Dans l’opinion publique, on présente le Général Robert Gbian comme un farouche adversaire du Chef de l’Etat dans le septentrion. C’était par le même schéma que le Président Mathieu Kérékou avait balisé le chemin au candidat Boni Yayi à l’élection présidentielle de 2006 qu’il a gagnée pour accéder à la magistrature suprême.
A moins de deux ans de l’élection présidentielle de 2006, il était difficile de croire que le candidat Boni Yayi pourrait succéder au Général Mathieu Kérékou au palais de la Marina. On ne le voyait pas venir. Certains acteurs politiques s’étaient même permis le luxe d’affirmer qu’il n’y a pas de générations spontanées en politique. A l’époque, comme une traînée de poudre, le nom Yayi s’est répandu sur toute l’étendue du territoire national pendant que la classe politique misait beaucoup plus sur Me Adrien Houngbédji et Bruno Amoussou pour succéder au Général qui ne les portait pas en réalité. Pour y arriver, la stratégie a été bien trouvée. Le Président Kérékou a présenté le candidat Boni Yayi comme l’animal à battre pour susciter la vengeance des masses populaires en faveur de ce dernier. En 2005, l’Assemblée nationale vota une loi d’exclusion de certains candidats à l’élection présidentielle. Elle stipule ceci : « Tout candidat à l’élection présidentielle doit résider sur le terrain national un an au moins avant les échéances… ». Boni Yayi, président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), résidant à Lomé, était dans le viseur pour l’opinion publique nationale.
Le peuple béninois, épris de paix et de justice, a alors décidé de le venger contre ses adversaires politiques qui ont voulu l’enterrer politiquement. Des mouvements de jeunes et plusieurs acteurs politiques ont quadrillé le terrain pour Boni Yayi. Son slogan incarnant le changement dans la gestion de la chose publique a encore plus épaté les Béninois.
Le fait que les candidats Houngbédji et Amoussou aient participé à la gestion du Pouvoir sous Kérékou à différents degrés l’a encore propulsé, parce que le peuple avait décidé de sanctionner tous ceux qui ont contribué à la mauvaise gouvernance en son temps. C’est de cette manière que Boni Yayi est parvenu au Pouvoir au détriment des vétérans de la classe politique nationale.
Cas Gbian
Aujourd’hui, on constate qu’il y a un jeu similaire qui se fait en faveur du Général Robert Gbian. Pour la virginité de sa candidature, le Général Robert Gbian, originaire du nord comme Boni Yayi et Mathieu Kérékou, se présente comme un farouche adversaire du système politique en place. Or, le Gouvernement ne fait rien pour le nuire politiquement dans son élan. Partout, on entend : « Gbian, Gbian, Gbian… » comme Yayi en 2006.
Le remplacement de Jonas Gbian à la tête du ministère de l’Economie et des finances par Komi Koutché a été interprété comme la rançon de la guéguerre entre Boni Yayi et le Général candidat à l’élection présidentielle de 2016. L’élection de Augustin Gbian à la présidence du Conseil économique et social a été analysée comme un échec du régime en place qui militerait pour le président sortant, Nicolas Adagbé. Cela est-il possible sans la main du Gouvernement ?
Dans l’administration publique, il semble que tous ceux qui chantent les louanges du Général Gbian sont dans le viseur du Pouvoir. C’est fort probable que tout cela soit des stratégies pour révolter les Béninois, afin de drainer le monde autour de ce dernier..
Pourquoi ?
Robert Gbian a participé d’une manière ou d’une autre à la gestion du Pouvoir sous le Président Boni Yayi. C’est lui qui a géré le dossier de l’avion présidentiel qui s’est révélé comme un scandale sur fond de plusieurs milliards. Où a-t-il trouvé de l’argent pour se rendre si populaire, lui un militaire à la retraite ? C’est la véritable question. Peut-il se donner un tel luxe sans l’aval secret du régime en place ? Le comble est que c’est le Chef de l’Etat qui lui a porté le grade de Général. Il y a certainement des deals entre les deux hommes qui, visiblement, trompent l’opinion publique.
Comme le Général Mathieu, à défaut de la révision de la Constitution, le Président Boni Yayi est en train de voiler son soutien à Robert Gbian. Il reste au peuple de savoir distinguer le bon grain de l’ivraie.