Le président du Front pour l’Alternance en 2016 ( FA 2016) préoccupé par les graves menaces qui pèsent sur la tenue à bonne date des prochains consultations électorales en République du Bénin , vient d’adresser une lettre ouverte à son Excellence Boni Yayi , Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Je me fais le devoir patriotique de vous écrire car le citoyen que je suis ne saurait se taire davantage face à la situation catastrophique dans laquelle vous conduisez le peuple Béninois depuis votre avènement au pouvoir. Bien évidemment, je suis conscient de ce que mon statut de jeune opposant à votre régime discrédite d’office le contenu de ma lettre et le rende inaudible à vos oreilles, mais je veux m’assurer de vous avoir dit haut et fort ce que pensent et murmurent des millions de béninois, évitant ainsi d’être pris au piège présidentiel du « je n’étais pas au courant » devenu habituel depuis 2006.
Je sais également que certains de vos collaborateurs, bien que convaincus de la véracité de mes écrits, s’empresseront de vous faire croire à une manipulation quelconque orchestrée par un potentiel candidat aux élections présidentielles ou un homme d’affaire décidé à nuire à votre image.
Je veux bien croire que vous saurez distinguer les analyses et commentaires hypocrites d’un entourage à vos ordres des vérités que vous expose un jeune acteur politique libre et totalement indépendant, décidé à assumer pleinement son rôle de bâtisseur du présent.
Excellence Monsieur le Président, je voudrais humblement vous rappeler que le 06 avril 2006, vous vous étiez engagé par un serment solennel prêté devant Dieu, les Mânes de nos ancêtres et le peuple souverain, à nous conduire vers une prospérité économique partagée dans un climat social apaisé. Vous aviez juré de respecter scrupuleusement la Constitution du 11 décembre 1990, de préserver le précieux héritage démocratique que vous ont légué vos illustres prédécesseurs et de faire du Bénin un pays émergent. Au fil des années qui se sont écoulées entre le changement et la refondation, vous avez, à la faveur de vos nombreuses sorties médiatiques et descentes sur le terrain, réitéré une kyrielle de promesses et d’engagements vis-à-vis du peuple béninois.
Aujourd’hui, force est de constater que bien loin de l’émergence annoncée à grand renfort médiatique, vous avez résolument engagé notre pays dans une longue marche à reculons et détruit progressivement l’ouvrage que des générations de béninois se sont sacrifiées pour bâtir.
Je me garde volontiers de vous rappeler les nombreux scandales qui ont marqué vos huit ans de pouvoir et qui fondent la déception de nos concitoyens, étant donné que vous en êtes le principal instigateur. Cependant, j’ai observé depuis quelques années un Président qui dit n’être jamais au courant de ce qui se passe dans son propre pays, même quand il s’agit de décisions prises en sa présence et consignées par écrit dans un document portant sa signature.
Je vais donc m’exercer à vous rappeler quelques faits, en espérant que pour une fois, vous en assumerez l’entière responsabilité et saurez enfin comprendre pourquoi mes amis du FA 2016 et moi avons pris la ferme résolution de nous battre pour nous assurer que vous quitterez le pouvoir le 06 avril 2016 quoi qu’il advienne.
Excellence Monsieur le Président, c’est sous votre règne que le Bénin, modèle de démocratie en Afrique, est devenu un pays dont les enfants sont contraints à l’exil en raison de leur opposition à vos dérivesC’est encore sous votre règne que toutes les échéances électorales ont connu des décalages de date sans que nul ne puisse certifier qu’elles aient été mieux organisées ; et que vos adversaires soient interdits de manifestation pendant que vos partisans battent campagne avec les moyens de l’Etat. C’est avec vous que les ministres et cadres sont nommés et promus, non pas sur la base de leurs compétences, mais selon leurs capacités à vous encenser, à nuire à vos adversaires politiques et à instrumentaliser les populations de nos villes et villages. C’est avec vous que les médias publiques, jadis lieux de débats contradictoires, sont devenus des outils de propagande exclusivement dédiés à l’apologie du Chef. C’est sous votre présidence que dans une même commune du Bénin, les uns sont autorisés à marcher, prier, chanter et danser à votre gloire pendant que les autres, sous peine de se faire molester, ont l’interdiction formelle de se réunir pour exprimer leurs opinions ou revendiquer des droits acquis. C’est également avec vous qu’il est interdit à quiconque, y compris à un partisan fidèle et loyal, d’émettre la moindre critique objective, sous peine de se voir conférer systématiquement un statut d’adversaire et d’être traité comme tel.
C’est avec vous que le Bénin est passé au dernier rang des économies de l’UEMOA et a perdu son éligibilité au Millenium Challenge Account alors même que nous n’avons connu aucune catastrophe naturelle et que notre position géographique sur le continent n’a pas changé. Ce sont vos réformes dans différents secteurs qui, au lieu d’en améliorer les performances, ont plutôt plombé les résultats et désorganisé les principales filières porteuses de richesses pour nos entreprises et nos concitoyens. C’est avec vous que nos principaux opérateurs économiques se sont retrouvés au cœur de polémiques inutiles et nuisibles à l’image de notre pays, ayant contraint les uns à s’expatrier de force et les autres à réduire leurs activités ou fermer leurs entreprises pour harcèlement fiscal.
Je ne puis occulter les différentes corporations socio-professionnelles que vous avez pris du plaisir à affronter et à humilier alors même qu’ils étaient dans leurs droits, les valeureuses femmes béninoises que vous avez pris du plaisir à instrumentaliser et enfin la jeunesse béninoise dont vous vous moquez allègrement sans apporter la moindre réponse à ses problèmes.
Excellence Monsieur le Président, il est vrai que quand on observe le comportement de certains acteurs politiques et responsables d’institutions républicaines, on est en droit de se dire que tout est gagné pour vous, car à ce jour, vous semblez contrôler les principaux leviers de notre système démocratique. De plus, à la faveur des nombreuses manœuvres politico-juridiques que vous orchestrez et des positionnements stratégiques de partisans soumis et zélés, on peut croire que vous gagnerez toutes les batailles à venir et que vous imposerez votre dictat. Comme vos partisans s’amusent à le dire pour vous faire plaisir sans toujours le penser au fond de leur cœur, il y aura un autre K.O en 2016 et ce sera à vous d’en décider.
Comme le dit un adage populaire sous nos cieux, il est permis de rêver. Oui Monsieur le Président, c’est un rêve mais un mauvais rêve qui de toute évidence ne s’accomplira jamais car l’époque du silence et de l’inaction est révolue. Vous avez été habitué jusque-là à un peuple qui ne dit rien au nom de la paix et de la démocratie. Je vous informe qu’à partir de maintenant, vous aurez à faire à un peuple qui s’exprime et qui agis au nom de la même paix et de la même démocratie.
Vous avez pris l’habitude de vous régaler en regardant les séances de prières, les marches de soutien et les meetings de remerciement de vos partisans. Je vous annonce que désormais, vous verrez également des marches et des meetings de ceux qui ne sont pas d’accord avec votre politique qui prend résolument une allure dictatoriale.
Depuis le 06 avril 2014, jour du lancement du Front pour l’Alternance en 2016 que j’ai l’honneur de présider, j’ai fait le tour du pays et échangé avec des milliers de jeunes. Je suis allé du bénin des villas au bénin profond. Je puis vous assurer, Monsieur le Président, qu’à force de ne pas tenir vos nombreuses promesses et de sacrifier vos premiers soutiens politiques, collaborateurs, amis et parents pour des prétextes fallacieux, il ne vous reste plus personne. D’ailleurs, il suffit de voir ce que coûte chacune de vos descentes sur le terrain pour se convaincre de ce que les béninois de nos villes et campagnes ne vous portent plus dans leurs cœurs et ne s’engageront pas avec vous dans une quelconque aventure du troisième mandat.
J’ai vu des sages déçus et préoccupés par la question de votre départ au terme de votre second mandat constitutionnel et j’ai pris du plaisir à leur rappeler qu’il écrit dans la Constitution du 11 décembre 1990 qu’en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels.
J’ai vu des femmes désespérées et inquiètes quant au processus de correction de la LEPI et je leur ai promis, comme j’en ai l’habitude, qu’avec ou sans LEPI, à la date du 06 avril 2016, un autre béninois prêtera serment et sera investi.
J’ai vu des jeunes abandonnés à leur sort mais dignes et déterminés à se battre, car convaincus que leur pays mérite mieux. Je leur ai dit que nous devons reprendre en main le destin de notre pays et que rien ni personne ne nous arrêtera.
Excellence Monsieur le Président, nous sommes prêts à aller au combat et je tenais à vous le dire !