Comme il est de coutume sous le régime Yayi, après chaque remaniement, les nouveaux ministres et les membres de la famille politique Fcbe, organisent des marches et meetings de remerciement. Le week-end dernier, Banikoara et Parakou n’ont pas dérogé à la règle. A l’occasion du meeting du dimanche 07 septembre 2014, le député Chabi Sika a tenu des propos peu orthodoxes et attentatoires à l’encontre de la Constitution qui fonde la démocratie béninoise.
Le danger qui guette le Bénin ne peut venir que de ses propres filles et fils, nous a confié un ancien ministre de l’ère Kérékou 1. L’histoire va-t-il lui donner raison lorsque des députés fourbissent leurs langues et tiennent de manière versatile des propos qui portent atteinte à la liberté et à la démocratie ? Tenez ! « Un militaire ne pourra plus jamais diriger le Bénin », ce sont-là, des propos tenus par le député Chabi Sika, le dimanche dernier à Parakou. Si l’on peut considérer cela comme une boutade, il est à rappeler que tout ne se dit pas et surtout en public, comme le recommande la sagesse africaine. Que veut dire l’honorable ? Et pourquoi choisir une telle tribune pour cette déclaration ? A l’analyse, Chabi Sika semble faire allusion à la probable candidature annoncée pour la présidentielle de 2016 de deux anciens gradés de l’armée béninoise : Robert Gbian et Fernand Amoussou. Les observateurs voient en ces propos, une provocation à l’endroit des militaires. Certains estiment même que lesdits propos sont attentatoires à la constitution. De quel droit dispose le député pour refuser à des Béninois de diriger le pays ? L’élu du peuple de la 8ème circonscription électorale ne s’arrête pas à cela. Il ajoute :« La locomotive ne va jamais en arrière » Là encore, Chabi Sika ne dévoile pas ses intentions cachées. Tout laisse croire que la blague ou la boutade devient la réalité depuis l’avènement du changement en 2006. Doit-on comprendre à travers ces propos de Chabi Sika que le prince de Tchaourou ne va pas faire marche en arrière en 2016 ? A l’heure où la question du départ ou non de Boni Yayi en 2016 défraie la chronique, l’opinion commence à avoir des doutes quant de tels propos sont tenus par des caciques du régime en place. Chabi Sika en est un. Loin de se substituer à la Cour constitutionnelle, ces propos du député constituent une véritable provocation à l’endroit du peuple béninois et surtout à l’endroit des militaires. D’ailleurs, un militant d’un parti de la majorité au pouvoir a exprimé toute sa déception suite à ses dérives verbales. « Pourquoi s’amusent-ils à faire peur au peuple ? », s’interroge-t-il.Le peuple béninois les observe, ils sont déjà en pleine campagne. Et pourquoi les Fcbe refusent-elles à d’autres de faire comme eux ? Samedi déjà, à Banikoara, c’est le député Rachidi Gbadamassi qui tentait, dit-il, de donner des cours d’économie à des personnalités du pays et leur faisait comprendre la notion d’intellectuel. Le ridicule ne tue pas ! L’intellectuel ou le député n’est pas celui qui lance de dérives verbales à la face du monde. Il faut condamner, d’où qu’ils viennent, ces propos de va-t-en guerre. Au lieu d’opter pour cette maxime pleine de bellicisme ‘’ Si vis pacem, para bellum’’ (Qui veut la paix, prépare la guerre), les sbires de Yayi et les autres feraient mieux d’opter pour ‘’si vis pacem, para pacem’’ (Qui veut la paix, prépare la paix).