La Cstb, la Csa-Bénin, la Cgtb, la Cosi-Bénin, la Cspib et autres centrales syndicales ont redu public un cmmuniqué le vendredi dernier par rapport à la cherté de la vie, les menaces réelles sur les libertés individuelles et syndicales, l’affaire Angelo Houssou etc....
Les Secrétaires Généraux des Centrales et Confédérations syndicales ci-après : Confédération Syndicale des Travailleurs du Bénin (CSTB), Confédération des Syndicats Autonomes du Bénin (CSA-BENIN), Confédération Générale des Travailleurs du Bénin (CGTB), Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes du Bénin (COSI-BENIN) et Centrale des Syndicats du Privé et de l’Informel du Bénin (CSPIB) se sont réunis à la Bourse du Travail, le Mercredi 29 Mai 2013 aux fins d’analyser la situation socio-politique qui prévaut depuis quelque temps dans notre pays.
Au terme de fructueux échanges, le collège des Secrétaires Généraux a décidé de rendre publique la déclaration qui suit :
1- Les libertés syndicales
La question des libertés publiques et des droits humains reste au cœur des préoccupations majeures des travailleurs.
Depuis l’avènement en 2007 du régime du changement mué en refondation, les libertés d’opinions, de presse notamment syndicale sont mises sous scellé dans notre pays connu pour sa longue tradition de lutte. C’est ainsi que, les droits de l’homme sont quotidiennement bafoués par le gouvernement actuel. Il n’est pas exagéré de dire que le gouvernement est déterminé à museler les dirigeants syndicaux qui dérangent. Après avoir liquidé les partis politiques d’opposition, on veut de façon déguisée imposer à notre peuple une pensée unique à l’instar de ce qui s’est passé il n’y a pas longtemps chez nous avec le PRPB et dans un pays voisin.
Dans un Etat comme le nôtre, qui se veut de droit, comment peut-on concevoir qu’il y ait deux (02) poids deux (02) mesures ? En effet, pendant que les nervis du pouvoir, Ministres et cadres peuvent allègrement organiser des marches de soutien ou des prières dans les églises, mosquées, temples et autres couvents à l’intention du Chef de l’Etat sans aucune autorisation préalable, d’autres citoyens comme les responsables syndicaux sont privés de ce droit fondamental. C’est ainsi que, toutes les marches de protestations programmées sur le Ministère du Travail et de la Fonction Publique par des étudiants, handicapés, chômeurs, diplômés sans emploi et autres citoyens ont été toutes interdites ou simplement réprimées sans ménagement par les forces de l’ordre dans la partie méridionale de notre pays par des préfets qui font excès de zèle. Notre démocratie chèrement acquise et qui faisait la fierté de l’Afrique et du monde entier recule dangereusement à cause des prédateurs des libertés syndicales et démocratiques chèrement acquises en 1990.
2-Gouvernance syndicale et Affaire SONACOP
Le compte-rendu du Conseil extraordinaire des Ministres en sa séance du Lundi 13 Mai 2013, a cité nommément l’ancien Secrétaire Général du SYNTRA-SONACOP, Dieudonné LOKOSSOU, actuel Secrétaire Général de la CSA-Bénin dans un dossier de mauvaise gestion ou de mal gouvernance où il n’est nullement impliqué ni de près ni de loin, dans la mesure où, la commission de l’IGE dépêchée à la SONACOP par le Chef de l’Etat, des neuf (09) chefs d’accusation portés contre le Directeur Général de cette société, sa responsabilité n’a pas été établie. Pour distraire le peuple, le gouvernement a saisi l’opportunité de ce conseil des ministres pour dire ce qui suit : "Cependant les faits révélés à la SONACOP, interpellent la qualité de la gouvernance syndicale dans notre pays. En effet, il a fallu l’alternance à la tête du syndicat de la SONACOP pour que les faits graves ci-dessus évoqués soient dénoncés par le syndicat.
La question que le peuple est en droit de se poser est de savoir si l’ancien Secrétaire Général du syndicat, Monsieur Dieudonné LOKOSSOU, en l’occurrence, était informé de ces faits. Si oui, pourquoi, lui si avisé, si prompt à tout dénoncer, a pu garder le silence pendant tout ce temps sur des situations aussi graves et préjudiciables à la vie de l’entreprise". Suite à ce compte-rendu du Conseil des Ministres taillé sur mesure pour les besoins de la cause, un autre communiqué signé de la Directrice de Cabinet du Président de la République pour ternir l’image du Camarade LOKOSSOU et abondamment relayé par les médias (audio-visuel et presse écrite) est venu corser les choses.
Cette vaste campagne médiatique de dénigrement soigneusement entreprise par le gouvernement avec l’appui des grogneurs professionnels et autres thuriféraires du système tendait à préparer et à conditionner l’opinion publique en prélude à l’interpellation rocambolesque, manu-militari et fortement médiatisée du Camarade LOKOSSOU par la Brigade Economique et Financière (BEF) dans une affaire où il n’est pas impliqué, au matin du 17 Mai 2013 et sa présentation au Procureur de la République dans des conditions humiliantes. Heureusement que notre collègue brièvement écouté par le Procureur de la République a été libéré le même jour au grand dam des auteurs de cette sordide machination. La question que nous nous posons est de savoir, après TODJINOU Pascal de la CGTB et LOKOSSOU Dieudonné de la CSA-Bénin, à qui le prochain tour ?
Il n’est pas superflu de rappeler à l’opinion publique que ce n’est pas les Secrétaires Généraux des syndicats qui nomment les Directeurs Généraux à la tête des sociétés d’Etat. Cela relève des pouvoirs régaliens conférés au Chef de l’Etat par la Constitution. C’est à ce titre d’ailleurs que le Président de la République a nommé comme Directeur Général de la SONACOP, Monsieur Expédit HOUESSOU mouvancier bon teint en guise de récompense pour services rendus sans la mise en place du Conseil d’Administration de la Société. Il est souhaitable que le gouvernement puisse nommer désormais, des gens à la tête des entreprises publiques sur la base des critères de bonne moralité, d’honnêteté et de capacité managériale avérée.
En vertu de quel pouvoir alors, le gouvernement tente t-il de s’ingérer dans la gouvernance syndicale au mépris des règles de bienséances et de violation flagrante de la convention 87 de l’OIT relative aux libertés syndicales ?
Au demeurant, le gouvernement a tout intérêt à s’occuper de la gouvernance politique calamiteuse, de la gouvernance économique moribonde et celle sociale désastreuse qu’il traîne comme des boulets depuis Avril 2007.
Le gouvernement de la refondation qui fait de l’amalgame et entretient à dessein le flou, ne saurait tirer moyen des faillites consommées des sociétés d’Etat et chercher à imputer à tort, la responsabilité de ces faillites aux dirigeants des syndicats qui n’en sont pour rien. Pour le cas spécifique de la SONACOP, l’Auditeur Interne du Gouvernement envoyé dans la société pour l’audit et le contrôle de gestion de Monsieur HOUESSOU devrait faire trois (03) mois pour contrôler la gestion de la société. Mais il y est resté pendant seize (16) mois. N’a-t-il pas fait un rapport au terme de sa mission ? Qu’a-t-on fait dudit rapport, si c’était fait ?
Nous voudrions ici rappeler à toutes fins utiles que dans le passé, les syndicats ont eu à dénoncer sans succès, la mauvaise gestion dans les sociétés d’Etat comme l’OCBN, le CNCB, la CNSS, l’ONAB, Bénin Télécoms SA, etc... et autres sales affaires, comme : CEN-SAD, ICC-Services et consorts, Machines agricoles, concours frauduleux de recrutement de personnel au Ministère de l’Economie et des Finances sans la moindre réaction du gouvernement.
Au contraire, les syndicalistes sont parfois vilipendés pour les avoir dénoncés. Nous prenons acte de l’affirmation du Chef de l’Etat que les syndicalistes doivent combattre la mal gouvernance dans les sociétés d’Etat, Ministères et autres services publics. Des consignes sont dores et déjà données aux responsables des syndicats de base pour contrôler la gestion des directeurs de société d’Etat et dénoncer les pratiques malsaines de gestion hasardeuses, de détournements de deniers publics, de vol, de pillage économique, des prévarications etc... Mais alors, le gouvernement doit les protéger et les appuyer par des décisions hardies, promptes et utiles.
Les Secrétaires Généraux des Confédérations et Centrales syndicales s’insurgent, dénoncent et condamnent avec vigueur l’interpellation abusive du Camarade LOKOSSOU Dieudonné pour des raisons de "non dénonciation de détournements de fonds opérés par un Directeur Général nommé par les soins du Président de la République qui ne lui a pas donné des consignes particulières pour "surveiller" la gestion de Monsieur HOUESSOU.
Cette interpellation qui, du reste, ne repose nullement sur des fondements légaux et réglementaires, frise un acharnement gratuit, un harcèlement et un règlement de compte qui ne dit pas son nom. Les Centrales et Confédérations syndicales mettent en garde le gouvernement contre ces dérives totalitaires et préviennent que toute récidive entraînera ipso facto une riposte foudroyante à la mesure de la forfaiture. Elles apportent leur soutien ferme et franc au Camarade LOKOSSOU Dieudonné.
3-Affaire Juge Angelo HOUSSOU
L’on se souvient très bien que, courant Octobre 2012, le gouvernement à travers le Procureur de la République a annoncé au peuple la découverte d’un complot visant à porter atteinte à la vie du Chef de l’Etat, le Docteur YAYI Boni avec des médicaments à haute teneur toxique et de radioactivité qui devraient lui être administrés par son Médecin personnel, le Docteur Ibrahim Cissé Mama. Ces produits ont pourtant passé par les mailles pour se retrouver à Cotonou. Est venue se greffer à la présumée tentative d’empoisonnement encore non élucidée, celle de la tentative du coup d’Etat en préparation par un Commandant de gendarmerie sans troupe et un civil. Sur saisine du gouvernement, les commanditaires de l’affaire d’empoisonnement avortée, ont été confiés à la justice par le juge en charge des deux (02) dossiers, le magistrat Angelo HOUSSOU qui, par ailleurs, a décerné deux (02) mandats d’arrêts contre deux (02) supposés complices des faits incriminés et refugiés en France.
Le juge du 6ème cabinet d’instruction du Tribunal de Première Instance de Première classe de Cotonou, en son âme et conscience, a pris le Vendredi 17 Mai 2013, deux (02) ordonnances de non-lieu à poursuivre respectivement dans la présumée affaire de "tentative d’empoisonnement du Président de la République" et dans la supposée tentative de coup d’Etat. Depuis lors, le juge Angelo HOUSSOU fait l’objet de mesures vexatoires, d’humiliations, de menaces diverses, de restrictions de liberté et de chantages de la part d’un gouvernement qui est notoirement réputé pour le non respect des libertés et des droits de l’Homme. Les Secrétaires Généraux des Confédérations et Centrales mettent sérieusement en garde le gouvernement contre toutes les mesures d’intimidation, de pressions morale ou physique à l’endroit du juge Angelo HOUSSOU qui a rendu une décision en toute indépendance. Il honore ainsi la justice béninoise et fait la fierté de tout un peuple. Il a le soutien sans faille de nos Confédérations respectives.
4-L’embastillement des citoyens
Le gouvernement de la refondation veut quelque chose et son contraire. Comment comprendre qu’un gouvernement qui prône à corps et à cri depuis son avènement "bonne gouvernance" lutte contre la "corruption", "reddition de compte", obligation de "compte rendu" puisse embastiller d’honnêtes citoyens qui veulent voir clair dans une gestion de fonds publics ? En effet, Messieurs KASSA MAMPO Gilbert, Secrétaire Général USD-CSTB ATcora, ALI YERIMA Philibert, Agent des services d’assurance, ALI YERIMA Ignace, agent des impôts à la retraite âgé de plus de 70 ans et FARADITO Paul ; agent de développement rural à la retraite ont été tous incarcérés depuis le 11 janvier 2013 à Natitingou puis déportés le 12 Février 2013, à la célèbre prison civile de Missérété pour avoir osé demander à voir clair dans la gestion des fonds alloués dans le cadre de la réalisation des travaux d’infrastructures socio-communautaires en prélude à l’organisation des manifestations de la Fête de l’Indépendance du 1er Août 2011 à Natitingou.
Sur un autre registre, Monsieur HOUEMAGNON Michel, Secrétaire Général du SYNTRA-CO, en service à l’hôpital de zone de l’Ouémé a été emprisonné pour avoir dénoncé le chef service matériel pour détournement de deniers publics. Face à cette avalanche d’interpellations et d’incarcérations arbitraires des citoyens honnêtes comme ceux cités ci-haut, le silence n’est plus possible. C’est pour cela que les Centrales et Confédérations syndicales condamnent sans ambages le gouvernement pour tous ces actes posés et qui portent de graves atteintes aux droits de l’homme. Exigent la libération sans conditions des personnes arbitrairement détenues.
5- Organisation et proclamation des résultats issus des concours frauduleux
L’un des scandales qui a défrayé la chronique dans notre pays à la fin de l’année dernière et qui continue de polariser l’attention de tout un peuple est bien sûr l’organisation calamiteuse et la proclamation osée par le Ministère du Travail et de la Fonction Publique le 31 Décembre 2012, des résultats frauduleux issus des concours de recrutement d’APE sessions des 28 Juillet et 25 Août 2012 pour le compte du Ministère de l’Economie et des Finances.
Cet acte hautement immoral posé par le Ministre et certains de ses cadres qui n’est qu’une illustration parfaite de la corruption que le gouvernement prétend pourtant combattre avec acharnement est demeuré impuni jusqu’à ce jour. Mais, à la surprise générale, croyant qu’il y a une accalmie relative sur ce front, le Ministre du Travail et de la Fonction Publique après une intervention maladroite sur les médias comme à son habitude et comme pour tester la capacité de résistance du peuple s’est empressé de dire qu’elle va mettre à la disposition du Ministère de l’Economie et des Finances, les lauréats des concours de recrutement de la honte dénoncés par les Confédérations et Fédérations syndicales, ONG, l’OLC, ALCRER et autres personnalités.
Dès l’annonce des résultats desdits concours contestés de toute part, le Président a mis en place une commission d’enquête présidée par l’un de ses conseillers politiques, l’inamovible Amos ELEGBE pour faire la lumière sur cette ténébreuse affaire. L’intéressé a-t-il rendu compte de cette délicate mission au Président de la République ? En tout cas, les travailleurs sont dans l’attente des résultats issus des investigations. Si en dépit des protestations, le Ministre du Travail et de la Fonction Publique prend sur lui le risque de mettre à la disposition du Ministère de l’Economie et des Finances les candidats déclarés admis dans des conditions opaques, elle seule assumera les déconvenues qui découleront de son acte.
Conclusion
Que dire en guise de conclusion après avoir diagnostiqué les quelques maux qui minent la République ? C’est que le pays va mal. La politique va mal et le social va mal. Notre démocratie est prise en otage et c’est le retour en douce de la dictature et de l’autocratie. Les travailleurs et le peuple doivent s’organiser et user de tous les moyens de droits pour s’affranchir le moment venu de la tutelle des dirigeants qui ont montré leur limite. Car, le droit cesse là où commence l’abus.