Bientôt un an que le richissime homme nigérian, Aliko Dangoté, Président directeur général du Groupe Dangoté était en visite à Cotonou. L’opérateur économique répondait à une invitation du chef d’Etat béninois qui le sollicitait à venir investir dans son pays. A son passage, il a promis injecter une somme de 300 millions de dollars qui servira à la construction d’une centrale électrique. Depuis ce temps, ce fut un silence plat alors qu’il était rentré sur le Nigeria avec une distinction honorifique offerte par le Bénin en reconnaissance aux investissements promis. Que s’est-il passé ?
Où est la centrale électrique dont le Nigérian Aliko Dangoté a promis au peuple béninois ? Question adressée à Yayi Boni, son ministre des Affaires étrangères et celui de l’Energie. C’est devant caméras et micros que le 10 octobre 2013, l’opérateur économique, depuis la salle d’audience du chef de l’Etat, a promis aider les Béninois à réduire les peines liées à l’électricité. C’est un projet de deux cents (200) Mégawatts, pour un coût estimatif de 150 milliards de francs CFA qu’il a promis au nom de son groupe. « L’énergie est vitale pour l’économie et sans énergie, il n’y a pas de croissance. Le Bénin est pour moi comme une seconde patrie et je m’engage désormais à m’investir pour son développement », déclarait l’homme d’affaires, en présence du président Yayi Boni, le jeudi 10 octobre 2013. Il s’était vraiment engagé et en dehors de cette centrale, l’homme avait promis investir dans
plusieurs autres secteurs au Bénin, si le gouvernement le souhaite. Pour rappel, cette centrale électrique promise à l’époque devrait être commerciale et aidera le Bénin à réduire ses difficultés énergétiques. En réponse à son engagement, le président Yayi a laissé entendre ce jour : « vous êtes venu pour rester, car vous êtes chez vous ici au Bénin. Nous allons accélérer les démarches pour concrétiser le projet énergétique et renforcer le partenariat avec votre groupe ». Un mémorandum avait été signé à l’époque par le groupe Dangoté et le gouvernement béninois à cet effet. Il avait même été annoncé qu’il reviendrait dans deux mois pour une exploration et démarrer le projet.
Presque un an déjà et aucun compte rendu ne se fait au peuple béninois, au nom de qui, le richissime homme a été fait Commandeur de l’ordre national. Au contraire, le délestage a repris et les activités tournent au ralenti dans le pays. Les entreprises sont déjà en difficulté et aucune explication de cette situation n’est donnée. En tout cas, cette situation n’a pas empêché le ministre de l’Energie Barthélémy Kassa de danser et de chanter pour le prince Yayi Boni.
Dangoté a-t-il été repoussé ?
On peut répondre à cette question par l’affirmative. Et ceci, pour deux raisons. D’abord, Aliko Dangoté était venu au Bénin au moment où les opérateurs économiques béninois gémissaient dans les mains du pouvoir. Patrice Talon qu’on ne présente plus, vivait ses plus durs moments avec le régime qui lui en voulait. Presque toutes ses sociétés étaient sous menace. Sébastien Ajavon venait, à l’époque, de fermer sa société Cajaf-Comon (un an avant) pour harcèlement fiscal. Samuel Dossou sentait les prémices de ses difficultés sur le projet ‘’Epine dorsale’’. Dans cette atmosphère, Aliko Dangoté, malgré sa promesse ne pouvait rien faire. Il se devait de rester solidaire avec ses frères béninois en difficulté. Mieux, Yayi Boni n’avait pas l’habitude de collaborer avec des investisseurs africains. Sa folie était ‘’Bolloré’’ à qui, il offrait des avantages qui asphyxient l’économie béninoise.
Certainement imprégné de ces réalités, l’homme d’affaires nigérian a dû rebrousser chemin.
Ensuite, il y a un autre aspect. Aliko Dangoté ne voulait pas seulement investir au Bénin dans le domaine de l’électricité. Il lorgnait le secteur cimentier et un accord lui avait été donné. Il restait juste l’agrément pour qu’il vienne ‘’déverser’’ sa production au Bénin. L’ambition est de finir par contrôler ce secteur porteur. Malheureusement, il s’est vu heurté par la colère des autres sociétés de cimenterie qui étaient déjà présentes au Bénin. Le sept (07) avril 2014, le collectif des organisations syndicales du sous-secteur cimentier du Bénin, après de longs murmures, démarches et concertations, ont donné de la voix. Un communiqué de presse a été diffusé pour dire « non à Dangoté ». En tout cas, ils n’ont pas voulu le voir au Bénin, puisque sa présence pourrait signer la disparition des autres qui estiment qu’ils ont la capacité de couvrir le pays en besoin de ciment.
A ces deux raisons fondamentales qui pourraient justifier le silence de Dangoté, il y a aussi la négligence au sommet de l’Etat. Le ministre de l’Energie, nouvellement promu à l’époque, a semblé ranger ce dossier. On l’a plus senti dans le sous-sol à la recherche du pétrole et autres ressources minières. Il a été aussi préoccupé par l’organisation des meetings de remerciement à l’endroit d’un chef d’Etat qui dégage le plancher en 18 mois exactement. En ce moment, les Béninois pourront enfin, mieux repenser la question de maîtrise de l’énergie électrique loin des clowneries ministérielles.