Dénis Abionan est un metteur en scène béninois. De la troupe Towakpon en passant par les groupes Agora et Towara, il a fini par créer son propre centre artistique et culturel qu’il a appelé Le centre Oshala. A cœur ouvert, il nous fait le bilan des huit années passées à la tête de ce centre et dévoile son ambition de siéger au prochain conseil d’administration du FITHEB en tant que représentant des metteurs en scène.
L’Evénement Précis : On apprend que vous êtes candidat au prochain conseil d’administration du FITHEB. Quelles sont vos motivations ?
En tant qu’acteur culturel, nous avons le devoir et l’obligation de corriger certaines choses qui ne vont pas bien si nous savons surtout que nous avons quelque chose à apporter pour que cela marche. J’estime qu’au niveau du conseil d’administration du FITHEB, il nous faut revoir les choses afin de donner à ce prestigieux festival, ses lettres de noblesse. Et dans cette transformation, je pense que je peux aussi apporter mon grain de sel. C’est ce qui m’a motivé à me porter candidat.
Vous avez décidé en 2006, de créer le Centre artistique Oshala. S’il vous était donné de faire un bilan de vos activités 8 ans après, que diriez-vous ?
Je dirai que le centre se porte à merveille. Il en est ainsi parce que depuis que j’ai mis en place ce centre, au niveau de la danse, nous avions eu à faire au moins trois créations de danses théâtralisées. Il s’agit du « Changement au changement », du « Le défi » et d’un autre spectacle que nous appelons « Cri de détresse ». Pour ce qui concerne la section théâtre, nous avons créé « La danse du sabbat », nous avons créé également « Ibu roi » et puis un autre spectacle dont j’ai oublié le titre qui nous a permis d’obtenir le premier prix au Festival national des arts et de la culture. Je peux donc dire qu’au niveau du centre Oshala, nous sommes en train de nous débrouiller avec nos moyens. Maintenant, je dirai que le Centre est toujours logé au sein du collège La Synthèse de Godomey. Nous n’avons pas encore les moyens de nous trouver un emplacement propre à nous. Il s’agit d’un collège avec lequel on est en partenariat. Nous avons même maintenant une grande scène qui respecte quand même les normes. C’est donc là que nous faisons d’ailleurs toutes nos créations.
On va faire un peu d’histoire. D’où est venue l’idée de créer le Centre artistique et culturel Oshala ?
Depuis 1988, quand j’étais avec le groupe Towakpon, tout en travaillant dur, on réfléchissait à comment faire pour dynamiser le groupe. Et puis en 1992, nous avons fait la fusion avec le groupe Agora d’où est issue la troupe Towara que vous connaissez très bien. Avec cette troupe, j’ai fait pratiquement le tour du monde. Dans mes voyages, j’observais tout ce qui se passait autour de moi. Quand je suis revenu au bercail, avec un certain nombre de danseurs et hommes de théâtre, on a décidé de commencer par mener des réflexions pour voir dans quelle mesure nous pouvons commencer par former nos acteurs. C’est de cette réflexion que l’idée de créer le Centre Oshala m’est venue. Et aujourd’hui, concernant la formation, mon équipe et moi sommes actuellement en train de travailler d’abord avec le monde scolaire. Nous formons donc les élèves par rapport aux techniques de la danse et puis au niveau du théâtre. Autrement dit, le volet formation au niveau de ce centre-là est aujourd’hui plus axé sur les élèves. Nous sommes d’ailleurs en partenariat avec un certain nombre de collèges avec lesquels nous formons les élèves aux techniques de danse et au théâtre.
Que retenir de vos expériences ?
Je peux dire que ce serait un péché si je n’avais pas mis en place le Centre artistique et culturel Oshala. Parce que, vu mon parcours, d’abord en commençant par la troupe Towakpon dans laquelle j’avais été à la fois metteur en scène et chorégraphe, j’avais une folle envie de transmettre ce que j’ai acquis comme expérience. Ensuite, après notre fusion avec le groupe Agora, j’ai également gardé les rênes de la chorégraphie et de la mise en scène. Je me suis donc dit qu’il faudrait que je prenne mes responsabilités avec toutes ces expériences que j’ai acquises aussi bien avec les groupes Towakpon, Agora et Towara en créant un centre capable de former une nouvelle génération de danseurs et d’acteurs. Et c’est ce que j’ai fini par faire en 2006.
Quels sont aujourd’hui vos rapports avec la troupe Towara que vous avez finalement quittée en créant votre propre groupe ?
Nous avons gardé de très bons rapports. Tout le temps, j’appelle le président qui est aussi mon président et qui est aujourd’hui le Directeur de l’Ensemble artistique national. Je veux nommer monsieur Marcel Zounon. Je l’appelle pour prendre des conseils de lui par rapport à un certain nombre de projets que le centre porte. S’il le faut, je vais le voir et on discute par rapport à la vie artistique et culturelle béninoise et également par rapport à mes ambitions personnelles.
Un mot pour conclure cet entretien ?
D’abord, je dois vous remercier de m’avoir accordé ce bout de temps pour me permettre de m’exprimer. L’autre chose, c’est que je veux lancer un appel à l’endroit des acteurs culturels pour leur dire qu’il est temps que nous nous retrouvions et que nous parlions d’une même voix pour que la culture béninoise aille de l’avant.