Aux grands maux, les grands remèdes. Et aux inquiétants diagnostics, les antidotes les plus efficaces. C’est ce que le nouveau ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche a fait. En descendant sur le terrain, il entend prendre langue avec les producteurs, éleveurs et acteurs piscicoles pour mieux s’imprégner des réalités auxquelles ils sont confrontés et qui sont susceptibles d’enrhumer les différents secteurs de son département ministériel. Première étape, la ville de Parakou. Suite aux instructions du Chef de l’Etat de voir les usines d’égrenage fonctionnelles d’ici fin octobre, Azizou EL HADJ ISSA est descendu dans les deux usines de la cité des Kobourou. Les révisions techniques adéquates, les réparations nécessaires idoines. Sous une fine pluie, le ministre et sa délégation se sont rendus à l’usine Sodéco I. Ici, les travaux de révisions des machines vont bon train. A en croire le Chef d’usine, Issa Tabé, ils sont "à plus de 90% de taux de démontage et à 10% de remontage des machines". Et n’eut été la prise de congé des techniciens qui devront reprendre d’ici le 22 septembre, la révision devrait normalement prendre fin. Mais n’empêche que l’usine soit effectivement prête pour l’égrenage au plus tard le 1er novembre. Même constat au niveau de la deuxième usine de la ville. Là et toujours selon le Chef d’usine, Denis Amoussou, les travaux de révision sont en cours. De quoi rester dans le délai commis par les instructions du Chef de l’Etat et portées par le ministre de l’Agriculture. Selon qui cette date butoir n’est pas négociable. "Il faut tout faire même pour que les usines soient prêtes", a instruit Azizou EL HADJ ISSA. Et pour y arriver, la mobilisation collective s’avère indispensable. Et c’est pourquoi le ministre a tenu à avoir une séance de travail avec le préfet des départements du Borgou et de l’Alibori, Kora Salamatou épouse Ponou à la fin de la cérémonie des couleurs. "Nous sommes au niveau de votre département pour vous dire que le gouvernement a toujours joué sa partition. Je voudrais alors que vous nous accompagniez sur le terrain pour que le retour de la manivelle enchante le Chef de l’Etat", a déclaré Azizou EL HADJ ISSA avant de poursuivre dans les usines des communes de Bembèrèkè et de Kandi. Visite des machines, séances d’échanges avec les chefs d’usines, constat sur place et instructions fermes. L’exercice consiste à mettre au pas tous les chefs d’usine dans la célérité des révisions techniques pour que toutes les usines soient en mesure de commencer l’égrenage d’ici le 1er novembre. "Les pièces à réparer et à rééquilibrer seront prêtes d’ici le 22 septembre, les matériels locaux seront réceptionnés d’ici le 25 septembre et les commandes faites à l’extérieur sont à l’étape d’enclenchement de leur embarquement", a rassuré le directeur général de la Société nationale de la promotion agricole Idrissou Bako
Descente dans les champs, rencontre avec les producteurs
En vue d’optimiser la campagne cotonnière en cours, le ministre et sa délégation étaient dans plusieurs champs de coton. Des hectares de plants de cotons ont été parcourus d’abord sous une fine pluie ayant arrosée la matinée de ce lundi et ensuite un soleil de plomb l’ayant suivi. En premier le champ de Kaboura Adam dans la commune de N’Dali. Propriétaire d’environ 20 hectares de champs s’étendant à perte de vue, ce producteur est encore confronté, à quelques semaines de la récolte, à des difficultés. Entre autres, l’indisponibilité des engrais censés affermir la production ; l’inexistence d’une retenue d’eau pouvant permettre l’irrigation du champ en temps de basse pluviométrie. Des préoccupations que l’autorité ministérielle a déploré du fait du manque de pro activité de ces collaborateurs qu’il a instruit sur le terrain pour qu’il apporte de solution à ce producteur. Même chose dans un champ de coton à proximité. Mais qui jouxte cette fois la clôture de la société cotonnière de N’Dali. Ici, les fleurs des plants de coton connaissent une croissance avec l’ouverture des fleurs mais les capsules de coton peinent à s’éclore. Des échanges eus avec la productrice, le diagnostic est posé et les solutions pour que le coton sorte des capsules sont trouvées. "On doit aider les producteurs pour que tous leurs besoins soient couverts", a déclaré le ministre à cette étape. Et dans les différents champs visités, pour la plupart à l’improviste par le ministre, les réalités sont les mêmes, les problèmes uniformes et les besoins uniques. Insuffisance des engrais vivriers et des insecticides, retard constaté dans la mise en place du crédit agricole et aussi manque de tracteurs pour favoriser la couverture intégrale des champs les plus vastes. Ce fut le cas de Séïdou Bakou qui dispose d’un champ de coton de plus 3 hectares à l’entrée de la commune de Gogounou mais qui ne dispose encore pas d’engrais. Le passage du ministre fut alors l’occasion de rappeler à ses collaborateurs de faire diligence pour l’en procurer des 6 sacs dont il a besoin. Même chose dans un champ à quelques kilomètres où le producteur par inadvertance à utiliser d’autres insecticides à la place d’autres. L’impact a été désobligeant pour les plants. Le ministre a ainsi appelé les cadres techniques à une assistance et à un suivi des producteurs pour favoriser la réussite de la campagne.
Diversification agricole, un cheval de bataille
Important mais pas unique. Certes, la filière coton est importante mais la diversification des cultures est encore mieux. Et c’est pour cela que le ministre lors de sa descente y a mis un accent. En visitant dans un premier temps des initiatives privées dans le domaine de l’élevage et dans un second temps dans le domaine de la pêche. A Parakou, Azizou EL HADJ ISSA était sur le site intégré d’apiculture et de maraichage. Son promoteur, Antoine Chabi, un douanier en fonction a exposé à la délégation les mobiles de son entreprise agricole mais aussi les difficultés qu’il rencontre. Impressionnée, la délégation estime accompagner le promoteur tout en démultipliant son initiative dans d’autres localités. Comme ce fut déjà le cas à Sakarou dans la commune de N’Dali où une organisation non gouvernementale fait des merveilles dans le domaine de l’élevage. Il s’agit d’Agro-Action Plus. Avec plus 500 poulets provendes à 98% de pontes, ce site d’élevage conduit par Bakassidi N’Gori Gounou, le Chef secteur Elevage II a expliqué au ministre les mécanismes de cette filière très porteuse. "Des initiatives du genre, il nous faut l’encourager", a dit le ministre qui s’est rendu dans un camp de bœufs dans la commune de Bembèrèkè. Ici, les difficultés sont diversifiées : pas de produits de traitements, manque de retenue d’eau et pas de couloirs de pâturage. Des instructions ont été données à l’agent de la Direction de l’Aménagement et de l’Equipement Rural, Saka Gounou. "ça doit changer…nous devons sortir des sentiers battus…On n’a pas besoin d’argent mais que de la satisfaction des masses paysannes", a conclut le ministre au terme d’une journée harassante qui se poursuit ce jour dans les deux KP.