions de téléspectateurs. Même si, dans les tout prochains jours, les travaux seront achevés, le peuple retiendra que l’Etat a mis quatre ans pour décaisser trois milliards de Fcfa alors que la Bad a envoyé, en quelques semaines, un appui budgétaire de 4,5 milliards de Fcfa.
La mauvaise volonté du gouvernement Yayi
Comme le président Nago l’indiquait dans son message, dimanche dernier, les nouvelles évaluations et la mobilisation des milliards de Fcfa pour la réalisation de cette bretelle avaient été faites dans la ferveur des élections de 2011 (présidentielle et législatives). Ce fut une promesse faites aux populations, à l’époque, afin qu’elles votent pour Yayi Boni (présidentielle) et Mathurin Nago (législatives). C’est dire donc que c’est une dette politique de Yayi Boni et de Nago envers ces populations de Bopa. Mais, une fois les élections terminées, chacun est retourné chez lui. Yayi Boni a oublié les populations du Mono et n’a plus priorisé la construction de cette bretelle dans sa politique de développement des routes. Nago est resté seul face aux populations qui n’ont jamais cessé de réclamer ce que la famille politique de Yayi leur doit. Lambert Koty, nouveau ministre des travaux publics, à l’époque, a aussi rangé le projet. Toutes nos tentatives pour le joindre ont échoué. Ses proches qui ont été contactés ont indiqué qu’il serait en Asie depuis quelques jours. Son successeur, Aké Natondé, n’a cru devoir décrocher notre appel téléphonique. Il était question de savoir le rôle joué par chacun d’eux, en son temps, pour la réalisation de cette bretelle dont les fonds sont disponibles depuis des années. Mais les déclarations de Aké Natondé ont montré qu’il ne comprend rien de ce projet et qu’il était en mission perdue d’avance sur l’Ortb. Mathurin Nago ne voulant certainement pas céder à la pression du Palais pour faire réviser la Constitution, le Chef aussi a dû ignorer sa promesse.
