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Fraternité N° 3694 du 17/9/2014

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Village ‘’universitaire’’ à Abomey-Calavi : Les loyers fantaisistes au gré de l’humeur des propriétaires
Publié le jeudi 18 septembre 2014   |  Fraternité




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A chaque rentrée universitaire, le campus d’Abomey-Calavi reçoit de milliers d’étudiants. Tous ces apprenants n’arrivent pas à trouver de logements sur le campus. Les étudiants n’ayant pas la chance de se loger sur le campus, sont contraints de louer des chambres dans les environs. Seulement, ils doivent faire face à l’augmentation régulière des loyers au risque de se faire renvoyer.


Roméo est dépité. Avec un air de mauvais jours, il se plaint de l’augmentation de son loyer. « Payer 15000 F Cfa pour une entrée-couchée, ce n’est pas normal. Je me plie en quatre pour honorer cette responsabilité. Plus frustrant encore, le propriétaire vient d’augmenter 2000 F Cfa au loyer sous peine d’expulsion », explique-t-il. Osséni, un policier qui habite "le village estudiantin" se laisse aussi aller à ces récriminations contre les propriétaires. « J’habite une chambre et un salon et je dois actuellement payer 25 000 F cfa alors qu’il n’y a pas si longtemps, je payais 20 mille Francs révèle-t-il. Ainsi, sans aucune forme de procédure, ni rénovation, le loyer augmente et ceci devient un souci permanent pour les locataires que sont les étudiants. Alors que dans les années 1990, les loyers dans ce même village universitaire tournaient autour de 2000F Cfa, en 2014, il faut au minimum 15000 F Cfa pour se trouver une entrée-coucher et 25000 F Cfa ou plus pour une chambre et un salon sans oublier les frais connexes (le Wc, l’électricité, et l’eau). « Le loyer monte au fil des années et ceci au grand dam des étudiants qui sont de plus en plus nombreux », explique Sévérin, un quinquagénaire. Quant à Jean, étudiant et locataire dans ce village, il trouve que c’es croissance exponentielle du nombre d’étudiants venant de l’intérieur du pays qui provoque la montée des loyers car, la demande de chambres est forte dans le village universitaire. Toutes choses qui s’avèrent être une opportunité pour des propriétaires qui en abusent parfois.

On se défend
Se trouver donc une chambre à proximité du campus pour minimiser le coût du transport devient alors un casse-tête pour les étudiants. C’est le cas d’André, nouveau bachelier venu de Glazoué. « Après l’obtention du Baccalauréat qui m’a conduit à Abomey-Calavi pour mes études universitaires, trouver une pièce entrée-coucher n’a pas été facile. Je me suis confié à un démarcheur qui m’a pris 1000 F Cfa avant de m’amener visiter les potentielles maisons où je pourrais m’abriter. Mais sa recherche n’a rien donné. La chambre dans laquelle j’habite actuellement, je l’ai eue grâce à un ami. Mais cette entrée-coucher me coûte 15000 F Cfa le mois », s’indigne-t-il.
Pour les propriétaires, l’augmentation des loyers s’explique bien « La cherté des matériaux de construction et le prix d’acquisition d’une parcelle expliquent la flambée des prix de logement. Avant, les parcelles ne coûtaient pas cher, avec quelques centaines de mille, tu avais une parcelle de 25 mètres sur 15 mètres, mais de nos jours pour la même parcelle, il faut des millions », explique un propriétaire de maison, qui fait constater que les prix du ciment, de la barre de fer et autres matériaux nécessaire pour la construction d’une maison, ont augmenté. Cet argumentaire du propriétaire semble plausible. Mais le paradoxe est que la cherté des loyers ne rime pas avec la qualité des chambres.

L’état des maisons
Outre l’aspect pécuniaire, les locataires étudiants se plaignent de l’état des chambres mises à leur disposition. L’accessibilité aux maisons, l’aspect de la cour, l’état des chambres, les conditions de vie en période de pluies, sont quelques-uns des désagréments subis par les étudiants. Pour eux, la plupart des maisons dans le village universitaire ne bénéficient pas d’une attention particulière de la part des propriétaires, en matière d’entretien. « Dans ma chambre, la toiture à l’arrière-cour coule, et cela se constate en ces périodes de pluies », a confié André. Pour lui, cette situation ne l’arrange pas, puisqu’il pouvait déposer certains effets à l’arrière-cour. Etudiant résidant dans le village universitaire, Bertrand, lui, se plaint plutôt de l’état défectueux de sa chambre, et du puisard qui dégage des odeurs insupportables.

Réglementer les loyers
La fixation de façon fantaisiste des loyers dans le village universitaire est à l’image de ce qui se passe dans les autres quartiers des départements du Littoral et de l’Atlantique. « Pour lutter contre la flambée des loyers à Dakar, l’Assemblée nationale a adopté une loi obligeant les propriétaires à baisser les prix. Pourquoi nos élus ne vont –ils pas dans ce sens en vue de soulager les peines des Béninois qui sont victimes de cette situation ? », s’interroge Benjamin, étudiant locataire. Pour lui, la location des chambres fait partie du social et doit être réglementée par une loi. « Chaque jour, la demande de maison est croissante, alors que les parcelles à construire se font de plus en plus rares. Cette inadéquation entre l’offre et la demande, crée la surenchère au niveau des loyers. Si cette surenchère peut être considérée par les économistes comme logique, il est à souligner que la location des maisons relève du social. Ainsi, il ne saurait être laissé à la seule discrétion et à l’humeur des propriétaires de fixer les loyers sans pour autant tenir compte des caractéristiques de la maison », poursuit-il. « Ma chambre, je l’ai louée à 35.000 F Cfa. Pour l’intégrer, j’ai d’abord payé un mois au démarcheur qui me l’a trouvée, 6 mois de caution, sans oublier la caution pour l’électricité qui est de 20.000 F Cfa et 20.000 F Cfa pour l’eau », confie Simplice avec beaucoup de désolation et d’amertume.
Les loyers étant fixés de façon fantaisiste, alors même que la location de chambre relève du domaine du social, il s’avère nécessaire pour les dirigeants, notamment les députés de voter une loi visant à réglementer les loyers. Cela y va du bien-être de la population qui les a élus.
Dios CHACHA(Stag)

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