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La chronique de Jérôme Carlos: Pluie de milliards sur le Bénin
Publié le mercredi 17 septembre 2014   |  jolome.com


Jérôme
© Autre presse par DR
Jérôme Carlos, Journaliste et historien de formation beninois


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Qui a dit que le Bénin croule sous une pluie de milliards ? Les usagers du Marché international Dantokpa n'en finissent plus de grogner contre la vie chère et la mévente. Les charges de la rentrée scolaire, diverses et lourdes, sonnent comme des cloches dans les cerveaux des parents d'élèves. Les retraités sont maltraités chaque fois que tombe en retard leur pension. Ne parlons pas des diplômés sans emploi. Ils usent autant de stylos à bille que de chaussures. Avec des demandes d'emploi sans suite. Avec des va-et-vient sans fin.
Et pourtant…Et pourtant, en effet. Tout, autour de nous, bruit de milliards. Tout se compte en milliards. Tout s'évalue en milliards. Tout respire milliards. Mêmes les espèces sonnent et trébuchent en milliards. A tel point que certains ont dû céder à la tentation de croire et de dire que le milliard est désormais l'unité de compte au Bénin.
Gardons la tête froide. Ne cédons point au mirage des miracles. Et nous verrons, de nos yeux vus, cette pluie battante qui fait tomber des milliards sur le Bénin, cette tempête dévastatrice qui emporte des milliards du Bénin. Car, comme on le dit dans le petit français de Côte d'Ivoire, "il y a milliards dans milliards". A la banque de l'absurde, les milliards ni ne se valent, ni ne vont dans la même direction, ni ne se donnent la même destination. Il y a différents types de milliards.

Il y a les milliards promisCeux de la table ronde de Paris, par exemple. Des investisseurs potentiels, sur la foi des dossiers présentés par notre pays, ont fait chorus pour apprécier l'attractivité de la destination Bénin. Et après examen, ils ont jetés, dans un panier à promesse, des milliards à la hauteur de ce qu'ils espèrent d'un possible retour sur investissement. A la clôture de l'opération, tout au fond de la cagnotte, s'étendait un matelas de 6 000 milliards de nos francs. Des milliards promis, il est vrai. Mais des milliards quand même.
Il y a les milliards détournés. Ceux à cause desquels une loi contre la corruption a été votée et promulguée. Ceux par rapport auxquels une charte sur la corruption a été adoptée. Ceux pour lesquels une Autorité de lutte contre la corruption a été mise en place. Ceux après lesquels court l'Inspection général d'Etat (IGE). Ceux contre lesquels se gendarme la société civile à travers, par exemple, le FONAC.
Il y a les milliards engloutis. Ceux de tous nos éléphants blancs. Des scandales vivants, grandeur nature. Ils se dressent, ici et là, dans le paysage national. Ils sont comme autant de points d'interrogation géants face à nos consciences individuelles et collectives meurtries. Le siège en construction du Parlement béninois en est un exemple. Ce sont 14 milliards qui sont engloutis dans la terre boueuse des bords de la lagune de Porto-Novo. Un triste prototype. Un contre-exemple affligeant.
Il y a les milliards partis en fumée. Ceux des épargnants, grands, moyens ou petits. Pensons à tous nos compatriotes qui se sont fait entuber dans la plus vaste escroquerie jamais commise en terre béninoise : l'affaire ICC Services. L'épargne de toute une vie envolée pour certains. Des économies réalisées au prix d'indicibles sacrifices, réduites an cendres pour d'autres. L'effort de tous pour se construire et pour construire leur pays anéanti. Et le beau rêve, semé de beaux projets, se fracassa contre la carapace d'égoïsme et de cynisme d'une poignée de nos concitoyens. "Adieu veau, vache, cochon, cuvée".
Il y a les milliards évadés. Ils prospèrent sous d'autres cieux, planqués bien au chaud dans des paradis fiscaux. Ils ont perdu la mémoire de leur origine. Ils ont oublié leur pays de provenance. Mais, depuis, ils ont gagné en valeur. Et si ces milliards évadés revenaient un jour au Bénin, ils imposeraient aux Béninois, au titre de capitaux étrangers, leur loi et leurs conditionnalités. Se trouverait alors boucler la boucle de l'absurde : se faire prêter son propre argent et se plier à rembourser en totalité, tôt ou tard, capital et intérêts compris.
Il y a des milliards recyclés. Dans les labyrinthes ténébreux de la drogue. Dans les arrières cours de la contrefaçon et de la piraterie. Dans des lieux et places au-dessus de tous soupçons. Mais Dieu est partout. Il sait tout. Il voit tout. A lui, comme on dit, gloire, miséricorde et pardon.

Jérôme Carlos

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