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Jean-Claude Hounmènou à propos des résultats du BEPC et du BAC : « Ces résultats sont l’expression du sous-développement »
Publié le mardi 16 septembre 2014   |  Educ'Action




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La cour de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Porto-Novo était noire de monde ce lundi 08 septembre 2014. Et pour cause, les soutenances de fin de cycle des élèves professeurs ont mis en branle tout l’arsenal administratif et pédagogique de l’ENS en même temps qu’elles ont sonné la mobilisation des proches, parents et amis venus soutenir les candidats. A la fin des soutenances, votre journal Educ’Action est allé à la rencontre du Directeur de l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo, le professeur Jean-Claude Hounmènou. Pêle-mêle, le professeur s’est prononcé sur la qualité de l’offre éducative de son établissement, les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la politique gouvernementale relative à la formation des normaliens et la récente débâcle des candidats aux divers examens nationaux. La question de l’amélioration du système éducatif dans son ensemble n’a pas été occultée. C’est à travers l’interview dont voici la substance !

Educ’Action : Que dites-vous du niveau général de vos élèves professeurs par rapport aux soutenances ?

Jean-Claude Hounmènou : L’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo est une école de formation. Et volontiers, nous nous surnommons, nous-mêmes, haute école d’excellence. Les jeunes qui ont soutenu leur mémoire de fin de cycle, ils sont recrutés sur concours avant d’entrer dans cette école. Cela voudra déjà dire qu’ils sont les meilleurs de leur génération. Ensuite lorsqu’ils entrent à l’Ecole Normale Supérieure, ils reçoivent une formation la plus rigoureuse possible selon les canons d’une Ecole Normale Supérieure. C’est pour ça qu’à la fin de leur formation, nous, nous sommes rassurés de ce qu’ils vont donner le meilleur d’eux-mêmes sur le terrain et qu’ils vont donner satisfaction à leurs utilisateurs. Et les échos que nous recevons à propos des premiers qui y sont sortis, sont des propos tout à fait rassurants et réconfortants. Ils tiennent vraiment le haut du pavé dans les collèges où ils enseignent. Cela ne veut pas dire qu’ils sont parfaits. Ils sont perfectibles. Mais nous sommes satisfaits des produits que nous faisons sortir.

Quel avenir pour ces jeunes en fin de cycle ?

De toute façon, nous ne formons pas pour le chômage. C’est d’ailleurs pour cela que ces derniers temps, il y a beaucoup de demandes. Beaucoup de parents veulent envoyer leurs enfants qui réussissent au Bac se faire former dans les Ecoles Normales Supérieures et notamment celle de Porto-Novo, parce que nous formons vraiment pour l’emploi. Et l’éducation chez nous au Bénin, c’est l’industrie qui marche le mieux. Donc, nous sommes certains de l’insertion de ces jeunes-là, soit par le biais de l’Etat soit par le biais du privé.

Parlant justement des concours, pourquoi sont-ils exclus, ceux titulaires du BAPES notamment, les Espagnols, Philosophes ou Allemands pour ne citer que ces catégories à qui l’on exige le CAPES ?

Nous pensons que nous devons effectivement être cohérents dans notre République et que lorsque l’Etat demande aux écoles de former professionnellement des enseignants, lors du recrutement, on doit prioritairement penser aux produits de ces écoles-là. Nous avons déjà attiré l’attention des autorités au plus haut niveau sur cette question-là et je suis sûr que les mesures correctives qui doivent être prises non seulement pour la poursuite de la formation de nos normaliens jusqu’au niveau du CAPES et pour leur insertion, ces mesures-là sont en voie d’être prises.

Quelles sont de façon ramassée les difficultés auxquelles sont confrontées aujourd’hui l’ENS ?

Nous avons beaucoup de difficultés, nous ne pouvons pas les cacher. Nous n’avons pas suffisamment d’infrastructures immobilières d’accueil, nous n’avons pas suffisamment d’enseignants formateurs propres, puisque un bon nombre de nos enseignants viennent des établissements d’université pour nous prêter mains fortes. Et puis, nous n’avons pas suffisamment de ressources financières pour tenir la formation. C’est pour cela que lorsque l’occasion se présente comme maintenant, nous voulons lancer un appel à nos autorités gouvernementales pour qu’elles accordent davantage d’attention et de moyens aux établissements comme l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo qui forme les formateurs pour une amélioration de la qualité de l’éducation au Bénin.

Parlant de la qualité de l’éducation au Bénin, quelle lecture faites-vous aujourd’hui du niveau de l’école béninoise, allusion faite aux différents résultats des examens nationaux ?

Vous savez, ces résultats sont l’expression du sous-développement. Les résultats que nous enregistrons à la fin de l’année scolaire qu’ils soient au Bepc ou au Bac, n’illustrent que notre état de sous-développement matérialisé par la massification de la demande de l’éducation et l’inexistence de ressources humaines, infrastructurelles et même institutionnelles de qualité pour accueillir cette demande-là. Nous sommes un pays sous-développé qui court toujours après ses besoins. Vous savez que dans chaque village aujourd’hui, vous allez trouver un collège. Or lorsqu’on crée les collèges, il n’est pas dit qu’on a déjà les enseignants formés pour recevoir les nouveaux collégiens. Donc, nous prenons les ressources humaines disponibles ; des gens qui ont fait quelques années à l’université même s’ils n’ont pas le profil ou la qualification requise pour être des enseignants, on les utilise d’abord parce qu’il vaut mieux quand même des encadreurs que pas d’encadreurs du tout même si ces encadreurs n’ont pas été formés. C’est là, le grand problème du système éducatif : la qualité des ressources humaines, ensuite la qualité des programmes de formation et aussi les problèmes sociopolitiques dont l’illustration est la grève. Chaque fois quand il y a grève, il ne faut pas s’attendre à des résultats très brillants en fin d’année.

Quelle appréciation faites-vous du niveau des enfants en tant qu’enseignant ?

On n’a pas à apprécier le niveau comme ça en l’air. On ne va pas comparer une génération d’élèves à une autre. C’est vrai qu’au niveau de la maîtrise de la langue de scolarisation, la langue de travail qui est le Français, il y a des problèmes que tout le monde constate. Il y a une nette différence entre les apprenants d’aujourd’hui qui maîtrisent globalement moins le Français que des apprenants d’il y a 20 ans, 25 ans, 30 ans. C’est le grand problème et il faudra que nous accordions davantage d’attention, que nous mettions davantage de rigueur dans l’apprentissage du Français.

Un message à l’endroit du monde éducatif béninois ?

Le message, c’est que nous n’avons pas à nous décourager. Chacun où qu’il se trouve, à quelque niveau, dans le système doit mettre du sien, donner le meilleur de lui-même pour que globalement la qualité de notre offre éducative s’améliore en termes de ressources humaines, en termes d’infrastructures physiques d’accueil, en termes de programmes de formation, en termes d’organisation du système en général.

Propos recueillis par Romuald D. LOGBO

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