Son physique tutoie encore la jeunesse. Et dissimule donc bien les 42 ans d’existence qu’elle vient de boucler. Avec sa svelte corpulence qui s’associe à sa grande taille qui laisse entrevoir en elle, une idéale candidate au concours Miss.
Le nom Léa Kpatchossou résonne depuis 1989 sur les grandes scènes théâtrales du Bénin. Une année qui marque son entrée sur la scène théâtrale en tant que professionnelle en la matière après ses années de débutante au Collège Père Aupiais de Cotonou. C’était à l’occasion de sa toute première représentation théâtrale au Centre culturel français de Cotonou (CCF).
Une représentation qui lui a permis d’intégrer quelques années plus tard, l’emblématique Complexe artistique et culturel « Kpanligan » dont elle demeure jusqu’à ce jour, membre active tout comme dans l’association dénommée Les Initiatives Gbadalissa. Forgée dans ces deux laboratoires à fabrication de talents artistiques potables,
Léa Kpatchossou devient la convoitise de plusieurs réalisateurs et organisateurs de grands festivals. Grâce aux films « Il était une fois, la forêt » de son association Kpanligan tourné en 1993, « Une chouette petite ville bien osée » tourné en 1997 et bien d’autres encore, Léa Kpatchossou parvient à conquérir le monde. Mais aujourd’hui, veuve depuis 2008, la mère de trois garçons a des regrets pour le secteur de l’art.
Et plus encore pour le secteur du théâtre. Et elle ne le cache plus malgré le caractère de femme réservée qu’on lui connaît. « Ces dernières années, j’ai fait un constat amer. Normalement, l’artiste doit être apolitique. Si c’est bon, il doit le dire, si c’est mauvais, il peut dénoncer.
Mais j’ai constaté que nos artistes ont chacun une coloration politique. On peut avoir sa couleur politique. Mais en tant qu’artiste, on ne doit pas l’affirmer. J’ai noté que par ce fait, nous avons trainé l’art, spécialement le théâtre dans la boue. C’est un véritable regret pour moi », s’est-elle offusquée avant de dévoiler ce qui lui trotte aujourd’hui dans la tête. En un mot, elle le résume à la condition de la femme artiste.
Une condition qu’elle estime non reluisante vu que, selon ses explications, les femmes artistes ne sont pas représentées dans les instances de prise de décisions de la culture pour mieux parler de leur situation.
Léa Kpatchossou parait bien déterminée à rompre avec son tempérament de femme réservée pour parvenir à ses fins. Car, elle est bien convaincue d’une chose : l’art peut bel et bien nourrir son homme. Et elle en sait bien quelque chose. « Je suis mère de trois garçons. L’aîné vient d’avoir 16 ans et passe en Terminale. Depuis 2008, leur père est décédé. Tout en étant artiste, je continue de subvenir à leurs besoins. C’est pour vous dire donc que l’art nourrit son homme.
Le problème, c’est que nous n’avons pas encore cette culture au Bénin de reconnaître ce que font les artistes dans le pays. C’est pourquoi on se débrouille tant bien que mal. Avec l’argent de l’art, je peux réaliser plein de choses. Pas plus tard que la semaine écoulée, j’ai tourné dans un film de Francis Zossou qui va bientôt sortir. Et ça aussi, c’est de l’argent que j’ai gagné », s’est-elle justifiée.