Les faibles performances de l’école béninoise, les mauvais résultats aux derniers examens, les incessants mouvements de débrayage… impactent négativement l’ensemble du système éducatif national et il urge d’y remédier. Dans cette optique, le Conseil national de l’Education (CNE) a tenu hier à son siège à Cotonou, une séance de travail et d’échanges avec les responsables en charge de l’organisation des différents examens. Au terme de la rencontre, le conseil a fait des observations et suggestions pouvant permettre de garantir aux écoliers, élèves et étudiants béninois, un enseignement de qualité, un suivi rigoureux et donc une formation à la hauteur de leurs attentes et des défis du pays.
«L’opinion s’est émue récemment des résultats catastrophiques d’un certain nombre d’examens nationaux et nous avons estimé qu’avant de nous prononcer sur cette question, avant de nous émouvoir à notre tour, nous devions d’abord nous rapprocher des responsables directs de l’organisation de ces examens. C’est pour cette raison que nous les avons invités…». C’est ainsi que le président du Conseil national de l’Education (CNE), le professeur Paulin Hountondji a planté le décor de la séance organisée hier pour mieux décortiquer les causes des résultats catastrophiques qu’accumule l’école béninoise et qui, cette année, se sont accrus. Une telle initiative, a-t-il déclaré, répond à des missions dudit conseil qui est investi, entre autres, pour «veiller au respect des grandes options éducatives du Bénin et à l’application de la loi d’orientation de l’éducation nationale et veiller à la coordination de l’ensemble du système éducatif…».
Le CNE donne également «son avis sur les programmes et l’enseignement, ceci afin de rendre compte au président de la République», a rappelé Paulin Hountondji, pour mieux situer sur la pertinence d’une telle séance. Pour ce faire, le directeur de l’Office du Baccalauréat (DOB) et les directeurs des examens et concours des ministères de l’Enseignement supérieur, des Enseignements maternel et primaire, de l’Enseignement secondaire, de la Formation technique et professionnelle ont été invités à entretenir les membres du CNE aussi bien sur le travail préparatoire, que l’organisation des enseignements qui débouche sur les examens.
Dissection des résultats des examens de fin d’année
Pour mieux appréhender la situation par rapport aux résultats de l’année scolaire écoulée en ce qui concerne l’examen du Certificat d’Etudes primaires (CEP), des explications ont été fournies au CNE. Il ressort de celles-ci qu’il y a une «lourdeur de la machine d’organisation des examens du CEP qui se traduit par un important nombre de centres d’examen (680)». Les résultats de cette année, soit 89,56% paraissent «acceptables», mais «souffrent quand même d’un certain nombre de difficultés d’organisation qui, si elles n’avaient pas été importantes, auraient permis d’avoir une vue plus précise et plus claire des résultats. «Nous considérons ces résultats comme un taux acceptable», ont estimé les membres du CNE.
S’agissant du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC), le directeur des examens et concours du ministère en charge de l’Enseignement secondaire a fait parvenir les résultats. Le constat qu’en a fait le CNE, c’est que le taux d’admissibilité est de 47,54%, «ce qui peut paraître comme acceptable, mais qui aurait pu être meilleur dans de meilleures conditions d’examen».
Le directeur des examens et concours absent a aussi fait parvenir les résultats du Brevet de Technicien supérieur (BTS) dont le taux d’admissibilité cette année est de 54,13%, soit une régression d’environ 4% par rapport à l’année écoulée. Le DOB, Alphonse da Silva qui lui, était de la partie, a fait le point des résultats de cette année avec un taux d’admissibilité de 23,71% au Baccalauréat. «Ce taux est préoccupant», ont estimé les membres du CNE qui ont cherché à en savoir davantage. Le DOB a alors expliqué ce qui, selon lui, a contribué à l’échec massif des candidats et on peut en retenir que «c’est la série D qui a plombé le BAC 2014 avec un taux d’admission d’environ 15% alors qu’elle regroupe 60% des candidats».
Que faire alors ?
Comme on le voit, l’examen le plus à polémique reste le baccalauréat et le CNE y a consacré du temps. Ses membres ont ainsi identifié des causes immédiates et lointaines. Cette année, ont-ils analysé, l’école a connu de graves perturbations avec la grève prolongée des enseignants. Dans ses observations, le CNE soutient que «le système éducatif national qui n’a plus d’examen de filtrage entre les classes de première et de Terminale permet à tous les élèves parvenus à ce niveau de se présenter à l’examen du BAC, quels que soient leur niveau et les conditions de leur formation».
Ainsi, «des élèves dont l’encadrement n’a pu qu’être approximatif se sont retrouvés dans les salles d’examens». Ils n’en veulent pour preuve que le cas du dernier à cet examen qui non seulement se retrouve en série D, mais qui n’aurait pas réuni une moyenne de 1,50 sur 20. «Il a dû se trouver accidentellement ou par ignorance en Terminale», ont-ils conclu. D’autres causes ont été également identifiées et ont pour noms, «le non-respect du temps scolaire au cours des années scolaires, la quantité et la qualité des enseignements pour l’exécution de programmes dont ils n’ont pas toujours la maîtrise…».
Plusieurs propositions ont été alors faites et se résument, entre autres, à la revalorisation de l’enseignement technique, au rappel du rôle fondamental de l’école, au recrutement en nombre suffisant d’enseignants formés… Le CNE propose aussi de revoir l’encadrement de proximité, de discipliner les établissements privés et de multiplier les écoles de formation…