L’attente du peuple béninois dure déjà plus d’un an et rien n’augure de ce que demain sera la veille pour la tenue des élections communales initialement prévues pour mars 2013. Un peu comme si l’histoire bégaie, en septembre 2014, des analystes de l’actualité politique commencent à sérieusement s’inquiéter et à faire le parallélisme entre ce qu’on pourrait appeler la stratégie ‘‘Sèhlin de 2005’’ du nom du Ministre de l’économie et des finances (Mef) du Général Mathieu Kérékou de l’époque et celle qui a actuellement cours. En effet, l’ancien Mef, Cosme Sèhlin, pour bloquer l’organisation des présidentielles de 2006 et conditionner les Béninois à accepter la prorogation du mandat du Général Kérékou avec à la clé un couplage desdites élections avec les législatives de 2007, a tout simplement prétexté que les caisses de l’Etat étaient vides.
Aujourd’hui, bon nombre de Béninois ont comme l’impression que c’est la formule de Sèhlin avec juste quelques variables, que l’Exécutif aux commandes le Ministre de l’économie, des finances et des programmes de dénationalisation (Mefpd), Komi Koutché et le président Boni Yayi, sort du tiroir. Non seulement la tenue des élections communales est reportée sine die pour ne pas dire renvoyée aux calendes grecques, mais aussi tout porte à croire que derrière les rideaux, il y a certains qui tirent les ficelles pour que les Béninois en arrivent à accepter le couplage des communales de 2013 avec les législatives de 2015. Pis encore, il faut craindre que l’appétit des tireurs de ficelles du blocage et du couplage ne devienne si gargantuesque et ne débouche carrément sur l’impasse.
Des audits oui mais…
Car, il y a des signes qui ne trompent pas, singulièrement cet audit du Cos-Lépi qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Il est vrai que personne n’est contre le fait qu’il faille auditer une institution pour laquelle des milliards du contribuable sont déboursés. Et même là, le dernier des quidams se demande pourquoi maintenant et pourquoi pas l’audit de la gestion de tous ceux qui se sont succédé pour la réalisation de la Lépi (Cps-Lépi et Cos-Lépi) ? Est-ce seulement sur la gestion de l’équipe de Sacca Lafia qu’il pèse des soupçons ? Est-ce à dire que les gestions de Epiphane Quenum et de Nassirou Bako Arifari n’ont enregistrées aucun dysfonctionnement ? Tout compte fait, cet audit ne doit pas être un prétexte pour que les travaux de correction de la Lépi qui va servir pour l’organisation des élections au Bénin soient bloqués.
D’ailleurs, il est impératif que le gouvernement évite l’amalgame entre l’audit et la continuité du processus de correction de la Lépi et ne prête pas flanc à ceux qui croient à une stratégie pour freiner le Cos-Lépi dans son élan. Car, dans un pays qui se dit démocratique, c’est un crime que d’arrêter les élections. Et, les responsables de cette situation seront tout aussi coupables que ceux qui éventuellement auraient commis de crime économique. Mais, à leur décharge, il faut incriminer l’Exécutif. Sinon, n’est-ce pas pour le gouvernement, une manière de faciliter le détournement que d’être incapable de définir le budget exact du Cos-Lépi ? Aussi, lorsque le financement attend des mois voire des années, doit-on s’étonner que le budget connaisse des rallonges ? Bref, il y a mieux à faire que la bataille tardive déclenchée au Cos-Lépi. Et à vouloir jouer à ce jeu, Komi et Yayi feront pire que Sèhlin et Kérékou. Libre à eux d’éviter de paraître comme leurs prédécesseurs. A moins que Yayi qui était la principale victime de la stratégie Sèhlin en 2005 ait déjà, décidé d’enfiler le costume du bourreau, et là, comme sait si bien le dire le président de l’Un, Bruno Amoussou avec humour : « S’il pense, qu’après avoir créé le trouble, qu’il va s’échapper par la porte du derrière, il y a déjà quelqu’un derrière la porte qui va le repousser à l’intérieur… ».