M. Sébastien Ajavon, Administrateur de la société JLR SA est enfin sorti de sa réserve. A la faveur d’une conférence de presse animée mardi 16 septembre 2014 au Bénin Marina Hôtel de Cotonou, il a apporté sa part de vérité au sujet de la polémique qui s’enfle depuis quelques semaines autour d’une supposée importation d’œufs réfrigérés de qualité douteuse.
Selon le Président Ajavon, l’importation des œufs de table n’est pas une nouveauté au Bénin. « Il y a dix ans, la quasi-totalité des œufs de table consommés au Bénin provenait d’élevage du Nigeria. Pour satisfaire la demande de plus en plus grande, les sociétés Comon-Cajaf se sont alors lancées dans l’importation d’œufs de table. On était dans les années 2003-2004. Alors que des œufs venaient toujours du Nigeria, les gens s’en sont pris aux sociétés Comon- Cajaf. Cette levée de bouclier contre Comon-Cajaf a été suivie de négociations qui ont débouché sur un mémorandum signé en juillet 2005 entre les sociétés Comon-Cajaf, l’Association nationale des aviculteurs du Bénin (Anab), la Direction de l’élevage qui s’est engagée à veiller à la mise en œuvre des recommandations entres les parties et à assurer l’inspection sanitaire des élevages », a dit M. Ajavon.
Poursuivant son intervention, il a indiqué que « L’objectif de ce mémorandum, est d’aider les aviculteurs en arrêtant l’importation des œufs de table pour leur permettre de survivre ». Dans cet accord, a ajouté Ajavon, « les sociétés Comon-Cajaf ont respecté leurs engagements, celui de ne pas importer des œufs de table. Mais de l’autre côté, le constat a été plutôt décevant ». En effet, près de dix ans après le protocole d’accord, la satisfaction des besoins de la clientèle n’a pas été respectée à ce jour. Pire encore, le contrôle des services vétérinaires, dont le personnel est pratiquement réduit à néant est au point mort. « Sur ce plan, l’Etat a démissionné et il n’y a pratiquement plus de vétérinaires, même pour les dépotages. Du fait de cette pénurie, la qualité des matières premières utilisées par les aviculteurs reste douteuse, ce qui ne rassure pas sur la qualité des œufs vendus par ceux-ci sur le marché », a expliqué le conférencier. En clair, c’est donc le non respect des engagements de l’Etat et des aviculteurs qui a poussé M. Sébastien Ajavon à se relancer dans l’importation des œufs de table. Mais plus par l’intermédiaire des sociétés Comon et Cajaf, puisque ces deux sociétés se sont interdits l’importation des œufs de table.
D’où viennent alors les œufs autour desquels la polémique s’enfle en ce moment ? Selon les explications données par M. Sébastien Ajavon, l’importation actuelle des œufs réfrigérés a été faite par la société VAD et non par la société JLR encore moins les sociétés Comon et Cajaf comme le dénoncent les aviculteurs. La société VAD, a souligné M. Ajavon, s’est appuyée sur le circuit de distribution du Groupe JLR en lui vendant ses produits et à charge pour JLR de les distribuer. Par ailleurs, les autorisations d’importation délivrées à la société VAD portent les références que sont : N°0938/MAEP/SGM/DE/SCDAAB/DCF/Se, N°0928/MAEP/SGM/DE/SCDAAB/DCF/Se, N°0940/MAEP/SGM/DE/SCDAAB/DCF/Se, N°1160/MAEP/SGM/DE/SCDAAB/DCF/Se et N°1158/MAEP/SGM/DE/SCDAAB/DCF/Se. Et pour ceux qui ne le savent pas, JLR est une société créée par des partenaires européens.
L’objectif visé par ce grand groupe n’est pas, selon M. Sébastien Ajavon de faire mal aux entrepreneurs locaux dans la mesure où le prix des œufs mis en vente par ce groupe tient compte des allègements fiscaux accordés à la chaîne de production avicole par l’ordonnance N°2014-01 du 2 janvier 2015 portant loi de finances pour la gestion 2014. Cette ordonnance stipule en son article 10 que « l’importation, la production ou la vente des produits destinées à l’alimentation du bétail, de la volaille, du poisson et des autres organismes aquatiques, en République du Bénin, est en régime d’exonération des droits et taxes d’entrées et de la taxe sur la valeur ajoutée. Cette exonération s’étend à la taxe de statistique, instituée par la loi de finances pour la gestion 2003. Ces produits ne supportent désormais que la redevance statistique (RS) au taux de 1 % ad valorem ». Pour le Président Ajavon, cette importation d’œufs n’est donc qu’un test pour voir ce que les Béninois peuvent consommer. Et les conclusions sont que la demande en œuf n’est pas encore couverte au Bénin. Plus grave, la qualité des œufs produits au Bénin est douteuse car il n’y a aucun contrôle de qualité fait par les services compétents depuis les matières premières jusqu’aux produits finis.
Quid de la qualité des œufs incriminés
Sur la qualité des œufs importés par la Société VAD et distribués par le Groupe JLR, M. Sébastien Ajavon s’est voulu rassurant. « Au réfrigérateur, l’œuf conserve pendant plusieurs semaines toute sa fraicheur et ses qualités organoleptiques. Il n’est donc pas juste d’affirmer que les œufs conservés par le froid perdent leur bonne qualité », a dit le Président Ajavon. Il a par ailleurs ajouté que les tests qui ont été faits sur les œufs importés par la société VAD par le Laboratoire central de contrôle de la sécurité des aliments du ministère en charge de l’agriculture ont montré qu’ils sont de qualité satisfaisante comme le mentionnent les rapports N° IC/0192/14 et IC0193/14 du 28/08/2014 signés du Directeur Kisito Chabi Sika.
Pour conclure
« J’ai huit conteneurs d’œufs pour lesquels des autorisations m’ont été régulièrement données. Je suis dans la totale légalité. Le protocole d’accord de juillet 2005 est respecté. Si la Direction de l’élevage ne vient pas ouvrir mes conteneurs, tous ceux qui sont là paieront cher le prix…On va leur apprendre à respecter les gens…Je suis ouvert à la discussion. Mais je n’accepterai pas qu’ils mettent à mal ma réputation…Les éleveurs n’ont qu’a savoir que je vais passer bientôt à la vitesse supérieure car je m’apprête à rentrer dans la production… », a dit le Président Sébastien Ajavon pour conclure son intervention.