Le président de la République a reçu, hier mercredi 3 septembre, la visite de son homologue nigérien. Ce court séjour a permis aux deux chefs d’Etat de marquer leur détermination à booster le projet de la boucle ferroviaire.
Par Gnona AFANGBEDJI
Le projet de boucle ferroviaire est sur de bons rails. En tout cas dans ses phases béninoise et nigérienne! Le président de la République Boni Yayi et son homologue Issoufou Mahamadou ont fait l’heureux constat hier lors du séjour de ce dernier en terre béninoise. «Les deux pays se sont engagés sur ce projet de boucle ferroviaire. C’est une aventure qu’on a commencée, on a décidé de reprendre ensemble la marche que nous avons laissée depuis 1936», confie le président nigérien. Pour Issoufou Mahamadou, visiblement satisfait du tête-à-tête qu’il a eu avec son collègue du Bénin, le projet a enregistré une avancée notable côté nigérien, avec l’achèvement en cours de la liaison ferroviaire Niamey-Dosso sur 149 km. « Notre objectif, c’est de finir cette ligne avant le 18 décembre prochain, une date marquant le 56è anniversaire de la proclamation de la République du Niger. Et j’ai promis à mes compatriotes que dans le cadre de la décentralisation de cette célébration, je me rendrai à Dosso par le chemin de fer», parie-t-il. Bien que le Niger connaisse plus de progrès que le Bénin au plan des chantiers déjà réalisés, Issoufou Mahamadou salue l’entame des travaux de réhabilitation de la gare centrale de l’Organisation commune Bénin-Niger (OCBN), par le groupe Bolloré, partenaire stratégique du projet. La visite des deux chefs de l’Etat à Zongo permet de s’en convaincre. Actuellement, la vieille bâtisse servant de hall d’embarquement fait peau neuve, avec le revêtement complet de la façade en carreaux, la pose des fenêtres coulissantes ainsi qu’un système climatisation généralisée. Bolloré annonce la rénovation du parking dans les semaines à venir aux fins d’optimiser la visibilité de la Gare centrale depuis le Carrefour Bénin Télécoms à Ganhi. Quant à la Blue Zone prévue pour être construite derrière la mosquée centrale de Zongo, elle devra faire du Bénin une vitrine des possibilités de technologies des énergies renouvelables, grâce aux panneaux photovoltaïques à base de batterie LMP, que doit installer le groupe français. La fin des travaux de rénovation de la gare centrale de Cotonou est prévue pour janvier 2015.
Un méga projet !
«Nous avons décidé de réaliser le projet de la boucle ferroviaire. C’est une décision majeure prise par les chefs d’Etat du Conseil de l’Entente qui ont pensé, compte des ressources financières à mobiliser, à choisir un partenaire stratégique qui a les capacités de mobiliser les ressources pour ce projet. Nous avons décidé d’inviter Bolloré qui gère déjà le tronçon de chemin de fer Abidjan-Ouagadougou à participer à ce projet. Il a les compétences techniques et la surface financière pour mener à bien une telle aventure», souligne Issoufou Mahamadou qui rappelle que les privés des deux pays ont été pris en compte dans le montage financier du projet, avec 20% de part d’actions dans la société mixte devant exploiter le chemin de fer. Ce qui est important, poursuit-il, Bolloré a décidé de financer la totalité du projet. «C’est très difficile aujourd’hui, vu le contexte économique mondial, de trouver un opérateur qui puisse accepter de prendre un engagement aussi fort car il faut au bas mot 1200 milliards francs CFA pour relier Cotonou à Niamey», insiste-t-il, se réjouissant de ce que le train veuille enfin siffler au Niger.
Les assurances aux privés nationaux !
«C’est un projet qui nous fait rêver parce que indispensable à la prospérité de nos peuples. Sans le chemin de fer, point de développement. Cette boucle est un pôle d’animation de notre rêve. En plus des efforts pour approfondir notre démocratie, renforcer notre sécurité et notre stabilité, et créer les conditions pour une meilleure gestion de notre pays, nous devons impérativement régler les questions de l’énergie et des infrastructures», déclare le président de la République du Bénin. Pour Boni Yayi, la vision qu’il partage avec ses pairs de la sous-région, c’est de faire de la question des infrastructures le fer de lance des économies de leurs Etats respectifs. «Nous sommes décidés à rapprocher nos Etats, nos économies et nos peuples. Je veux bien que l’opinion puisse découvrir la détermination qui nous anime à aller de l’avant. Le temps joue contre nous en matière d’éradication de la pauvreté», poursuit-il. Au sujet de la part du secteur privé dans le capital de la société mixte, le chef de l’Etat a voulu lever l’équivoque concernant la participation de Samuel Dossou, PDG du PIC Network Limited dans cette aventure. «Notre souhait aujourd’hui est qu’on puisse avoir tout le monde autour de la table. Personne n’est exclu. Notre prière est que notre compatriote Samuel Dossou puisse se joindre à Bolloré pour occuper sa part autour de la table, s’agissant du schéma de financement de ce projet», précise-t-il, invitant d’autres acteurs du privé à se manifester. Avant de reprendre son vol spécial pour Niamey, le président nigérien s’est rendu au port de Cotonou, plus précisément sur le site de Bénin Terminal, filiale du Groupe Bolloré et la zone tampon sise dans la bande de 200 mètres. Issoufou Mahamadou s’est enquis des réformes en cours au port de Cotonou, en l’occurrence des diligences observées par les autorités portuaires béninoises pour faciliter le transit des marchandises en provenance ou en direction de Niamey.